dimanche 24 novembre 2024

Minoterie du Faso : L’ancien DG épinglé par l’ASCE-LC pour gestion clanique et mafieuse

minofa uneNée en juin 2016 des cendres des Grands moulins du Burkina (GMB), la Minoterie du Faso (MINOFA), située dans la cité du Paysan noir, Banfora, dans son fonctionnement, est l’une des priorités du PAP 2018-2020. Elle est aussi conforme aux orientations de l’axe 3 du Plan national de développement économique et social (PNDES). La relance de la production de la farine de blé à travers cette structure a été faite sur un capital de 7 milliards 700 millions de F CFA, avec l’Etat comme actionnaire majoritaire. Depuis sa remise sur pied, elle a été, maintes fois, confrontée à des difficultés financières.  Des dénonciations et plaintes auprès de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) ont poussé les enquêteurs de Luc Marius Ibriga à investiguer dans cette jeune entreprise publique. Et des résultats de ces fouilles contenus dans le rapport annuel d’activité 2017 de l’ASCE-LC, il ressort qu’en seulement deux ans de fonctionnement, la MINOFA était devenue une vraie caverne d’Ali Baba, et ce en raison notamment de la gestion clanique et mafieuse de son ancien premier responsable, Ignace Traoré, remplacé en août 2018 par Madani Hamadoum Barry.

L’objectif de cette mission d’investigation sur l’organisation et la gestion des marchés et des ressources humaines à la Minoterie du Faso (MINOFA) était de vérifier les onze allégations portant sur la gestion des marchés publics, des ressources humaines par le directeur général de la MINOFA, l’organisation de la société et, le cas échéant, de situer les responsabilités.  Il était donc question pour les enquêteurs de s’assurer du respect de  la réglementation sur les marchés ainsi que du respect de la réglementation en ce qui concerne  les recrutements. Ils devaient aussi s’assurer de la bonne gestion du stock de blé et  que les dépenses exécutées étaient étayées de pièces justificatives régulières.

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Selon le rapport général annuel d’activité 2017 de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC), tous les marchés au niveau de la MINOFA ont été passés de gré à gré. À la date du 22 juillet 2017, les hommes de Luc Marius Ibriga ont constaté que la Minoterie du Faso fonctionnait sans DU, DAF, DC ni CP. Ainsi, la mauvaise gestion des approvisionnements et des stocks de blé a occasionné une perte pour l’entreprise, qui se chiffre à 89 876 264 frs CFA.

 De cette enquête, il ressort aussi qu’Ignace Traoré, qui dirigeait la structure jusqu’en août 2018 où il a été remplacé, faisait de la nationale du blé sa chasse gardée et sa caverne d’Ali Baba. En effet, les investigations ont révélé que des ordres de missions concernant le DG sont soit  non visés, soit visés à Banfora et/ou à Kokologo, alors que sa destination finale était d’autres localités. La durée de certaines de ses missions est souvent prolongée sans ordre de mission. Le montant total de ces irrégularités selon l’ASCE-LC, est de 15 468 165 francs CFA.  Les enquêteurs ont pu s’apercevoir aussi qu’il y avait une perception illégale de salaire de l’ex-directeur général à hauteur de 4 901 424 FCFA. Le contrat de réhabilitation de l’usine, d’un montant de plus d’un milliard de francs CFA, n’a fait l’objet d’aucun suivi technique. Il n’y a pas eu non plus de réception des travaux, toujours selon le rapport des contrôleurs d’Etat.

minofa 2Outre cela, les enquêtes ont permis de mettre au jour une gestion clanique de la Minoterie du Faso de la part de son ancien DG. En effet, pendant sa période de gestion, il y a eu une location d’un véhicule dont la carte grise porte le nom de son épouse pour plus de 12 millions de francs CFA. De surcroît, le comptable de l’entreprise était ressortissant de la même localité que le DG ; le laborantin était son beau-frère et le manœuvre aide-laborantin son neveu.

Les dysfonctionnements criards ont fait que sous l’ère Ignace Traoré, la minoterie du Faso a subi un redressement fiscal de 44 324 799 FCFA, cumulativement avec des pénalités de 6 437 097 FCFA.

Au regard de la gravité des irrégularités constatées dans la gestion de la MINOFA, l’ASCE-LC, dans ses recommandations, a demandé au ministre en charge des sociétés d’Etat de prendre des sanctions administratives idoines à l’encontre de l’ex-DG, nonobstant les poursuites judiciaires.  Mais avant la remise officielle de ce rapport au président du Faso, Ignace Traoré  a été démis de ses fonctions et depuis août 2018, c’est Madani Hamadoum Barry qui tient les rênes de l’institution. Vu la gestion mafieuse dont son prédécesseur a fait montre, M. Barry a le devoir et la responsabilité de faire preuve d’une gestion exemplaire, avec pour boussole la transparence et la redevabilité.

Candys Solange Pilabré/ Yaro

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