dimanche 24 novembre 2024

Décision du gouvernement de révoquer 10 GSP : « C’est une sage décision de les avoir sanctionnés parce qu’aller jusqu'à désarmer les gardes du ministre, c’est synonyme de délinquance », Mme Kaboré

logoGSPLe Conseil des ministres du mercredi 14 novembre 2018 a pris un décret portant révocation de  10 agents de la Garde de sécurité pénitentiaire (GSP) pour commission de faute d’extrême gravité, conformément à l’article 164 de la loi n°016-2014/AN du 15 mai 2014 portant statut du personnel de la Garde de sécurité pénitentiaire. Il a également déclaré interdites les activités de l’actuel bureau du Syndicat national de la garde de sécurité pénitentiaire (SYNAGSP) pour manquement à la législation encadrant les activités syndicales. On peut affirmer sans risque de se tromper que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est le fait que des GSP aient désarmé et relevé certains de leurs collègues chargés d’assurer la sécurité au domicile du ministre de la Justice. Suite à cette décision du gouvernement, Radars info Burkina a promené son micro dans la ville de Ouaga pour recueillir l’avis de quelques citoyens sur la question.

 

Daouda Kinda, journaliste : « Effectivement ce que ces agents ont fait est très grave. Se rendre au domicile d'un ministre et désarmer sa garde, surtout dans ce contexte sécuritaire particulier qu’est le nôtre, c'est gravissime. Un corps paramilitaire, même s'il a le droit d'avoir un syndicat, ne devrait pas aller au-delà de ses prérogatives. Ce corps est encadré par des textes et il doit s'en tenir à ça... Toutefois, je me demande si la sanction n'est pas sévère. On peut certes sanctionner pour l'exemple, mais est-ce que ce n'est pas prendre le risque de faire naître un autre front de revendication ? Sans compter que ces révoqués auront une autre raison de se battre : on a vu en effet des policiers désarmer il n'y a pas si longtemps certains de leurs collègues sans qu'il y ait eu, en tout cas pas à ma connaissance, de sanctions. On aurait pu tout simplement dissoudre le SYNAGSP et traduire les brebis galeuses en conseil de discipline. Cela aurait suffi, à mon humble avis. Mais le gouvernement a décidé de sévir et on attend de voir la suite. »

GSP2Eric Sanou, étudiant en droit : « Je pense que la sanction est vraiment sévère. Il est vrai que ces gens ont enfreint le règlement et la discipline que leur impose leur corps, mais prendre une telle décision à leur encontre n’est pas non plus la meilleure solution. Ne soyez pas étonné de voir le fonctionnement de l'appareil judiciaire pâtir de cette mesure gouvernementale, car je suis sûr d’une chose : leurs collègues ne vont pas en rester là, étant donné que c’était une lutte collective. »

GSP3Moktar Traoré, architecte : « Je pense que la mesure est excessive. Ce n’est pas intéressant, surtout vu le contexte sécuritaire. L’idéal aurait été que le gouvernement privilégie le dialogue. Ces GSP, en réalité, ne réclament que de meilleures conditions de vie. Ils ne sont pas contre leur ministre, ils ne sont pas contre le développement du pays. C’est peut-être faute d’interlocuteur approprié que ces éléments en sont arrivés jusqu’à désarmer la garde rapprochée du ministre. D’ailleurs, ce n’est pas normal, parce que même quand Simon Compaoré était ministre de la Sécurité, il a été confronté à un problème similaire, mais il n’a jamais pris pareille décision. Je pense que le ministre Bagoro n’aurait pas dû prendre une telle décision. Cela ne calmera pas les gens. Au contraire, ça ne suscitera que de l’amertume et le découragement. Allons dans le sens du dialogue, car notre pays est déjà attaqué. »

Mme Kaboré, chargée des Ressources humaines : « Je pense que c’est une sage décision de les avoir sanctionnés parce qu’aller jusqu'à désarmer les gardes du ministre, c’est synonyme de délinquance. J’apprécie cette fermeté du gouvernement. Les sanctionnés ont dépassé les bornes. Admettons qu’ils aient trouvé le ministre à domicile : ils auraient été capables du pire ! On voit que les militaires radiés cherchent à réintégrer l’armée. Le droit de grève est reconnu, mais il y a des limites à ne pas franchir. Ceux qui ont tendance à affirmer que le pays n’est pas gouverné sauront qu’ils se trompent.»

Propos recueillis par Edwige SANOU

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