Gilbert Noël Ouédraogo, président de l’ADF/RDA, et Abdoulaye Arba, président du PMP, étaient face aux hommes et femmes de médias ce 19 mai à l’occasion du traditionnel point de presse hebdomadaire de l’opposition politique burkinabè. Au menu des échanges, les points ci-après : la mort de douze présumés terroristes à la gendarmerie de Tanwalbougou la tension sociale consécutive à la succession à la tête du Gulmu, le couvre-feu instauré dans le cadre de la lutte contre le Covid-19 ainsi que le don fait par la cellule MPP du ministère de l’Eau et de l’Assainissement.
Douze personnes interpellées et détenues dans les locaux de la gendarmerie de Tanwalbougou pour suspicion de terrorisme ont perdu la vie dans la nuit du 11 au 12 mai 2020. Si les causes troubles de leur mort ont conduit à l’ouverture d’une enquête par le procureur, le Collectif contre l'impunité et la stigmatisation des communautés (CICS) allègue, lui, qu’il s’agit ni plus ni moins que d’exécutions sommaires. Tout en réaffirmant son soutien aux FDS, l’opposition politique condamne fermement les exécutions sommaires, car elles peuvent être source d’élimination d’innocents ou être une occasion pour certains d’accuser et de faire éliminer leurs ennemis, leurs rivaux, leurs adversaires politiques, etc. « Si nous tuons des innocents, nous créons de nouvelles vagues d’ennemis internes assoiffés de vengeance qui travailleront contre l’Etat, donc en faveur de l’ennemi… Les exécutions sommaires font courir d’énormes risques à nos vaillantes FDS. En effet, l’armée et les institutions sécuritaires regroupant les enfants de toutes les communautés et de toutes les régions, elles peuvent connaître des divisions internes si certaines de leurs composantes se sentent victimes d’exécutions sommaires », a affirmé le CFOP. Elle exige donc que la lumière soit faite sur la mort des douze personnes à Tanwalbougou et que les éventuels coupables soient punis conformément à la loi.
Abordant par la suite la question de la montée du mercure social à Fada en raison de la succession au roi du Gulmu Sa Majesté le Koupiendieli, décédé le 17 août 2019, le CFOP a souhaité que les parties en conflit trouvent une issue pacifique à la crise grâce au dialogue, afin que la paix et la cohésion reviennent dans la famille royale. « Déjà que le Gulmu vit les affres du terrorisme, cette crise de la royauté n’est pas une bonne nouvelle», ont fait remarquer les conférenciers du jour. Ils ont par ailleurs recommandé à l’Administration de jouer pleinement son rôle, « dans un esprit neutre », pour éviter que ces tensions débouchent sur des affrontements.
Instauré le 21 mars 2020 en vue de lutter contre la propagation du coronavirus, le couvre-feu ne revêt actuellement plus une grande utilité, de l’avis de l’opposition politique, au regard d’un certain nombre de faits tels la reprise du transport des personnes, la réouverture des débits de boissons et restaurants qui, pour la plupart, rentabilisent la nuit, l’instauration de nouvelles mesures comme le port obligatoire du masque ainsi que la tendance à l’amélioration de la situation de la pandémie au Burkina Faso. Face à ces différents constats, l’opposition propose une levée du couvre-feu afin de permettre « non seulement aux entreprises de se refaire une santé après la crise, mais aussi aux citoyens de souffler après que leurs libertés ont été exceptionnellement réduites pour endiguer la propagation de la pandémie ».
Le 15 avril dernier, la cellule MPP du ministère de l’Eau et de l’Assainissement a procédé à un don de matériel de lutte contre la Covid-19 au premier responsable dudit ministère. Un acte décrié par l’opposition politique, qui voit là « une politisation à outrance de l’administration publique». Cette politisation, selon elle, constitue un frein à l’efficacité, à la cohésion et à la neutralité de l’Administration et est une « source de nominations par copinage, de laisser-faire et de corruption dans la fonction publique ». Pour le CFOP, ces cellules sont d’ailleurs illégales, car la loi N°081-2015 / CNT, portant statut général de la Fonction publique d’Etat, dispose en son article 44 ce qui suit : « … il est interdit notamment d’organiser des activités politiques ou d’installer dans l’administration publique, de manière formelle ou informelle, des cellules ou toutes formes de représentation à caractère politique ». C’est d’ailleurs à ce titre que le CFOP réclame le démantèlement de toutes les cellules MPP mises sur pied dans les ministères et autres structures étatiques.
Armelle Ouédraogo