dimanche 24 novembre 2024

Ramadan 2019 : « Ces dix derniers jours sont les plus prolifiques en récompense, en spiritualité et en introspection », Ismaël Tiendrébéogo

ramadLe lundi 06 mai, les fidèles musulmans du Burkina ont commencé le jeûne du mois de Ramadan, qui doit durer 30 jours. Dans la nuit du samedi 25 au dimanche 26 mai, ils sont entrés dans les dix derniers jours de ce mois de pénitence. Radars info Burkina a rencontré l’imam Ismaël Tiendrébéogo pour comprendre la particularité de ces dix derniers jours dans ce mois sacré.

Radars info Burkina (RIB) : Les fidèles musulmans sont entrés dans les dix derniers jours du mois de Ramadan. En quoi consistent-ils ?

Ismaël Tiendrébéogo (IT) : Les dix derniers jours sont l’étape finale du mois de Ramadan, qui est divisé en décades. Ces dix derniers jours sont les plus prolifiques en récompense, en spiritualité et en introspection et le prophète Mohammad (paix et salut sur lui) a dit qu’ils sont les meilleurs jours de toute l’année. Le caractère extraordinaire de ces derniers jours tient au fait qu’il y a en leur sein une nuit spéciale appelée « nuit du destin » que le Coran évoque, et au cours de laquelle le Coran a été révélé. Et c’est cela, la spécifié de cette nuit. Si elle trouve quelqu’un en adoration dans la foi et dans l’espoir en la récompense, celui-ci reçoit une récompense de plus de mille mois d’adoration.

RIB : Quelle place ces dix dernières nuits occupent-elles dans ce mois sacré ?

IT : La place de ces dix dernières nuits, c’est qu’elles sont les meilleures ; et parmi les meilleures figurent les nuits impaires de ces dix dernières nuits ; et parmi encore ces nuits impaires la meilleure nuit, c’est celle qui correspond à la 27e, très probablement la nuit du Ramadan. Sa particularité est que c’est en son sein que le Coran a été révélé du ciel, élevé aux plus proches des humains pour être ensuite donné séquentiellement sur 23 années en révélation circonstancielle au prophète (PSL).

RIB : Après avoir assassiné des imams, les terroristes s’en prennent ces derniers temps à des prêtres et à des pasteurs. Rien qu’hier, dimanche 26 mai, ils ont semé la terreur dans une église à Toulfé, au nord du pays. Quelle lecture faites-vous de ces événements tragiques ?

 IT : C’est horrible ! Ce qui arrive, ce sont des meurtres gratuits et rien ne peut justifier que l’on tue des imams, des prêtres ou des pasteurs. Ce sont des gens qui ne sont pas impliqués dans des combats ; on ne leur reproche strictement rien et on les tue seulement pour alimenter une violence gratuite. Donc c’est à condamner au plus haut point et il faut demander à l’Etat d’assurer la quiétude de ces leaders religieux qui contribuent beaucoup non seulement à l’éducation de la population burkinabè, mais aussi à entretenir un climat de cohabitation pacifique. Ils sont très importants pour cette raison. En outre, ils sont très importants parce qu’ils ne s’intéressent qu’à ce qui intéresse Dieu et à ce qui intéresse les hommes dans leur relation avec Dieu. Donc il faut vraiment que l’Etat prenne des mesures pour nous protéger tous de cette violence meurtrière qui a causé la mort d’une dizaine d’imams ainsi que celle de deux pasteurs, d’un prêtre et d’un catéchiste.

RIB : En quoi faisant ?

Il est évident que le renseignement compte beaucoup. De plus, peut-être faut-il un déploiement de forces de sécurité autour des édifices de culte, surtout pendant les heures de prières pour les musulmans et le jour de prière pour les chrétiens et également travailler à l’apaisement pour que le front de lutte contre le terrorisme ne se duplique pas sur un autre front sur le plan social, sur le plan intercommunautaire parce qu’autrement, le Burkina Faso serait dans la perdition. Que Dieu nous en préserve.

RIB : Un dernier mot ?

IT : Vivement que la paix revienne et que les cœurs soient apaisés.  J’adresse mes sincères condoléances à toutes ces familles dont un membre a été arraché violemment en raison de son statut de leader religieux ou de la fonction qu’il occupait au sein de la société. Ce qu’on peut faire, c’est rappeler à l’Etat que quelque chose doit être fait pour ceux-là qui ont été arrachés à leur famille, à savoir aider lesdites familles que ces disparus ont laissées derrière eux afin d’amoindrir ces pertes cruelles qui affligent tout le Burkina Faso.

Propos recueillis par Aly Tinto (Stagiaire)

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