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Supposée réclamation de deux millions par des propriétaires de camions : « Ça nous a étonné de l’apprendre» (Issouf Maïga, président national FUTRB)

bbfuturbfLe mardi 17 janvier 2023, le chef d’état-major général des armées, le colonel major David Kabré, avait lancé un appel aux personnes de bonne volonté à mobiliser des moyens logistiques nécessaires à titre gratuit ou à prix social, afin de permettre aux forces armées nationales d’assurer le ravitaillement des populations dans les zones d’insécurité. Le samedi 21 janvier 2023, l’Agence d’Information du Burkina informait sur sa page Facebook que des propriétaires de camions réclameraient deux millions de FCFA par véhicule pour le transport des vivres dans les zones à fort défi sécuritaire. Suite à cette information, une équipe de Radars Info Burkina a échangé avec le président national de la Faîtière unique des transporteurs routiers du Burkina (FUTRB), Issoufou Maïga, à ce sujet. Il nous donne sa version des faits dans cette interview.

Radars Info Burkina : Comment avez-vous accueilli l’appel du chef d’état-major général des armées à aider au ravitaillement des zones à fort défi sécuritaire ?

Issouf Maïga : Nous avons répondu favorablement à l’appel de l’armée et nous lui avons disponibilisé 26 camions à titre gratuit depuis la semaine dernière, mais il se trouve qu’elle en veut plus.

Radars Info Burkina : Comme l’armée veut beaucoup plus de camions, quelles résolutions avez-vous prises à votre niveau ?

Issouf Maïga : Nous avons eu des échanges avec les autorités. Lors de ces échanges, nous leur avons expliqué comment nous mobilisons les camions et à combien nous revient un camion. Nous leur avons dit que pour mettre un camion à leur disposition, nous dépensons deux millions (2 000 000) de FCFA et que si elles veulent plus de camions, nous sommes prêts à les accompagner.

Radars Info Burkina : Que répondez-vous à cette information selon laquelle des transporteurs réclameraient deux millions par camion ?

Issouf Maïga : Nous n’avons pas signé de contrat avec eux, nous n’avons pas déposé non plus de facture pro forma à leur niveau. Nous leur avons expliqué tout simplement comment nous faisons pour mobiliser les camions.

Si les autorités sont donc intéressées et pensent que les deux millions que nous avons dépensé par camion dépassent leurs capacités, le minimum c’est de nous dire combien elles peuvent consentir comme effort pour qu’ensemble nous voyions ce qu’on peut faire. Mais tel que c’est fait, on a tendance à croire que c’est une accusation.

 Nous ne savons vraiment pas comment qualifier cela, nous ne comprenons pas l’intention. Nos interlocuteurs ont eu à lancer un appel et la faîtière les a rencontrés pour mettre effectivement 26 camions à leur disposition à titre gracieux. Ils ont souhaité en avoir plus et nous leur avons juste expliqué comment nous mobilisons les camions.

Aucune association n’a ses propres biens ! Ce sont les membres qui s’organisent pour faire face à toute demande. Mais si la demande est au-dessus de leurs capacités, permettez-leur au moins de s’expliquer.

Maintenant s’ils pensent qu’on ne doit pas leur expliquer, nous sommes vraiment limités. Nous ne pouvons pas aller dans le garage de quelqu’un prendre son véhicule sans son accord. Les véhicules déjà mis à la disposition de l’armée ont été entièrement financés par la Faîtière unique des transporteurs routiers du Burkina (FUTRB) à travers des contributions exceptionnelles que nous avons faites et continuons de faire. Excepté le gasoil, l’armée n’a pas payé 1 franc.

Donc ça nous a étonné d’apprendre à travers les médias que des propriétaires de camions réclameraient deux millions (2 000 000) FCFA pour le transport des vivres. Une réclamation, c’est comme si c’était un dû, pourtant ce n’est pas le cas. 

Radars Info Burkina : N’est-ce pas un problème de communication ou de compréhension entre la faîtière et le gouvernement ?

Issouf Maïga : On nous a demandé quelle pouvait être la faisabilité et nous avons expliqué les conditions sur le terrain. Ils n’ont pas manifesté leur accord ou désaccord, ils n’ont pas donné un ordre de commande, aucune proposition écrite n’a non plus été faite. Il n’y a pas d'engagement. Nous n’avons pas signé de contrat où on peut dire que nous avons encaissé de l’argent.

Radars Info Burkina : Comment avez-vous pu convaincre les transporteurs ?

Issouf Maïga : Vu que nous sommes le patronat des transporteurs et que la demande émane de l’Etat, comme nous ne pouvons pas prendre gratuitement leurs camions, nous leur avons proposé deux millions de francs pour qu’ils partent avec le convoi. C’est ainsi que certains transporteurs ont accepté de donner leurs camions avec tous les risques que cela comporte.

Car ce sont bien des risques que nous prenons parce que le besoin du gouvernement est pour une destination inconnue, un temps non maîtrisé. Au-delà des risques, les coûts que nous avons supportés représentent les 2/3 du coût des transporteurs sur le terrain.

Par exemple, actuellement il est impossible d’avoir à moins de trois millions de francs la location d’un véhicule Ouaga-Djibo. Le transport d’une tonne de marchandises coûte 75 000 FCFA. Donc pour un camion de 40 tonnes, ça fait trois millions.

Radars Info Burkina : La FUTRB est-elle prête à continuer d’accompagner le gouvernement ?

Issouf Maïga : Nous restons dans la dynamique consistant à aider l’Etat. Si demain nous avons la possibilité de mobiliser d’autres camions, nous le ferons mais si les bonnes volontés voient que leurs efforts ne sont pas reconnus, cela va les démoraliser. Néanmoins, la sécurité est l'affaire de tous, donc on ne se découragera pas.

Propos recueillis par Flora Sanou