Barricader ou envahir sans autorisation une voie publique, durant des heures pour une quelconque activité, est devenue une chose anodine pour bon nombre de Burkinabè. Pourtant, cela est en porte-à-faux avec la loi. A Ouagadougou, nombreux sont les sportifs qui s’adonnent à cela. Que ce soit dans la journée ou la nuit tombée, cet acte incivique est devenu le quotidien de certains amoureux du sport.
De nos jours, les activités sportives surtout celles nocturnes sont de plus en plus pratiquées. Mais si cet engouement au sport est à saluer, il faut tout de même noter que ces sportifs atypiques ne trient pas de lieux pour leurs séances de sport. Que ce soit aux abords des routes que sur les grandes et larges voies, ces sportifs, s’adonnent aisément à leurs loisirs. Ce qui les emmène pour la plupart du temps à obstruer ou même à bloquer certaines artères. Des dérives qui semblent ces derniers temps s’ériger en règle d’or.
Par exemple, dans la Zone d’activités diverses (ZAD), des groupes de jeunes pratiquent souvent le roller, une activité sportive qui consiste à utiliser les patins à roulettes. Pour mener à bien leurs séances d’entraînements, ils barrent le passage aux usagers de la route.
Ainsi un soir, sur la voie qui relie l’avenue Tansoba (communément appelée Circulaire) à l’Institut africain de management (IAM), nous sommes tombés sur un groupe composé d’une dizaine de jeunes. Ils avaient pris d’assaut une bonne partie de la voie, empêchant ainsi les usagers de circuler allègrement. Même la présence de quelques personnes qui révisaient sous les lampadaires, n’a pas découragé ces jeunes à obstruer cet espace public. Le long de l’artère dont ils ont envahie, était inscrit « Faso Roller Club », une manière pour eux de marquer leur territoire.
Tous les mardis et vendredis à partir de 20 heures et les dimanches à partir de 16h, les usagers de cet avenue sont obligés de faire des détours, car c’est le moment choisi par ces jeunes pour pratiquer leur sport. Pourtant, ils sont conscients que cette occupation anarchique des voies publiques est en déphasage avec la règlementation en vigueur au Burkina Faso. « Lorsque les usagers voient nos plots, ils sont obligés de circuler de l’autre côté du goudron. Notre groupe ne dispose pas d’une autorisation d’occupation de cet espace, mais c’est le lieu propice pour mener à bien nos exercices sportifs », confie un des leurs.
Si l’on parcoure d’autres endroits où le sport bat son plein les soirs, il n’est pas rare de relever d’autres formes d’incivisme lié à la pratique du sport. On y aperçoit des gens qui courent dans le sens contraire de la route, faisant ainsi face aux véhicules qui passent. Selon un monsieur que nous avons vu en train de courir dans ce sens, cette façon de courir permet de ne pas être surpris par un danger. « Je faisais partie d’un club de sport où le coach nous avait dit de courir toujours au sens contraire de la voie afin de voir le danger de face. Ainsi, on aura le réflexe de se sauver à temps », a-t-il expliqué.
Cryspin LAOUNDIKI