vendredi 6 décembre 2024

Vivre-ensemble menacé au Burkina Faso : Quelles précautions pour maintenir la cohésion sociale ?

vivre ensemble uneDepuis le 1er attentat terroriste, le 15 janvier 2016, à Ouagadougou, le Burkina Faso est entré dans la spirale d’une guerre asymétrique contre un adversaire méconnu. Dans cette équation à plusieurs inconnues, les spéculations vont bon train. D’un bord politique à un autre, d’une communauté ethnique ou religieuse à une autre, il y a souvent un doigt accusateur pointé sur X ou Y, ce qui met en péril le vivre-ensemble tant précieux aux Burkinabè.

Pour l’archevêque métropolitain de Bobo Dioulasso, Monseigneur Paul Ouédraogo, « il faut que nous apprenions à vivre-ensemble afin d’éviter les différents dérapages». C’est également ce qui a filtré des échanges entre les chefs coutumiers à la présidence du Faso à l’occasion du rituel de présentation de vœux. Dans le même ordre d’idées, l’imam Alidou Ilboudo rappelle que « nous avons connu un Burkina Faso où il faisait bon vivre, où les communautés religieuses, culturelles, ethniques, régionales vivaient ensemble dans la diversité et le respect mutuel. De nos jours, nous avons plus que jamais besoin de regagner la confiance des uns et des autres. Parce qu’avec le terrorisme, on a appris à se méfier l’un de l’autre. Et là, les terroristes pourraient atteindre leur objectif qui est de nous affaiblir, car ils seraient parvenus à nous diviser. Il est donc important pour nous de savoir que nous formons une seule population ». Cette exhortation du guide religieux fait suite au massacre de Yirgou au début de ce mois, des représailles qui ont fait une quarantaine de victimes, selon les chiffres officiels. Ce message fort interpellateur de nos autorités coutumières et religieuses invite chaque citoyen burkinabè à s’efforcer de préserver les valeurs culturelles qui cimentent la cohésion entre les communautés résidant au Faso. Mais comment y procéder concrètement dans un contexte où la question se pose avec acuité ?

vivre ensemble2Selon l’Alliance pour refonder la gouvernance en Afrique, « en acceptant l’altérité, la différence, il faut concevoir l’autre comme soi-même. Car nos différences peuvent être des atouts, une source d’enrichissement mutuel, mais aussi, hélas, une source de conflits : cela dépend de nous ». De l’avis d’Ismaël Bouda, agent comptable, « la seule et unique façon de préserver la cohésion sociale, c’est de restaurer l’autorité de l’Etat que le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), le parti au pouvoir, a sapée depuis son accession au pouvoir. Ce régime a transformé notre pays en État défaillant, un gouvernement central si faible ou inefficace qu’il n’exerce qu’un contrôle marginal sur son territoire ; la légitimité du gouvernement à prendre certaines décisions est contestée ; l’absence de services publics essentiels ; une corruption généralisée ; la présence de réfugiés ou des déplacements de populations ; une crise économique ». A notre avis, il est vivre ensemble3primordial que tous les Burkinabè, au-delà de toute considération ethnique et religieuse, se mettent ensemble pour parler le même langage aux fins de rendre effectives la cohésion sociale et la paix durable !

 Pour mémoire, bien qu’une soixantaine d’ethnies y coexistent, le pays des hommes intègres a toujours su résoudre les conflits auxquels il a été confronté et ce, grâce aux alliances et parentés à plaisanterie, un atout culturel incommensurable à préserver vaille que vaille.

Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné

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