dimanche 24 novembre 2024

Crise à l’ONI : Des agents de la police séquestrent le personnel civil et empêche le DG d’accéder aux locaux

20180529 113450Alors que la plupart des agents de l’Office national d’identification (ONI) croyait que la crise qui secouait leur structure depuis mars était entérinée avec la suspension du directeur général Arsène YODA pour un mois, c’est avec surprise que le personnel civil s’est vu séquestré dans les locaux de l’ONI ce mardi 29 mai 2018 et le Directeur général empêché d’avoir accès à son service pour son premier jour de travail après la fin de sa suspension, par quelques agents de la police en poste au sein de l’office. Les autres sections syndicales que composent l’ONI qui estiment à avoir toujours privilégié le dialogue appellent les autorités à se pencher sérieusement sur ce qui se passe actuellement au sein de l’ONI, au risque de voir la situation se dégénéré les jours à venir.

 

Le directeur général de l’Office nationale d’identification (ONI), Arsène YODA fait face aujourd’hui à une nouvelle fronde de la part de quelques agents de la police, en poste à l’ONI qui l’empêchent d’avoir accès aux locaux. Selon monsieur Pierre Arsène OUEDRAOGO, agent à l’Office national d’identification, secrétaire général de la section forces ouvrières de l’ONI et coordonnateur des activités syndicales civiles de l’ONI, tout serait parti de l’interprétation des propos du directeur général à une session du Conseil d’administration. En effet, depuis fin mars, des agents relevant de la Police nationale étaient mécontents du premier responsable de l’ONI qui aurait tenu des propos désobligeants à l’endroit des policiersPour cela, ils avaient réclamé sa tête avant la reprise du travail. Ils lui auraient même demandé de reconnaître les propos incriminés et de présenter ses excuses. Des propos que l’incriminé ne reconnait pas avoir prononcé.

20180529 114036Ce contentieux en son temps avait paralysé le service, car aucune CNIB, ni aucun passeport était délivré. Selon le coordonnateur des activités syndicales de l’ONI, les médiations entamées auprès de la section UNAPOL de l’ONI, du secrétaire général de la structure et du Conseil d’administration ont accouché d’une souris. Le ministre de la sécurité s’est donc autosaisi du problème et a pris un certain nombre de dispositions. Il s’agit  notamment la suspension pour un mois du DG mis en cause et l’envoie d’une inspection technique pour investiguer sur les problèmes. Aussi, le ministre de la sécurité a demandé au DG  de rédiger une lettre d’excuses, à l’intention de l’institution policière. Mais selon monsieur OUEDRAOGO, c’est ce dernier point qui visiblement semble poser problème, car monsieur YODA réfute la paternité des propos qu’on lui porte.

Sentant toujours l’atmosphère crispé au sein de l’ONI, une correspondance a été adressée avant-hier au président du Conseil d’administration pour attirer son attention sur un certain nombre de faits. Cela, selon monsieur OUEDRAOGO était une mesure préventive pour éviter une autre paralysie du service. Approchée par les autres sections syndicales, l’UNAPOL a dit s’en remettre aux décisions du ministère de tutelle, c'est-à-dire le ministère de la sécurité.

C’est donc avec grand étonnement que le personnel civil s’est vu séquestré ce vendredi matin dans les locaux de l’office et le directeur général qui reprenait fonction, empêcher d’accéder au service. Une situation embarrassante qui inquiète beaucoup les agents civils composés en majorité d’opératrices de saisie. « Nous nous avons des inquiétudes, car nous constatons que le dialogue instauré depuis le début de la crise ne porte pas fruit. Mieux, nous travaillons avec des collaborateurs qui utilisent des armes, donc le danger est vite arrivé », confie le secrétaire général de la force ouvrière de l’ONI qui estime que les agents de la police qui sont entrain de porter atteinte aux libertés d’accéder à un service public ont une drôle de façon de respecter les décisions de leur ministre de tutelle. Et celui-ci de prévenir les dérives. « Nous n’avons pas de problème avec l’institution policière, car les policiers sont nos frères. Mais nous estimons quand même qu’entre frères, on doit faire attention. Il n’y a pas longtemps on a décrié le RSP et nous ne sommes pas loin d’avoir un autre RSP au sein de l’ONI », note-il.

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                                    Pierre Arsène OUEDRAOGO, agent à l’Office national d’identification, secrétaire général de la section forces ouvrières de l’ONI et coordonnateur des activités syndicales civiles de l’ONI

 

« Nous avons l’impression que de manière tacite, les gens accompagnent cette crise sans pour autant prendre leur responsabilité en prenant des décisions », dénonce Pierre Arsène OUEDRAOGO, qui estime par ailleurs que le mal est bien plus profond et que ceux qui ont des griefs contre le DG ne veulent pas exposer le nœud du problème. « Nous voulons que ces individus qui empêchent les gens de circuler librement dans cette structure aujourd’hui, s’affichent et s’affirment, parce qu’à la limite, on est dans un jeu dangereux. Nous avons l’impression qu’il y a autre chose, mais nous voulons que les gens aient le courage de poser le problème au lieu de prendre en otage une structure publique », a martelé Pierre Arsène OUEDRAOGO.

20180529 113910En tout état de cause, les agents civils de l’ONI interpellent donc les autorités à se pencher sérieusement sur cette crise qui secoue actuellement leur institution afin d’éviter le pire.

Malgré nos multiples tentatives, aucun policier sur place n’a voulu s’exprimer sur cette séquestration et sur la fermeture des portes de l’ONI aux heures de travail. « Il n’y a pas de situation ici à l’ONI, tout se passe bien », a lancé un policier, après insistance de la presse.

Ce deuxième épisode de la crise au sein de l’office en charge de la délivrance des CNIB et des passeports, comme il fallait s’y attendre, n’est pas sans conséquence sur les usagers, surtout en ce moment de dépôts des dossiers pour les concours directs de la fonction publique. Comme des milliers de jeunes, monsieur Salif LOMPO, résident dans la province de la Komandjari attend la délivrance de sa CNIB depuis fin mars, début de la crise au sein de l’ONI. Et si la situation ne se décante pas d’ici là, ce serait en vain qu’il aurait fait ce voyage d’environ trois cents (300) kilomètres pour accéder aux locaux de l’office d’identification afin de se faire délivrer ce papier précieux qu’il attend depuis deux mois et qui lui permettra de part aux concours directs de la fonction publique. « Je me suis inscrit sur la liste de l’ONI pour avoir ma carte et pouvoir prendre part aux concours directs de la Fonction publique depuis mars. Je suis venu de la Komandjari pour retirer ma CNIB au siège de l’ONI, car les structures locaux de délivrance des cartes d’identité, m’ont fait comprendre que c’est seulement à Ouaga que je pourrai la retirer. Depuis ce matin donc, je suis devant l’ONI et je n’ai pas eu gain de cause, ni une alternative. J’ai été introduit et j’ai expliqué mon problème, mais ils m’ont dit de revenir jeudi. Toutefois, avec la tournure que prend cette crise, j’ai des inquiétudes », explique t-il. Tout désespéré, il appelle le gouvernement à prendre bras le corps ce problème afin de ne pas compromettre l’avenir de beaucoup de jeunes.

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                                                              Salif LOMPO, étudiant en droit, résident dans la province de la Komandjari

 

Si l’on comptabilise du 30 mars au 30 mai, cela fera exactement soixante (60) jours de crise  que vit la nationale d’identification burkinabè, avec toutes les conséquences que cela a déjà engendrées et occasionnera encore bien d’autres si rien n’est fait pour apaiser les cœurs. Ce matin, sans aucune autre alternative, le DG était obligé de rebrousser chemin. Il faut noter qu’en plus de la section UNAPOL, les structures syndicales de l’ONI sont composées de la section CGT-B et de  celle Forces ouvrières.

 

Candys Solange PILABRE/ YARO

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