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Burkina-révolution : « L’administration ne met pas l’administré à son service mais se met résolument au service de ce dernier » (Kalifara Séré, expert en stratégie de territoire)

confer uneLe 3 novembre 2022 à Ouagadougou, le Comité international mémorial Thomas-Sankara a tenu un panel dénommé « A la découverte de la Révolution démocratique et populaire (RDP). Objectif : faire une revue des programmes de développement mis en place par le président Thomas Sankara sous la révolution en vue d’inciter la jeunesse burkinabè à s’en servir pour participer au développement endogène du pays. C’était sous le thème  « Le discours d’orientation politique du CNR et les fondements d’un développement endogène : économie, paysannerie, administration et organisation du territoire ». Deux panélistes ont exposé sur ce thème principal avec des sous-thèmes.

Kalifara Séré, consultant, expert en stratégie de territoire et développement, administrateur civil à la retraite, a communiqué sur « L’administration et organisation du territoire ». Selon lui, les éléments de valeurs cultivés par l’administration sous la révolution sont un facteur clé pour un développement endogène qui pourrait être utile aujourd’hui. « Même sans la révolution, les éléments de principes, c’est-à-dire les principes directeurs, les éléments de valeurs cultivés par l’administration sous la révolution auraient pu servir jusqu’à nos jours », a-t-il déclaré.

Citant l’exemple de l’austérité budgétaire, il a fait remarquer que ce fut un élément clé du fonctionnement de l’administration et de l’organisation de l’ensemble des institutions territoriales. Ainsi, il est revenu sur le processus d’atteinte des performances budgétaires sous le Conseil national de la révolution (CNR).

« Les entités des circonscriptions administratives ont été invitées à une rigueur très dirigiste parce que les éléments de rigueur étaient de temps en temps dictés à travers des lettres circulaires, des lettres d’instructions. La prescription était faite par le président du Conseil national de la révolution lui-même, Thomas Sankara. Celui-ci, au cours de ses tournées dans les circonscriptions, donnait clairement des leçons de valeurs si  bien qu’après son départ d’une zone, tout changeait en termes d’organisation, de gestion de l’administration et de résultats. C’est ainsi que globalement, les circonscriptions administratives ont dégagé des excédents budgétaires », a-t-il expliqué.

confer 2L’administrateur civil a en outre rappelé certains acquis de l’administration sous la révolution. « L’administration a servi à bâtir le socle d’un Etat nouveau dans lequel l’administration ne met pas l’administré à son service mais se met résolument au service de ce dernier, c’est-à-dire de chaque communauté et de l’ensemble des communautés », a-t-il fait savoir. Ainsi, cette « démarche à la fois philosophique, conceptuelle et technico-administrative très particulière aurait dû continuer » pour un bon fonctionnement de l’administration, a-t-il affirmé.

Le journaliste à la retraite et écrivain Sita Tarbagdo, lui, a abordé   le sous-thème « La paysannerie à l’ère de la Révolution démocratique et populaire ».

confer 3Dans son exposé, il a présenté l’état de la paysannerie au Burkina Faso avant la révolution. En effet, selon l’écrivain, la paysannerie était confrontée à des contraintes économiques, politiques, sociales, climatiques, de domination et de soumission ainsi que de spoliation par des forces sociales exploiteuses aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur.

Cependant, avec l’arrivée des révolutionnaires sous la direction du capitaine Thomas Sankara, plusieurs mesures ont été adoptées en vue de changer la donne.

« Le CNR voulait une transformation radicale des mentalités des paysans pour leur faire accepter qu’ils étaient les seuls acteurs de leur propre développement. Il y a eu un certain nombre de mesures qui ont été prises pour leur redonner confiance », souligne Sita Tarbagdo.

 De ces mesures, l’on retient la création d’un ministère de la question paysanne, la construction de 2500 petits barrages, la suppression de l’impôt de capitation et de l’impôt sur le capital élevage. A cela s’ajoutent l’élaboration de plans de développement rural pour organiser les paysans, l'intensification des programmes de formation technique, la production d’engrais organique. Il y a également la fabrication de charrues à partir de carcasses de vieilles voitures, la valorisation de surfaces cultivables autour de grandes retenues d’eau comme le Sourou et la Kompienga. « Malheureusement, ces décisions n’ont pas toujours été exécutées selon les attentes du CNR », s’est-il désolé.

Par ailleurs, a-t-il suggéré, « le monde paysan étant toujours là, en se référant à ce que le CNR avait comme ambition pour cette paysannerie, on pourra enfin mettre cela en œuvre » car pour lui, la vie est une continuité.

En rappel, « A la découverte de la RDP » est une initiative qui consiste à revisiter le programme du président Thomas Sankara en interrogeant directement les acteurs clés qui avaient contribué à sa mise en œuvre afin que la jeune génération puisse s’inspirer des initiatives prises sous la révolution et de voir dans quelle mesure elle pourrait prendre cela en compte dans la construction des politiques publiques actuelles pour permettre au Burkina Faso d’amorcer un réel développement économique, culturel et politique, selon le coordonnateur de ladite activité, Sanpawendé Ouédraogo.

Elle se tient chaque premier jeudi du mois au mémorial Thomas-Sankara et vise à revisiter un aspect de la révolution parmi tant d’autres.

Flora Sanou