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Sauver le secteur minier de l'insécurité : Le CBMGC et MinesActu.net apportent leur contribution

lesmines uneLe Conseil burkinabè des mines, de la géologie et des carrières ainsi que le journal en ligne MinesActu.net ont tenu une conférence publique ce vendredi 18 novembre 2022 à Ouagadougou. Réunissant plusieurs acteurs du secteur des mines, les deux structures se sont, à cette occasion, penchées sur ce qui pourrait être des solutions aux problèmes qui assaillent le secteur des mines au Burkina Faso en raison du terrorisme.

C’est sur le thème « Le secteur minier face au défi sécuritaire : État des lieux et perspectives » que le Conseil burkinabè des mines, de la géologie et des carrières (CBMGC) ainsi que MinesActu.net ont tenu leur conférence publique ce 18 novembre à Ouagadougou. Subdivisée en deux sous-thèmes, la conférence a été conjointement animée par Harouna Bambara, commissaire général de police, et Elie Kaboré, spécialiste des questions minières. Sur le sous-thème « Etat des lieux de la crise sécuritaire sur le secteur minier », Elie Kaboré a souligné que 2018 a été une année particulièrement difficile pour les mines industrielles au Burkina car environ 6 projets miniers ont été stoppés du fait de l’insécurité et beaucoup de projets de recherche interrompus. Cette situation, a-t-il précisé, a occasionné la perte d’environ 2 400 emplois directs et entraîné un manque à gagner de plus de 25 milliards de F CFA pour le budget national. « Et c’est sans compter le manque à gagner pour les budgets des collectivités territoriales, le manque à gagner pour les sous-traitants », a précisé ce panéliste. Selon lui, c’est aussi un secteur qui a aujourd’hui des difficultés dans l’approvisionnement (convoi de matériel et de personnel) parce que certaines zones sont inaccessibles, ce qui amène les mines à engager d’énormes investissements dans la sécurisation et surtout dans le transport aérien du personnel. A en croire Elie Kaboré, ce sont des charges qui ont un impact significatif sur les impôts que ces mines versent à l’Etat burkinabè.

Les conflits miniers classés 4e au Burkina et beaucoup dommageables

Cette conférence qui s’est voulue interactive a été l’occasion pour le professeur Stanislas Ouaro de soutenir que la question de l’orpaillage est assez délicate et que la mal gouvernance y a un impact terrible. lesmines2Les guerres fratricides entre hommes politiques dans des collectivités, qui ont reçu une part énorme des ressources alors que les projets de développement n’ont pas été à la hauteur, sont des situations qui impactent le secteur. Car pour le Pr Ouaro, les conflits miniers, classés 4e au Burkina Faso et particulièrement dommageables d’après le panéliste Harouna Bambara, sont en partie liés au fait que les populations ne ressentent pas les effets de la contrepartie de l’exploitation minière sur leur développement. Le professeur trouve qu’il faut également prendre en compte les emplois indirects, qui sont 10 fois plus élevés que les emplois directs, d’après lui. « La perte d’un emploi dans le secteur minier a un impact 4 à 5 fois plus élevé que la perte d’un emploi dans le public en raison de l’importance de la différence salariale », a-t-il soutenu. Ce point de vue a été soutenu par Elie Kaboré, qui estime que le drame survenu à Inata en novembre 2021 est en partie lié à la fermeture de la mine de cette localité en 2016. Cette fermeture, selon lui, a mis au chômage plusieurs acteurs qui y intervenaient comme les sous-traitants et les employés, chose qui les expose au recrutement des terroristes. Le commissaire général de police Harouna Gildas Bambara, co-panéliste, a quant à lui indiqué que les sites miniers, source de financement pour les terroristes, sont considérés comme des points de retranchement pour ces derniers.

La solution se trouve au niveau du gouvernement

Le 2e sous-thème de la conférence a concerné « Les pistes de solutions » aux problèmes du secteur minier au Burkina. Pour Elie Kaboré, la solution se trouve au niveau du gouvernement. « C’est pourquoi nous avons formulé cette forte recommandation, à savoir qu’il y ait des assises ou des états généraux sur le secteur minier », a-t-il soutenu. Il faut aussi, selon lui, dans le plan stratégique de sécurisation du pays, prévoir  de s’appuyer sur les mines pour pouvoir sécuriser ces zones qui sont difficilement accessibles. Le commissaire Bambara a plaidé pour l’opérationnalisation de l’Office national de sécurisation des sites miniers (ONASSIM) en lui assignant aussi la mission de lutte contre la circulation des produits dangereux. Le professeur de droit constitutionnel et ex-ministre de la Fonction publique Séni Ouédraogo, lui, trouve qu’il y a lieu de s’interroger sur les motifs réels de fermeture des mines industrielles afin de prendre en compte toute la délicatesse de la question minière. Il s’est dit également préoccupé par les questions de sécurité sanitaire qui pourraient devenir des problèmes de santé publique, selon lui.

« A l’issue de la rencontre, les recommandations seront reversées au gouvernement, notamment au ministère des Mines, le ministère de tutelle », a assuré Elie Kaboré. Le Conseil burkinabè des mines, de la géologie et des carrières (CBMGC) est une structure de la société civile apolitique et à but non lucratif créée le 26 octobre 2021. La conférence du jour a été marquée par la présence d’éminentes personnalités du secteur minier et du monde politique au Burkina Faso. Les propositions de pistes de solutions faites, à coup sûr, seront utiles au gouvernement burkinabè.

Etienne Lankoandé