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Education : Environ 46% des enfants burkinabè n’ont toujours pas accès à l’éducation (Tahirou Traoré, coordonnateur national de la CNEPT)

systemeducatifLe Système éducatif burkinabè est confronté à plusieurs problèmes. Tahirou Traoré, coordonnateur national de la Coalition nationale pour l’éducation pour tous au Burkina Faso (CNEPT-BF), en dépeint certaines des réalités.

Selon lui, les problèmes rencontrés par notre système éducatif sont de trois ordres qui sont : le problème d’accès, la qualité et enfin le problème de gouvernance.

D’abord l’accès à l’éducation constitue le premier problème. Il est vrai que des efforts ont été faits par le gouvernement pour améliorer et accroître l’accès de tous les enfants, sans distinction de sexe, à l’école. Mais aujourd’hui le Burkina a un taux d’alphabétisation d’environ 54%. Ainsi, jusqu’à présent, près de la moitié des enfants burkinabè n’ont toujours pas la chance d’aller à l’école, explique Tahirou Traoré.

Ensuite, le deuxième problème est relatif à la qualité de l’éducation avec son corollaire de problème d’achèvement, ce qui démontre que la qualité des apprentissages ne permet pas à tous les enfants d’avoir la moyenne qu’il faut pour passer d’un cycle ’’A’’ à un cycle ‘’B’’.

En effet, les taux d’achèvement sont bas. Au niveau primaire, par exemple, pour les enfants de 6-7 ans qui entrent à l’école, le taux d’achèvement est d’environ 62%. C’est dire que sur 100 élèves qui entrent au Cours préparatoire première année (CP1), environ 63 parviennent au Cours moyen deuxième année (CM2) et près de 40 élèves n’atteignent pas le CM2.

 Au niveau du post-primaire, c’est-à-dire de la 6e à la 3e, sur 100 élèves qui entrent en 6e, seulement 36 atteignent la classe de 3e, soit un taux d’achèvement de 30 à 40%.

 Au niveau secondaire, sur 100 élèves inscrits en seconde, il n’y a que 20 qui arrivent en classe de terminale. Ces taux d’achèvement relèvent de l’efficacité interne.

Pour ce qui est de l’efficacité externe (la fin du cycle), la plupart des apprenants, même ceux ayant un niveau universitaire, n’ont pas de compétences réelles pour se prendre en charge dans la vie à cause des enseignements basés sur la théorie. Donc le système d’enseignement au Burkina constitue en lui-même un problème.

Hormis ce taux d’achèvement, les taux de succès aux examens sont aussi faibles. A l’école primaire, les élèves n’ont plus la moyenne et cela se perçoit en dents de scie au fil des années.

Par ailleurs, au niveau de l’alphabétisation et de l’éducation non formelle, il n’y a pas de chiffre aujourd’hui qui indique le nombre d’adultes alphabétisés sur les effectifs globaux de la population. Or chaque année, à peu près les mêmes personnes sont alphabétisées et ces dernières tombent rapidement dans l’illettrisme, c’est-à-dire l’analphabétisme de retour (ils ont appris mais comme ils ne travaillent pas avec ce qu’ils ont appris, ils retombent à zéro).

« L’Etat burkinabè a opté de faire faire », souligne M. Traoré. « Au lieu que l’Etat lui-même prenne en charge l’alphabétisation comme dans le système formel, ce sont les opérateurs en alphabétisation qui prestent pour travailler à sa place et il n’y a pas de suivi pour s’assurer que les choses se passent comme il se doit. Tout ce qui a été englouti comme milliards en 2-3 ans, c’est de l’argent qui a été dépensé pour rien ».

Enfin, le problème de gouvernance couronne le tout. En effet, selon le coordonnateur, tout ce qu’on constate comme inefficacité est dû aux choix politiques, à la gouvernance. « Quand on ne fait pas de bons choix, on a le plus souvent des difficultés et c’est au niveau des politiques éducatives », a-t-il déclaré.

Par exemple il y a eu le Plan décennal de développement de l’éducation de base (PDDEB) qui a couru de 2000 à 2010. Son objectif était d’accroître l’accès à l’éducation. A ce niveau l’on peut dire qu’il y a eu des progrès car le taux d’alphabétisation est passé de 40% à 70%, souligne-t-il. Cependant en termes de qualité, il y a eu une grande perte, déplore-t-il.

De 2012 à 2021, le Programme de développement stratégique de l’éducation de base (PDSEB) a été mis en place. Son objectif, c’était d’améliorer la qualité de l’éducation mais les indicateurs ont plutôt chuté, à en croire le coordonnateur Traoré.

Par exemple en français, le nombre d’élèves qui peuvent obtenir la moyenne sur 100 apprenants n’atteint pas 50%. En mathématiques c’est encore pire, selon Tahirou Traoré, car dans les classes de 6e et 5e, 28% seulement peuvent avoir la moyenne.

Pour lui, ces difficultés sont liées à la gouvernance, c’est-à-dire au choix des politiques, à leur mise en œuvre, à la coordination et au suivi-évaluation. « Il n’y a pas de cohérence entre les défis du système éducatif burkinabè et les activités qui sont retenues pour être mises en œuvre.

Le budget de l’éducation a été multiplié à l’infini alors que dans le même temps sa qualité chute de façon vertigineuse. Les ressources allouées à l’éducation sont dépensées dans des activités qui ne permettent pas d’améliorer la qualité de l’éducation. Beaucoup d’argent est investi pour peu de résultats », a conclu Tahirou Traoré, coordonnateur national de la Coalition nationale pour l’éducation pour tous au Burkina Faso.

Flora Sanou