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Mandat gratuit des députés : « C’est un sacrifice qu’on leur demande » (Abdoulaye Tao, DP de L’Economiste du Faso)

aataoL’une des décisions issues des assises nationales tenues le 14 octobre 2022 à Ouagadougou est l’exercice d’un mandat gratuit pour les députés. Au lendemain de ce conclave, Radars Info Burkina a recueilli les avis d’Abdoulaye Tao, directeur de publication de l’hebdomadaire économique L’Economiste du Faso, et d’Ibrahima Traoré, président de l’Association des citoyens leaders (ACLE).

Pour Abdoulaye Tao, directeur de publication de  L’Economiste du Faso, le fait de ne pas rémunérer les députés de la transition permet de dépolluer l’Assemblée de ceux qui y vont juste pour les avantages du poste. Maintenant, il faudra regarder le profil de ceux qui seront désignés, à savoir si ce sont des hommes et des femmes capables d apporter un plus au débat parlementaire.

De plus, selon lui, cela participe à la réduction du train de vie de l’État  dans une certaine mesure tout en rappelant  que nous sommes dans un pays en guerre et en transition.  « C’est un sacrifice qu’on leur demande. Et  j’espère que le nouveau gouvernement en tiendra compte également », a-t-il souhaité.

A la question de savoir le profil qui pourrait être le mieux apte pour  prendre les rênes de la présidence de l’Assemblée législative de transition, voici sa réponse : « Qu’importe d’où il vient, pourvu qu’il fasse ce que la loi lui permet de faire : entre autres, contrôler l’action du gouvernement , voter des lois adéquates qui nous permettent de préparer l’après-transition», a-t-il conclu.

aaibraSelon le président de  l'Association des citoyens leaders  (ACLE), Ibrahima Traoré, il faut les bonnes personnes à la place qu'il faut. Et la gratuité du mandat des députés  peut contribuer à avoir ceux qui viennent pour servir véritablement la nation. « Nous sommes très contents de cette décision des Assises nationales. Du reste, nous avions décrié et dénoncé le fait qu'ils soient rémunérés à la sortie des assises sous l'égide de lieutenant-colonel Damiba. Nous le disons et nous le répétons : tant qu’il y a l'argent en jeu, rarement vous obtenez les bonnes personnes. Très souvent, les gens ne viennent pas pour servir mais pour se servir. C'est lorsqu'il n'y a pas à manger que ceux qui viennent pour servir trouvent de la place. C'est la réalité de notre pays. Et c'est triste et malheureux. Quand tu les vois crier sur tous les toits, soit on a  mangé les laisser, soit  ils lorgnent un intérêt égoïste quelque part. C'est ce qui doit nécessairement changer », a-t-il souligné.

Cela ne va-t-il pas impacter le choix des députés et leur efficacité dans le travail ? « Pas du tout. Au contraire, ce rendez-vous avec l’histoire ne doit plus être monnayé entre copains politiques et OSC », répond Ibrahima Traoré. Et d’ajouter : « Nous estimons que les frais de session vont leur permettre de tenir et de bien conduire les activités de législation sous la transition ».

«  Si c'était cela l'objectif, c'est mieux  de gouverner par ordonnance. C'est juste dire aux gens que cette transition va être différente de celle de M. Damiba et de celle de 2014.

Ils vont venir pour travailler et non pour se remplir les poches et préparer les joutes électorales d'après-transition », scande M. Traoré à la question de savoir si l’objectif de cette décision était de réduire le train de vie de l’État.

Mais ce mandat gratuit ne va-t-il pas occasionner des détournements de fonds ? « Non », telle a été la réponse du président de l’ACLE.

« Nous ne le pensons pas. Il y a des détournements de fonds qui se faisaient bien que les mandats soient rémunérés. Si détournement il y a, cela n’est nullement lié à la gratuité du mandat. Peut-être que certains peuvent avoir le malin plaisir d’occasionner des sessions ou de jouer sur la durée de session pour espérer bénéficier davantage de frais de session. Sinon, nous ne voyons pas ce que cela peut entraîner  en termes de détournements de deniers publics », a-t-il soutenu.

« Le seul baromètre pour nous, c’est d’être animé d’une ferme volonté de changement radical, d’avoir le sens du sacerdoce, d’avoir une conviction de doter ce pays de réformes structurelles, de lois et d’institutions à même de faire du Burkina Faso un État-nation. Les gens souffrent, il faut un changement fondamental et susciter l'espoir au sein de la population et surtout de la jeunesse qui croupissent dans le désespoir total en voyant leur pays disparaître sous l’emprise du terrorisme », a-t-il terminé.

Flora Sanou