dimanche 24 novembre 2024

Allégations de mal gouvernance contre le président de la CENI : Newton Ahmed BARRY dit être victime de cabale orchestrée par les commissaires de l’opposition

20180925 100359Le 17 septembre 2018, dans un mémorandum, monsieur Adama KÉRÉ, Commissaire, et Vice-président de la commission nationale indépendante (CENI) et quatre autres commissaires dénonçaient une gestion solitaire autocratique de la CENI par son premier responsable, Newton Ahmed BARRY, des prises de positions publiques qui ne reflètent pas celles prises en plénières, une gestion financière à questionnement et une gestion des ressources humaines porteuse de germes de conflits. Face à de telles accusations, le président de la CENI est sorti de son silence ce mardi 25 septembre 2018 pour éclairer l’opinion publique. Pour lui, ces allégations ne sont qu’une cabale, des ragots et des immondices montées de toutes pièces par les commissaires de l’opposition pour le discréditer et ternir son image, après qu’il eut déroulé la feuille de route de son institution pour relever les différents défis. Il estime par ailleurs que la ligne rouge a été franchie par ses détracteurs qui ont porté atteinte à son intégrité en l’accusant de mal gouvernance financière.

 

20180925 100448C’est à travers une déclaration de cinq pages lue aux hommes et femmes de médias que Newton Ahmed BARRY, président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a décidé de répondre à toutes les allégations portées contre sa personne, il y a de cela quelques semaines. Il dit être victime d’une cabale orchestrée de main de maître par les commissaires de l’opposition. Pour lui, toutes ces allégations ne sont que des immondices sous lesquels on voudrait ensevelir son honneur et sa dignité, pour espérer discréditer les reformes qu’il propose de conduire afin de prévenir le processus électoral des dangers post électoraux graves qui le menacent, si rien n'est fait dès à présent.

Selon le patron du processus électoral burkinabè la cabale a commencé après qu’il eu déroulé la feuille de route qui devrait conduire à la révision du fichier électoral, à la tenue du référendum qui était envisagé pour le 24 mars 2019 dont un décret devait venir statufier et engager les préparatifs pour la participation des Burkinabè de l’étranger aux votes de 2020. Un chronogramme qui conformément aux différentes délibérations de des plénières sur le nouveau mode d'enrôlement des électeurs, devait permettre la construction de la Plateforme multicanal dont la  réception était prévue le 30 octobre 2018, pour que dès la mi-novembre 2018, si les décrets nécessaires sont adoptés, le processus de révision du fichier électoral soit engagé.

Newton Ahmed BARRY estime que son seul péché a été d’avoir eu l'outrecuidance de répondre à Zéphirin DIABRE, chef de file de l’opposition lors des échanges avec le président du Faso qui lui demandait de combiner le recensement électoral et la plateforme technique en l'opérationnalisant au niveau des communes urbaines uniquement, « que je n'avais pas réfléchi à cette question et que je ne pouvais pas dire dans l'immédiat si je pouvais le faire, puisque je n'y ai pas réfléchi ». Un affront qui fut difficile à avaler pour les commissaires de l’opposition, qui depuis cet incident s’est évertué selon lui à saper son image. « Les commissaires de l'Opposition qui ont inspiré ces ragots, quand ils ont su que c'était un coup d'épée dans l'eau, cette première salve d'immondices, se sont résolus, à assurer eux-mêmes le service après-vente de leur calomnie. Souiller le président Newton Ahmed BARRY, pour qu'il regrette d'avoir tenu tête, dans la vérité, au président de l'UPC, au moment des discussions sur la révision du Code électoral », explique Newton Ahmed BARRY. « Si donc, je dois ramper devant le président du CFOP, Monsieur DIABRE Zéphirin, qui n'est pas encore au pouvoir, que dois-je faire devant Roch Marc Christian KABORE, président du Faso, m'étaler de toute ma longueur et me couvrir de poussière ? », se demande-t-il alors.

20180925 100415Pour Newton Ahmed BARRY, il est plus que nécessaire que la CENI revoit sa copie en matière d’enrôlement, car le diagnostic confirmé par les plus avisés note que la manière de procéder pour enrôler jusque-là n’est pas efficiente et ne permet pas de toucher les niches où se trouve le gros des personnes à enrôler. « Depuis 2012, le fichier électoral peine à dépasser 5 millions d'électeurs. Or toutes les informations qui font autorité, notamment celles de l'INSD, estiment que le Burkina devrait avoir un corps électoral d'au moins 9 millions. Pour les choix importants pour la nation comme l'élection du président du Faso, seulement 2 millions d'électeurs en réalité choisissent pour plus de 18 millions d'âmes. Une telle situation est structurellement grosse de dangers pour toutes les équipes qui arrivent en responsabilité. Elles ne reposent pas sur un matelas de légitimité qui lui permet d'amortir les chocs des contestations « du troisième tour » électoral. Cette situation pourrait connaître un déséquilibre pervers avec l'entrée en vigueur du « collège électoral » de la diaspora. Si rien ne change, le choix démocratique va être dévoyé à court terme. Les élections vont être discréditées. Le processus agira dès lors comme une roue libre. A intervalle, les élections, pour rien, vont être organisées.  Nous sommes donc en train d'instituer structurellement des insurrections postélectorales », souligne-t-il.

L’autre grief contre l’actuel mode d’enrôlement que dénonce le président de la CENI est son coût. « En plus d'être inefficient, le procédé actuel coûte trop cher. L'opération seule d'enrôlement des électeurs coûte 9 milliards. Avec la diaspora, il faut prévoir autour de 15 milliards, désormais. Sur un cycle électoral, seulement pour la révision du fichier électoral, il faudra 30 milliards au minimum. Dans un pays où les hôpitaux ne peuvent pas s'équiper de simples appareils de dialyse à moins d'un milliard, perpétrer ce gaspillage est un crime monstrueux contre le peuple », note t-il.

Les réformes structurelles engagées donc au niveau de la constitution et de la
gestion du fichier électoral entre selon lui en droite ligne de ce constant souci d'améliorer l'ingénierie électorale pour que le vote reflète effectivement, en tout temps et en tout lieu, la volonté des Burkinabè et dans le souci d'organiser des élections qui assurent la paix. « Avec ce procédé, les niches inatteignables par les brefs déploiements sur le terrain, devront être touchées. Le nombre d'électeurs va être plus conforme à l'état de la population. Le fichier électoral sera intègre et en ce moment le taux de participation va être un baromètre crédible de l'adhésion du peuple et de la forte légitimité des mandats. Toutes les études et les évaluations à ce jour, avec ce nouveau procédé, ramène le coût de l'enrôlement autour de l, 5 milliards y compris avec la diaspora. Au lieu des 15 milliards évoqués plus haut, si avec l'ancien procédé on devrait enrôler la diaspora. Mais le plus important, dans la nouvelle formule que nous proposons, c'est qu’à court terme, avec ce système, l'enrôlement devrait se faire sur le fil et ne devrait plus rien coûter à l'Etat », explique-t-il.

Le président de la CENI dit avoir depuis les deux années passées à la tête de la structure travailler collégialement avec tous les acteurs internes et externes afin de pouvoir mener à bien la mission qui est la sienne. « Je ne suis pas buté, je n'impose rien, j'explique et j'argumente toutes les propositions contenues dans les reformes. Cela, je le fais dans les instances statutaires de la CENI au niveau des plénières des commissaires et des réunions hebdomadaires du bureau permanent. Les procès-verbaux de ces différentes délibérations sont là, produits du reste par les commissaires de l'opposition. Ils attestent les différentes discussions autour des reformes que nous mettons en œuvre. Comme on dit, le verbal s'envole et l'écrit demeure. Ces textes sont-là, j'invite tous les journalistes d'investigation à venir les éplucher et à témoigner pour l'avenir », a-t-il déclaré.

En outre, pour le président de la CENI, ses détracteurs ont franchi la ligne rouge en l’accusant sans preuve de mal gouvernance financière. Des accusations, qui au regard du prix fort qu’il accorde à l’intégrité sont inacceptables pour lui, car portant atteinte à son honneur et à son intégrité. « Comme la femme de César, le président de la CENI, en matière de gestion des ressources financières, doit être irréprochable. Si je vole de l'argent pour moi, cela voudrait dire qu'en situation de délibération des élections je peux aussi voler des élections pour attribuer à X ou Y en fonction de ce que l'un ou l'autre m'offrirait. Cette accusation ouverte et sibylline doit faire l'objet de contrôle par les instances habilitées. Si, il s'avère que j'ai d'une façon ou d'une autre manœuvré pour donner un marché à un proche ou un copain dans le but de recevoir des rétributions occultes, je deviens automatiquement indigne à diriger la CENI et j'en tirerais les conséquences en demandant à la Communauté musulmane de bien vouloir procéder à mon remplacement », a-t-il affirmé.  « J'ai tous les défauts, mais Dieu m'a fait grâce de ne pas y ajouter la cupidité et le matérialisme. Moi j'ai un seul prix, il est inatteignable, la dignité et l’intégrité », a-t-il ajouté.

20180925 100500C'est pourquoi, devant les allégations de démission du DAF et du DMP, parce que le président les aurait forcé la main pour passer des marchés de gré à gré, il dit avoir pris la décision par lettre d'inviter instamment la Cour des Comptes, instituée par le Code électoral en son article 4 du pouvoir de contrôle des comptes financiers de la CENI, de venir investiguer et statuer sur le fondement des accusations alléguées. Une telle diligence va restaurer selon lui l'autorité morale nécessaire à l'arbitrage impartiale du vote des Burkinabè. Cette même lettre invite a été adressée à l'ASCE/LC. « Si j'étais âpre au gain, de par la position que j'occupe, comme président de la CENI, je n’ai pas besoin de bidouiller quelques petits marchés d'une centaine de millions de francs CFA pour soutirer des subsides », a-t-il souligné.

Depuis qu’il est à la tête de la CENI, Newton Ahmed BARRY estime bien au contraire avoir travaillé, avec ces facilités que lui procure sa position, à dynamiser la mutuelle des travailleurs de la CENI, pour assurer à 329 personnes, les travailleurs, leurs conjoints et leurs enfants, une assurance maladie à 100%. « Depuis deux ans, quand un travailleur de la CENI tombe malade, il n'a pas à se préoccuper d'avoir de l'argent en poche. Il lui suffit de se débrouiller pour atteindre le centre de santé de son choix, même les cliniques huppées de Ouaga, il est pris en charge gratuitement. Cela vaut pour tout le personnel, du planton au commissaire.          Chaque année je réunis une cinquantaine de millions pour assurer cette assurance maladie à tous. Ces ressources ne viennent pas du budget de l'Etat, j'y ai accès de par ma position. Si j'étais le cupide que le mémorandum des commissaires de l'opposition décrit, j'aurai pu, de façon tout à fait licite, utiliser ces ressources, bon gré malgré, une bonne centaine de millions depuis deux ans, à mon seul profit », a-t-il expliqué pour montrer sa transparence dans sa gestion des biens publics.

Quoi qu’il en soit, Newton Ahmed BARRY estime que la CENI doit se sortir des guéguerres politiques. C’est pourquoi, depuis les polémiques autour de la révision du Code électoral, sur les documents de votation et le mode révision du fichier électoral, malgré les nombreuses sollicitations, il a toujours refusé de prendre la parole publiquement, pour ne pas exposer la CENI. « Les contradictions politiques des acteurs peuvent être violentes. Elles le sont d'ailleurs, le plus souvent. Mais faut-il aller jusqu'à détruire les institutions pour assouvir des desseins ? », se demande-t-il au regard du comportement de certains commissaires de la CENI.

Il en appelle donc aux patriotes et aux démocrates pour se saisir de cette question vitale pour la démocratie et pour l'avenir de la paix au Burkina Faso, car il estime que le vote bénéficie aux partis politiques, mais ce sont les citoyens qui l'exercent et qui, in fine, en subissent les conséquences, surtout quand les élections ne génèrent pas la paix.

Pour sauver donc la CENI et ses reformes, il compte entamer dans les jours avenir, avec des personnes ressources, les consultations nécessaires. « Cette préoccupation ne peut pas trouver solution en interne, puisque elle est alimentée et téléguidée de dehors. Nous avons hérité, malgré nous, des problèmes du dehors que les digues de nos serments n'ont pas suffi à arrêter », soutient-il. Il envisage aussi convoquer  à nouveau une plénière des commissaires sur la question, car selon lui la CENI doit rester et demeurer en dehors des tumultes politiques.  

 

Candys Solange PILABRE/ YARO         

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