« Handicapé certes, mais pas maudit ». Ils sont nombreux, ces inaptes qui lancent ce slogan pour démontrer que malgré leur handicap ils sont des acteurs du développement du pays. Quelques années auparavant, ces personnes ayant perdu l’usage de leurs jambes étaient perçues comme une charge pour la société. Dans le souci d’assurer l’autonomisation des personnes en situation de handicap, un centre national, sous la tutelle du ministère de l’Action sociale, a été ouvert, lequel accueille des handicapés moteurs. Situé dans le quartier Gounghin de la ville de Ouagadougou, il accueille tous les handicapés moteurs, en quête d’un mieux-être, désirant apporter leur pierre à l’économie du pays.
Regroupant les personnes en situation de handicap moteur, le centre national des handicapés moteurs est un centre de formation et de production artisanale au profit des handicapés moteurs. La sérigraphie, la soudure, le tissage, la maroquinerie, le design, les tricotages tels sont les secteurs d’activités mis en exergue. Parmi toutes ces activités, la soudure demeure celle phare car cela leur permet de fabriquer le matériel pour la mobilité des personnes handicapées. « Nous transformons les motos à deux roues en trois roues pour qu’elles soient plus adaptées aux handicapés moteurs. En plus, nous fabriquons des vélos, pour les handicapés, que nous vendons. En outre, nous confectionnons des meubles comme des tables et bien d’autres. Nous déplorons vraiment la rareté de nos marchés avec l’Etat et les particuliers », confie M. Koné, soudeur.
Pour une plus grande visibilité et dans le souci de rentabiliser leurs activités, le centre dispose d’une boutique d’exposition des objets confectionnés par ces handicapés. On y trouve des objets de déco faits à partir de matériel de récupération, des tableaux, des pagnes tissés, des poupées africaines, etc. A noter que la condition sine qua non d’accès audit centre, c’est d’être un handicap moteur, car les services ne sont adaptés qu’à ceux-là. Avec un effectif d’environ 62 membres permanents, le centre accueille aussi bien des pensionnaires en quête de formation que des pensionnaires expérimentés dans des domaines mais en quête d’espace pour mener leurs propres activités.
Toutefois, malgré toute la bonne volonté et leur détermination à réussir dans la vie, à ne pas céder à la facilité, ces handicapés moteurs semblent être des oubliés de la nation, du fait des nombreux besoins qui se font ressentir dans le centre. En effet, pour le secrétaire général du comité de gestion du centre, Adama ROUAMBA, le centre est confronté à un manque d’équipement de travail adéquat et d’accompagnement spécialisé à travers des marchés publics ou privés.
Ne disposant que d’une subvention du ministère de tutelle, qui ne couvre qu’une partie infime des besoins de ces pensionnaires, le centre tente tant bien que mal de tirer son épingle du jeu grâce aux activités qu’il mène. « La subvention est minime, sachant qu’on ne dispose pas d’autres partenaires», déplore le secrétaire général du comité de la gestion.
« Les handicapés qui viennent se faire former dans le centre, ce sont des gens qui n’ont pas de source de revenu. S’ils passent toute la journée au centre, il faut bien entendu prendre en charge leur déjeuner, on se débrouille pour leur assurer cela. Mais souvent cela devient comme un bon débarras pour les parents des enfants, venir laisser leur enfant au centre et c’est fini. Ils ne s’en occupent plus. Nous-mêmes les membres du comité qui faisons du bénévolat n’avons aucune rémunération », regrette le SG Adama ROUAMBA.
Edwige SANOU