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Education : « Si l’école avait pour fonction de former les enfants pour qu’ils contribuent à développer l’élevage, l’agriculture, elle serait le meilleur outil de développement du Burkina » (Tahirou Traoré, coordonnateur de la CNEPT-BF)

tahiroutraorLe Premier ministre burkinabè, Me Apollinaire Kyélèm, lors de sa déclaration de politique générale le 19 novembre dernier à l’hémicycle, a affirmé que l’enseignement devait faire place à l’éducation, car le système actuel est désincarné. En vue d’adapter l’enseignement aux réalités du Burkina, des réformes ont donc été proposées. A ce sujet, une équipe de Radars Info Burkina a échangé avec le coordonnateur national de la Coalition nationale pour l’éducation pour tous au Burkina Faso (CNEPT-BF), Tahirou Traoré, pour savoir quelle est son appréciation de cette question et recueillir ses suggestions sur lesdites réformes.

Selon le coordonnateur national de la CNEPT-BF, enseigner, c’est instruire (stricte transmission de connaissances) alors que l’éducation prend en compte l’instruction et les aspects liés aux comportements, aux habitudes, aux valeurs de la société et à la vie communautaire. « Quand on éduque quelqu’un, on cherche à le comprendre, à savoir qui il est pour l’amener à avoir un comportement responsable, tandis que l’enseignement est comme le système d’un entonnoir où on déverse les strictes connaissances », a-t-il déclaré. Concernant les réformes proposées par le PM, M. Traoré affirme que ce n’est pas du nouveau. « Ce sont des choses que nous avons entendues et lues. Depuis longtemps, on parlait d’adapter l’école au milieu. Autrement dit, l’école doit prendre appui sur le milieu pour transmettre les connaissances aux enfants, et ces connaissances doivent leur permettre de contribuer à développer leur milieu », a-t-il précisé.

Mais Tahirou Traoré déplore qu’aujourd’hui les taux d’achèvement au niveau du primaire soient d’environ  60% ; c’est dire que 40% des élèves ne terminent pas le cycle primaire. « Or, si l’école apprenait aux enfants à aimer leur milieu en leur apprenant effectivement à s’intéresser à l’agriculture, en faisant comprendre que l’agriculture fait partie des éléments qui contribuent à développer le milieu, même s’ils quittaient l’école, ils pourraient contribuer à développer l’agriculture auprès des leurs. Il en est de même pour l’élevage », soutient-il.

Pour lui, si on arrive à mettre en pratique les propositions du chef de la primature, cela contribuera à réduire les déperditions scolaires et même le taux de chômage. Et notre interlocuteur de poursuivre : « Si l’école avait pour fonction de former les enfants pour qu’ils puissent par exemple contribuer à développer l’élevage, l’agriculture, elle serait le meilleur outil de développement du Burkina car nous sommes un pays à vocation agricole et pastorale. Il y a des élèves qui arrivent à acquérir un certain savoir-faire, des compétences pratiques ; il n’y a rien de tel pour qu’ils puissent s’épanouir et contribuer à l’effort de développement de leur pays. Mais comment y arriver ? » s’interroge-t-il.

De l’avis de Tahirou Traoré, il faut refonder l’école burkinabè. Cela voudrait dire qu’il faut relire les curricula, travailler au changement des mentalités, à faire comprendre aux uns et aux autres que l’école que nous avons ici n’est pas la nôtre mais celle du Blanc.

« Le Blanc est venu avec son école pour travailler à obtenir des agents pour servir son administration. Mais l’école n’avait pas pour vocation de développer le milieu », indique-t-il.

Il y a un travail à abattre pour que cette vision puisse prendre corps et ce n’est pas du jour au lendemain. C’est possible, mais il faut le courage des enseignants et avoir les terres, les espaces qu’il faut, les aménager à côté des écoles pour que les enfants puissent avoir des cours d’agriculture, d’élevage, etc., cela requiert une réorganisation totale de l’école. Il faut recycler les enseignants en changeant leur perception des nouvelles matières qu’on veut inclure ou ouvrir des filières pour les former à l’agriculture et à l’élevage, a conclu M. Traoré.

Flora Sanou