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« L’adoption de cette loi est vraiment à féliciter parce que l’être humain a une dignité et s’exposer dans les rues pour mendier est contraire à nos traditions », Alfred KAM, Journaliste

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La mendicité est un phénomène qui prend de plus en plus de l’ampleur au Burkina Faso. Elle touche toutes les tranches d’âge, des personnes âgées aux  enfants. Selon  le ministère de la femme, de la solidarité nationale et de la famille, des enquêtes menées par les services compétents, démontrent que la première occupation des enfants dans la rue est la mendicité avec 4226 cas recensés, soit 46,6% de la population cible. En outre, les statistiques relèvent que 10% de l’effectif total, soit 897 enfants âgés de 0 à 5 ans, sont généralement utilisés par des mères pour mener la mendicité. A cet effet, le ministère en charge de la solidarité a annoncé  une opération de retrait des personnes en situation de rue. Une signature de convention a été effectuée entre le ministère de la femme, de la solidarité nationale et de la famille et les responsables des foyers coraniques. Radars info Burkina a promené son micro pour recueillir l’avis de la population sur la question.

  

Mme OUEDRAOGO, mendiante et mère des jumeaux : « Je ne mendie pas par plaisir,  c’est parce qu’on n’a pas les moyens. Je ne suis pas au courant d’une loi contre la mendicité des enfants. Il y a des passants qui m’ont dit, mais je ne savais pas que c’était sérieux. Je ne peux pas dire si cette loi est bien ou pas. Mais nous on a besoin de conseil pour savoir ce qu’il faut faire si le gouvernement trouve que ce que l’on fait n’est pas bien. On ne sait pas pourquoi elles ont pris une telle décision. Je veux arrêter la mendicité et faire le commerce ».

Noufou NANA, pépiniériste « cette loi est bien. En effet, j’ai été un enfant de la rue. J’ai quitté le village pour venir travailler en ville quand  je n’avais même pas 16 ans. Je dormais dans les rues de Ouagadougou. Mais, je travaillais. J’apprécie cette décision du gouvernement  dans la mesure où les enfants iront dans des centres spécialisés et suivront des formations. Cela va vraiment aider la jeunesse, et aussi cela va réduire le taux de chômage des jeunes au Burkina. Mais je me demande si cela va continuer. Au début, ils peuvent prendre les enfants gratuitement, mais après ils vont  commencer à dire que ces centres de formations sont payantes ».

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Abdoul Razack SEGDA, mendiant  « Je mendie pour avoir à manger, parce que le maître ne nous donne pas à manger. Personne ne nous a dit qu’on ne devait plus mendier. Mes parents sont à Cinkansé, ils ne savent pas que je  mendie. Ils m’ont envoyé pour que je vienne fréquenter. Je cherche du travail mais je n’en trouve pas. Si on va aller apprendre des métiers dans les centres, je suis content ».

 

Mme KOUANDA, commerçante : «  certaines femmes le font parce que c’est la pauvreté. Elles n’ont rien à manger, même si c’est vrai que d’autres le font comme un commerce. Par exemple les maris ne travaillent  pas, ils n’ont  rien à leur donner. Si la femme reste à la maison comment elle va faire pour manger et nourrir ses enfants. Si tu pars voler, on va te tuer pour rien. Elle se débrouille comme elles peuvent pour pouvoir manger. Le retrait des enfants des rues pour les mettre dans des centres de formation est une très belle initiative, et cela va aider les familles de ces derniers. Cela va réduire le chômage et aider la population ».

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Une commerçante : « Comment une femme qui accouche va prendre ses enfants pour aller se balader dans la ville pour mendier,  ce n’est pas bien. Il y a même des dames qui partent demander les enfants des gens pour sortir mendier. C’est contraire à la morale. Donc j’encourage le gouvernement dans cette décision. Quand les enfants sont dans les rues, c’est pour devenir des petits délinquants ou des voleurs. Avec cette loi, même les vols vont diminuer ».

 

Alfred KAM, Journaliste : « cette loi vient à point nommé, car elle était beaucoup attendue par les Burkinabè. La mendicité est un phénomène que nous rencontrons chaque jour. Certains accusent les religions, mais nulle part dans les textes, il n’est dit que quand une femme accouche de jumeaux, elle doit mendier. L’adoption de cette loi est vraiment à féliciter parce que l’être humain a une dignité et s’exposer dans les rues pour mendier est contraire à nos traditions ».

Propos recueillis par Edwige SANOU et Alexiane YAMEOGO (stagiaire)