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Sécurité routière : Entre injures et dénigrement, Sabilatou Ibilé régule la circulation

sabilatouNombreuses sont ces femmes qui refusent le gain facile et préfèrent se battre jour et nuit pour subvenir aux besoins de leurs familles. C’est le cas de Sabilatou Ibilé, âgée de 27 ans, femme mariée, qui a décidé de s’engager dans l’association Faso One village depuis juillet 2020 pour contribuer à la promotion de la sécurité routière. Malgré sa condition de femme au foyer, elle fait de la sécurité routière son combat de tous les jours pour aider à réduire le nombre d’accidents. Cet engagement lui permet également de gagner son pain quotidien. Nous sommes allés à sa rencontre.

En effet, dame Ibilé, en position debout, a 12h de travail par jour (6h30 – 18h30) et ce, sous le chaud soleil avec des va-et-vient. Pour elle, c’est un plaisir de se sacrifier pour le bonheur des autres tant que l’on en a la possibilité. Mais à côté de ce sacrifice social, ce travail permet de subvenir à ses besoins, même si l’objectif premier n’est pas financier. « Notre récompense par jour est de 1000 F et je précise que le patron n’exige pas de nous une quelconque somme, contrairement à ce que disent certaines personnes. On lui remet ce qu'on a reçu des bonnes volontés au cours de la journée », a-t-elle expliqué.

Les difficultés, il n’en manque pas ; peu importe le métier. A ce propos, dubitative au début, notre interlocutrice a finalement accepté de nous faire la confidence des difficultés qu’elle rencontre, liées à l’exercice de son métier.

En effet, dit-elle, « j’ai parfois des problèmes avec mon mari à cause de mon travail parce qu’il y a des jours où il m’est difficile de faire la cuisine à cause de la fatigue.  Je monte à 6h30 et je descends à 18h30, donc je n’arrive pas à faire convenablement mes travaux ménagers. En outre, j’ai une enfant que je laisse chez ma grand-mère avant de monter à 06h30 et je dois trouver un créneau à 10h pour aller l’alimenter pour ensuite venir continuer mon travail, ce qui n’est pas facile avec la distance que je parcours ».

Les difficultés ne s’arrêtent pas là ; la plus « grande», précise-t-elle, c’est « l’attitude des usagers lorsqu’on leur demande une contribution en guise de soutien ».

Selon Sabilatou Ibilé, certains usagers, surtout les femmes, en les voyant au bord de la route, les traitent de mendiants (garibou). « Certaines femmes descendent la vitre de leur voiture pour nous rabrouer. Elles n’ont pas de boulot à nous donner mais nous disent d’aller chercher du travail. D’autres usagers nous disent même que ce n'est pas un métier pour les femmes. Ils nous dénigrent à tel point que de nombreuses femmes se sont découragées et ont arrêté le boulot », a-t-elle déploré.

Malgré les paroles dures et les injures des usagers, notre interlocutrice dit rester déterminée à poursuivre ce travail car pour elle, cela est mieux que de rester à la maison sans rien faire. « T’asseoir et t’attendre à ce qu’on te donne tout, ce n’est pas bon », a-t-elle souligné.

Convaincue que réguler la circulation est un travail noble et digne, Sabilatou Ibilé invite les filles à se départir de la paresse, vu que le métier demande beaucoup d’efforts physiques, et à s’engager dans l’association Faso One village.

Flora Sanou