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Récente hausse prix du super 91 : « Nous la supporterons, car la souveraineté ne s'acquiert pas facilement», dixit un citoyen

aastationLe vendredi 10 février 2023, le secrétaire général du Premier ministère, président du comité interministériel de fixation des prix des hydrocarbures, Abdou-Salam Gampéné, a annoncé, au cours du journal de 20h sur la Radiotélédiffusion du Burkina (RTB), une nouvelle hausse du prix du super 91 à la pompe, laquelle est entrée en vigueur le samedi 11 février 2023. Une équipe de Radars Info Burkina s’est rendue dans quelques stations de la ville de Ouagadougou pour recueillir les avis des uns et des autres sur cette nouvelle augmentation. Lisez plutôt.   

Pour certains, c’est une situation qui touche tous les pays du  monde, donc le gouvernement burkinabè ne pouvait qu’augmenter lui aussi le prix de l’essence, surtout que la Société nationale burkinabè d’hydrocarbures (Sonabhy) est endettée auprès de ses fournisseurs.

« Les gens ne comprennent pas cette question d’augmentation parce qu’ils ne sortent pas du Burkina. C'était prévisible ! 850 FCFA le litre, c’est même moins cher d’autant plus que le Burkina n’a pas de port sec ni de raffinerie. Les pays même où nous nous ravitaillons en possèdent, mais ils vendent plus cher leur carburant. C’est nous qui amenons le carburant et je suis rentré de Cotonou, au Bénin, rien qu'avant-hier. Ça vaut six mois que le prix du carburant a augmenté un peu partout dans la sous-région et la situation pourrait même empirer à cause de la dernière décision de la Russie relative à la réduction de sa production.L’Etat burkinabè subventionnait le prix du carburant et on peut dire qu'il a vraiment fait des efforts sur ce plan. Malheureusement, actuellement il y a beaucoup de problèmes à résoudre, comme l’insécurité. Il faut que les gens comprennent que c’est la situation actuelle qui commande cette augmentation. Si tout rentre dans l’ordre, les prix vont certainement diminuer », a argumenté Tidiane Ouédraogo, chauffeur routier international.

aachauffNombreux sont également les citoyens qui sont convaincus que cette récente hausse entre dans le cadre de l’effort de guerre demandé et qui estiment que si c’est le prix à payer pour que le Burkina retrouve la quiétude, ils sont partants.

Selon l'un de nos interlocuteurs ayant requis l’anonymat, lui et ses proches sont disposés à supporter cette situation, car la souveraineté ne s’acquiert pas facilement. « C’est l’effort de guerre qui exige cela, donc je ne vois pas ça en mal. C’est le prix à payer pour notre survie. C'est le prix de la liberté et nous, peuple burkinabè, sommes prêt à souffrir. Si notre salut doit venir de là, alors nous sommes prêts. Aucun sacrifice pour la patrie n'est de trop. L'essentiel, c’est que nous puissions sortir victorieux de cette guerre », a-t-il soutenu. 

Ousmane Kiemdé, entrepreneur, pense que la mesure est digeste si elle vise à éviter les ruptures de carburant et à permettre d’acquérir des moyens de combat.

« Pour le Faso, je suis d’accord ; c'est mieux que ce que nous avons vécu en décembre 2022. Les subventions des prix des produits pétroliers alourdissent les dépenses publiques et profitent uniquement aux commerçants. Or, la plupart de ces derniers sont dans le secteur informel, où l'Etat ne peut pas recouvrer les droits. Mieux vaut arrêter totalement les subventions pour éviter d'être des greniers pour les trafiquants internationaux de carburants. Par ailleurs, nous voulons des armes et des moyens pour lutter contre le terrorisme. C’est la contribution de chacun à l’effort de guerre. C’est l'effort que nous devons assumer pour soutenir le président dans ces moments difficiles. Notre souveraineté, c'est notre seule priorité. Seul le sacrifice de tous les Burkinabè peut libérer le pays et quels que soient les obstacles, nous les franchirons ensemble ; on y arrivera. On est prêt à tout supporter », a-t-il affirmé.

aaemployeePar ailleurs, il y a ceux qui pensent que cette augmentation est un fardeau car estimant que les Burkinabè peinent déjà à se trouver de quoi manger. « L’essence est primordiale. Cette augmentation ne nous arrange pas car elle va se répercuter sur les produits de première nécessité. C’est exagéré. Avec 1000 F d’essence, on ne peut pas faire grand-chose. On est en guerre et ça ne va pas dans le pays. Donc, il faut que le gouvernement revoie cette augmentation sinon on va davantage souffrir », a plaidé une employée de commerce.

À sa suite, Ousmane Ouangrawa, mécanicien, a exprimé son mécontentement en ces termes : « Avant, pour avoir 750 F et mettre l'essence c'était déjà compliqué. Arrivé au travail, il est difficile d'avoir une recette de 1000 F par jour. Pour avoir à manger, c’est un problème pour nous, n’en parlons pas d’argent de carburant. Malgré tout, on supportait mais cette fois ce sera trop dur parce que ça ne va pas dans le pays. Si l’Etat peut revoir ce problème, cela nous aidera ».

Pour un autre interlocuteur, fonctionnaire de son état, on ne doit pas comparer l’augmentation du prix du carburant au Burkina  à celle d’autres pays, car les populations n’ont pas les mêmes revenus.

« Les populations souffrent déjà assez. 100 F d’augmentation, c’est trop. Que ceux qui ont pillé la Sonabhy répondent de leurs actes ;  ils ne peuvent pas avoir fait cela et c’est le peuple qui doit payer. Augmenter de 25 ou 50 F, je peux comprendre. Mais jusqu’à 100F, je pense que c'est énorme. Quand les salaires ont augmenté ailleurs, est-ce que ç’a été le cas ici ? En plus, si vous comparez les différents prix de l’essence dans la sous-région actuellement, vous verrez qu’ils sont pratiquement identiques.  Pourtant dans certains pays comme le Sénégal et la Côte d’Ivoire, les salaires sont largement supérieurs aux nôtres. Dans tout ça, c'est le pauvre fonctionnaire qui va davantage souffrir »,  a-t-il affirmé.

Flora Sanou