vendredi 22 novembre 2024

Procès du putsch manqué : « Zida a été plus malin que tous, il a roulé tout le monde dans la farine »

karaAprès la deuxième journée d’audition du général Gilbert Diendéré, nous avons fait un micro-trottoir pour recueillir l’avis des citoyens sur ses déclarations. Pendant que certains trouvent qu’il se défend bien, d’autres estiment qu’il fait de la diversion.

Ghislain Kara, informaticien : « Moi, je trouve que Yacouba Isaac Zida a été le plus malin de tous dans  cette affaire d’insurrection, de transition et de coup d’Etat. Il a roulé tout le monde dans la farine : la population, les éléments de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle, les autres militaires ainsi que les autorités de la transition ».

Clément Nikiéma, couturier : « J’apprécie les déclarations de Diendéré car je le suis  dans sa logique. Ses déclarations ont une riche valeur informative. Avec lui, nous apprenons beaucoup de non-dits sur le coup d’Etat».

Moussa Savadogo, juriste : « Pour moi, ces premières déclarations sont une entrée en matière, parce que les avocats n’ont pas encore posé leurs questions. Je trouve  qu’on a eu d’autres éléments qui pourraient servir pour des enquêtes afin d’élucider le problème. Comme il ne s’est pas encore appesanti sur les commanditaires du putsch, il est encore trop tôt pour s’indigner. Ce qui est sûr, il ne pourra pas esquiver les questions des avocats. En ce qui concerne ces dires à propos de l’évêque de Bobo et l’ancien président Jean Baptiste Ouédraogo, ces deux personnalités n’ont aucune autorité morale sur lui et ne peuvent exercer une autorité hiérarchique sur lui. Moi, je ne m’inquiète pas pour le moment.  Le meilleur reste à venir, les avocats sauront lui poser des questions précises sur ses déclarations».

Sylvain Kaboré : « Je pense qu’il appartient aux juges de décider. Ils ont des éléments d’appréciation que nous n’avons pas. C’est aux juges d’apprécier. Pour ce qui est des déclarations du général, le tribunal va apprécier et les débats contradictoires s'ensuivront ».

nikiémaGustave Dramé, étudiant en droit  : « Faire de telles déclarations pour justifier des actes posés n’a pas de mérite. Tout le monde sait les circonstances dans lesquelles les événements se sont déroulés. Nous en avons vu les conséquences. Justifier donc un coup d’Etat par de supposées malversations ou actions de décrédibilisation du RSP ne saurait s’expliquer. Je crois que le principal objet du  procès sur le putsch, c’est de savoir si les accusés sont coupables ou pas. De toutes les façons,  il y a eu meurtres, coups et blessures. Je pense qu’ils doivent se mettre dans une posture de sorte à bénéficier de circonstances atténuantes plutôt que de vouloir justifier l’injustifiable. Du reste, s’ils trouvent que c’est une stratégie de défense, tant mieux. J’ai foi que les juges, seuls maîtres du droit, prendront les décisions qui s’imposent. Quant aux allégations sur la position des médiateurs, bien entendu ce serait fort dommage qu’ils aient adopté cette position. Car nous avons compris qu’ils ont plus ou moins cautionné ce coup de force ; si cela s’avère, nous sommes indignés. Ces deux autorités sont censées avoir un niveau assez élevé de moralité pour avoir agi de la sorte. Elles devraient être au-dessus de tout soupçon. L’issue du procès nous dira qui a fait quoi ».

ouédraogoClément Ouédraogo, étudiant en lettres modernes : « A ce procès, il y a plusieurs choses qui n’ont pas encore été dites. Nous comptons sur ces précisions pour savoir la vérité dans cette histoire. Selon les déclarations que j’ai lues, le cerveau du coup d’Etat ne reconnaît pas les faits et cela pose vraiment problème. Aucun accusé ne veut dire ce qu’il a réellement joué comme rôle dans ce putsch. Les déclarations de Diendéré s’apparentent à une manipulation des faits. Je me rappelle que lors d’une interview le général avait dit qu’il allait s’assumer et c’est le contraire que l’on constate au cours de ce procès. Je pense que dire la vérité nous permettrait de savoir qui a fait quoi.  A l’issue de cela, on pourra se pardonner et en venir à la réconciliation, parce que notre pays en a besoin pour son développement. En outre, Diendéré a cité des noms de personnes qui l’ont soutenu, notamment la hiérarchie militaire et bien d’autres. Si ces personnes y ont participé ou ont joué un rôle majeur dans le déroulement du putsch, elles devront aussi comparaître pour donner leur version des faits afin que les juges puissent trancher à la lumière de tout cela».

Propos recueillis par Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné

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