Wenkuuni Moïse Convolbo, dont le cabinet a la charge de gérer la plateforme e-concours, dans une déclaration datant du 16 novembre 2022, donne sa version des faits, sur le retard constaté dans la publication des résultats des examens et concours de la Fonction publique, session de 2022. Cela fait suite à la sortie médiatique du ministre de la Fonction publique, Bassolma Bazié, et ses collaborateurs le 15 novembre 2022, mettant en cause le cabinet qui s’occupe de la plateforme. Selon l’ingénieur, l’entière responsabilité de ce retard incombe aux techniciens du ministère. Lisez plutôt !
« Monsieur le ministre d’Etat, cher Bassolma Bazié,
Il y a quelques jours, nous apprenions par le biais des réseaux sociaux que la Direction en charge de la Presse ministérielle de votre département ministériel s’indignait du retard accusé dans la mise à disposition des résultats des concours directs, session 2022, et que le ministre de la Fonction publique lui-même s'offusquait de la situation et incriminait les acteurs y compris le cabinet en charge de la plateforme.
Une conférence de presse, tenue le 15 novembre 2022, citait le nom du cabinet ainsi que notre propre nom (Dr Wendkuuni Moïse Convolbo) comme partie n’ayant pas respecté les clauses du contrat.
Face aux multiples incriminations relevées dans vos propos tenus lors de la Conférence de presse sus référencée, il nous plaît de restituer les faits et de passer, malgré nous, par le même canal, c’est-à-dire celui des médias et réseaux sociaux, pour informer l’opinion publique sur ce qui s’est réellement passé relativement à cette affaire d’organisation des concours.
A- Mise au point :
C’est à la faveur du projet de modernisation de l’administration porté par le gouvernement burkinabè que nous avons proposé la solution du e-Concours dans sa forme actuelle.
Nous avons eu la chance de présenter le contenu de cette plateforme à l’ensemble du gouvernement, lors d’un séminaire gouvernemental tenu le 5 mars 2020 et présidé à l’époque par le Premier ministre d’alors, Son Excellence Monsieur Christophe Joseph Marie Dabiré.
Nous étions deux (2) de la diaspora aux côtés de SEM le Premier ministre de l’époque et des membres de son gouvernement à animer ce séminaire gouvernemental : Carlos Ziba et nous-même.
B- Aspect du contrat 2022 :
Le contrat signé était basé sur le modèle connu par le ministère de la Fonction publique en matière de composantes des plateformes sur le e-Concours, c'est-à-dire que les parties inscription, composition en ligne, l’espace administratif, la sécurité de la base de données et les API étaient du ressort de Dr Wendkuuni Moïse Convolbo, et la partie correction électronique des concours directs par l’expert Carlos Ziba. D’ailleurs, les financiers ont échangé avec chacun des deux experts avant de regrouper le contrat au nom d’un seul cabinet pour une question de simplification des procédures. N’étant pas au fait des procédures propres au Burkina Faso, nous n’y avons pas opposé d’objection.
Néanmoins, les travaux ont commencé de chaque côté et le ministère avait accès à tous les acteurs. Le système gestion des concours de la Fonction publique a donc démarré et a bien fonctionné aussi bien en 2020 qu’en 2021 et devait se poursuivre en 2022.
C- Cas des corrections des concours directs, session 2022 :
La plateforme de correction électronique a été ouverte pour des tests le 9 septembre 2022. Par contre, les tests n’ont vraiment commencé qu'à partir du 27 septembre, mené par le ministère de la Fonction publique.
La correction électronique a toujours fonctionné comme suit :
1- L’ouverture de la plateforme aux Administrateurs du ministère ;
2- L’importation des copies scannées par le ministère ;
3- La correction (lancement de la fonctionnalité pour chaque concours) ;
4- Récupération des résultats.
Dans ce scénario, personne ne peut bloquer les résultats car c’est celui qui télécharge les copies qui reçoit les résultats (en l’occurrence le ministère de la Fonction publique). Les résultats viennent en deux (2) groupes : les copies bien corrigées et les copies avec erreur (cas de copies mal scannées ou de candidats ayant mal grisé les cases, etc.). Il appartient au ministère de la Fonction publique de scanner de nouveau, de réintroduire et de relancer la correction. Cette procédure est bien connue du ministère de la Fonction publique.
5- Comment attribue-t-on les points :
C’est l’Agence générale de recrutement de l’Etat (AGRE) qui donne le mode d’attribution des points pour la correction des copies. Et voici les règles :
a- Une question a au moins une bonne réponse ;
b- Une bonne réponse donne droit à un point ;
c- Une mauvaise réponse donne droit à zéro point ;
d- A la fin, on totalise les bonnes réponses.
6- D’où vient le problème :
Le premier type de problème vient des questions mal formulées et retirées. Malheureusement, pour la session de 2022, c’est pendant la correction que nous nous sommes rendu compte qu’il y avait des questions qui n’avaient aucune bonne réponse. Après des discussions avec l’administration, nous apprenons que des questions ont été mal formulées et retirées du sujet et comme c’est le ministère de la Fonction publique qui importe les sujets dans la base de données, ils ont juste changé de sujet en mettant la forme qui les arrangeait. Aucune notification de cette situation n’a été faite à l'équipe de M. Carlos Ziba pour une prise en compte dans le système de correction automatique. Exemple : le concours des Inspecteurs des Eaux et Forêts/Femmes, dont la question numéro 4 n’a aucune bonne réponse (Voir annexe).
Le deuxième volet des problèmes liés à la correction des copies pour la session de 2022 réside dans la qualité du scannage (Ref: Error_Scannage). Nous avons remarqué que des copies ont été mal photocopiées et mal scannées. Cela cause d'énormes difficultés à la machine pour reconnaître même les cercles et les zones grisées. Néanmoins, les experts ont continué de modifier les différents algorithmes pour prendre en compte ces difficultés ainsi que d’autres situations qui apparaissaient. Malheureusement, la qualité du scannage des copies est une donne incontournable dans la correction optique des copies. De ce fait, le ministère a été saisi de nouveau.
C’est à l'issue de la correction de 15 concours sur la plateforme que le ministère de la Fonction publique a signalé ce qu’ils appellent les « irrégularités dans la correction ». Le concepteur a demandé de ne pas retirer de question sinon la plateforme ne pourra pas prendre cette nouvelle donne en compte. Il s’en est suivi de longues discussions entre les concepteurs et l’administration.
Nous constatons malheureusement qu’il semblait plus avantageux pour vous, pendant votre conférence de presse, de vous dédouaner en passant sous silence le fait que des questions mal formulées aient été retirées. Aussi peut-on se poser la question de savoir qui est responsable de cette situation de retrait des questions mal formulées.
Monsieur le ministre d’Etat, voyant que les échanges entre nous, experts et votre ministère, prenaient du temps et semblaient être un problème insoluble, il nous a été demandé le 25 octobre 2022 de travailler à proposer une deuxième solution pour sauver la situation (Ref : Email en pièce jointe CORRECTION ELECTRONIQUE DES COPIES DES CONCOURS SESSION 2022). Nous n’avons pas eu le temps de répondre à ce mail (comme indiqué en annexe), car nous avions le souci effectivement de nous investir en injectant nos propres ressources pour proposer une solution en vue de sauver effectivement les meubles comme souhaité. C’est ainsi qu’à la date du 2 novembre 2022, nous avons proposé une solution, ce qui a permis aux techniciens de votre ministère de commencer les tests.
Monsieur le ministre d’Etat, pendant que les experts s’investissent à travers des échanges avec vos techniciens pour trouver des solutions à une situation qu’ils n’ont pas créée, nous apprenons avec regret à travers les réseaux sociaux que vous vous offusquez des retards accusés dans la mise à disposition des résultats des concours de la Fonction publique.
Néanmoins, gardant notre esprit professionnel, nous avons décidé de poursuivre la recherche de solutions en évitant tout clash dans les réseaux sociaux.
Monsieur le ministre d’Etat, les tests sur la solution que nous avons proposée le 2 novembre 2022 ont été concluants et ont permis de régler le problème des questions mal formulées. Cette solution a permis de corriger un grand nombre de copies à la fois et de permettre ainsi que des résultats commencent à être disponibles. Cette solution que nous avons proposée a permis donc de régler le problème des questions mal formulées, mais celle liée au mauvais scannage de la copie et/ou à une mauvaise photocopie des copies de composition (puisque pour une meilleure qualité de la copie, elle doit être imprimée et non photocopiée) demeure. C’est ainsi que le 8 novembre 2022, à travers un échange avec votre secrétaire général, nous avons soulevé les problèmes que la première plateforme avait relevés, c’est-à-dire que les copies doivent être rescannées car les copies mal scannées, mal photocopiées ou mal grisées ne passaient pas dans le système. Les années précédentes, des communications à travers les médias étaient faites pour montrer aux candidats comment griser les réponses, ce qui n’a pas été fait dans le cadre des concours 2022 et donc beaucoup de candidats manquaient d’informations sur comment griser les copies. Par conséquent, en grisant ou en noircissant, beaucoup de candidats ont débordé des cases, rendant difficile la reconnaissance électronique par les algorithmes.
Monsieur le ministre d’Etat, vous avez apparemment, et peut-être délibérément, refusé de reconnaître que ce qui permet depuis le week-end dernier de rendre disponibles progressivement les résultats est la solution que nous avons proposée le 2 novembre 2022 pour prendre en charge les questions mal formulées et le re-scannage des copies. En plus de cela, nous avons ajouté des éléments de preuves sur la copie pour faciliter les vérifications, aider à la délibération et en cas de contestation, que chaque candidat puisse avoir les éléments de preuves (Ref : Deuxième Plateforme). Vous avez plutôt opté de nous incriminer dans ce qui arrive en ce moment dans le ministère que vous dirigez depuis mars 2022 et cela manque d’honnêteté intellectuelle à notre avis. Néanmoins, notre petite consolation est que votre secrétaire général, dans son intervention, a reconnu qu’après re-scannage, ils ont pu avoir les résultats de certains concours et les publient progressivement. Aussi, si les re-scannages avaient été faits plus tôt, on n’en serait pas là. Si les re-scannages avaient été faits depuis le 10 octobre 2022, une grande partie du problème aurait été résolue depuis longtemps.
Monsieur le ministre d’Etat, pour des raisons que nous ignorons, les copies du concours des Sage-Femmes ou Maïeuticiens (Examen professionnel), composé sur table, ont été noircies par vos agents, de la question 21 à la question 60 (Ref : Copie Sage-Femme). Malheureusement, avec nos multiples efforts pour corriger ces copies, la machine ne reconnaît pas toute cette partie grisée venant de votre ministère. Depuis la correction d’octobre 2022 sur la première plateforme, nous avons demandé à vos collaborateurs de simplement laisser les copies telles que les candidats les ont grisées et de trouver des solutions en interne.
Nous voudrions vous rappeler, monsieur le ministre d’Etat, que le contrat qui nous lie stipule que les copies soient conformes et grisées par les candidats. Vos collaborateurs ou techniciens n’ont pas le droit de toucher à des copies des candidats. S’il y a des erreurs sur les questions formulées, que les acteurs de ces erreurs les assument. Il est facile d'incriminer les acteurs qui sont au bout de la chaîne pour des négligences commises par d’autres personnes au début de la chaîne et qui sont autour de vous.
Monsieur le ministre d’Etat, vous avez déclaré lors de votre conférence de presse que vous avez exécuté votre part d’obligations en signant le contrat et qu’il y a eu des discussions qui ont pris deux mois avant la signature du contrat dont le montant serait à trois cent quatre-vingt-dix-millions (390 000 000) de FCFA et que les propositions de départ se chiffraient à un milliard cinq cents millions (1 500 000 000) de FCFA. Vous avez oublié de dire aux Burkinabè que pour le moment, nous n’avons reçu aucun centime de cette somme mais que malgré tout, nous avons travaillé pour que les inscriptions en ligne soient faites, pour que les compositions en ligne et le début de la correction électronique soient une réalité et nous poursuivons le travail malgré les difficultés que vous et certains de vos collaborateurs avez créées. Vous remarquerez également qu'à la demande de concevoir une autre plateforme (deuxième plateforme) de correction qui tient compte des irrégularités dues au retrait des questions mal formulées, le travail a été fait sur fonds propres du prestataire sans chercher à faire un avenant comme il est de coutume dans pareil contrat.
Nous aimerions aussi vous rappeler, Monsieur le ministre d’Etat, qu’un contrat d'hébergement suppose une application à héberger chez un prestataire. Le e-concours a été un projet de
Burkinabè ayant proposé une solution à l’Etat burkinabè. Actuellement, le ministère paie l'hébergement de la plateforme et demande un accompagnement des concepteurs. C’est d’ailleurs à ce titre que nous vous avions demandé de changer la formule en licence pour disposer de la plateforme pour le ministère. D'où la première facture qui correspondait à 1000 FCFA par licence ou candidat pour la plateforme avec une capacité de 1 500 000 licences ou candidats. Ce qui fait, par un petit calcul mathématique, un milliard cinq cents millions (1 500 000 000) de FCFA.
D'où vient la surenchère, Monsieur le ministre d’Etat ? Dans ce pays, combien de plateformes ont englouti des milliards sans connaître de succès ? Demandez à des personnes avisées de vous faire une évaluation des coûts d’une plateforme de cette envergure et elles vous diront que cette offre est loin d’être de la surenchère.
Monsieur le ministre d’Etat, vous savez très bien qu’il n’y a pas eu de négociations, contrairement à vos dires (des discussions ont pris deux mois) car vous nous avez dit que vous étiez un homme de parole, que votre souci était la contrainte budgétaire actuelle liée au contexte sécuritaire de notre pays et que vous alliez demander à votre équipe technique de travailler avec nous en attendant d’acquérir la plateforme en 2023, comme proposé par nous. Confiants en votre parole, nous n’avons pas discuté le budget proposé par vos financiers. Dites-nous d’où vient cette histoire de surenchère et de négociation que vous avez menées pour ramener le coût du contrat de un milliard cinq cent millions (1 500 000 000) de FCFA à trois cent quatre-vingt-dix millions (390 000 000) de FCFA ? Nous insistons sur le fait qu’il n’y a eu aucune discussion sur le budget de cette année 2022 et cela, sur la base de votre parole donnée et de la confiance que nous vous avons accordée.
Depuis 2020, vous n’avez jamais entendu, Monsieur le ministre d’Etat, que les données des Burkinabè sur le e-concours ont été perdues ou se sont retrouvées sur le net. Cela relève de notre contribution, en tant que spécialiste du traitement des données, au développement de notre pays.
Enfin, cher ministre d’Etat, nous déplorons profondément qu’au moment où le gouvernement appelle à une utilisation responsable des réseaux sociaux, eu égard à la situation que traverse notre pays, des acteurs importants de cette même administration utilisent les réseaux sociaux pour régler des comptes sur des questions administratives. Nous n’avons pas la prétention d’apprendre quoi que ce soit à l'administration publique burkinabè, qui devrait être le centre d’excellence des procédures administratives. Mais pour une affaire nationale comme le recrutement des agents de la Fonction publique, c’est dommage que ce soit à travers les réseaux sociaux que les experts en soient informés : nous n’avons, en effet, jamais été saisi officiellement par vous pour nous demander de rendre compte des difficultés liées à la gestion du e-concours 2022, alors qu’une simple correspondance de demande d’explications aurait permis d'éclairer l’opinion et certainement de vous éclairer davantage.
Monsieur le ministre d’Etat Bassolma Bazié, s’il y a du retard dans la mise à disposition des résultats des concours directs, l’entière responsabilité se trouve du côté du ministère de la Fonction publique et la situation aurait été pire si ceux que vous incriminez n’avaient pas accepté d’exécuter des travaux imprévus dans le contrat et de supporter de lourdes dépenses pour le bien des jeunes Burkinabè et particulièrement pour celui des candidats de cette année qui languissent après les résultats des concours qu’ils ont préparés avec beaucoup d’angoisses pour leur survie et celle de leurs familles.
- Ampliation : SEM PM ATI
Références :
- • E-mail en pièce jointe CORRECTION ELECTRONIQUE DES COPIES DES CONCOURS, SESSION 2022
- • Deuxième Plate-Forme
- • Copie Sage-Femme
Dr Wendkuuni Moïse Convolbo »
Radarsburkina.net