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Situation des aides-ménagères au Burkina : Les textes juridiques régissant cette corporation peinent à être ratifiés

aides ménagèresLes aides-ménagères sont le plus souvent confrontées à des difficultés dans l’exercice de leurs tâches. Elles subissent  des traitements dégradants, ploient sous la surcharge de travail et reçoivent une rémunération en deçà de l’effort fourni. Selon le Centre de recherche et d’action sur les droits économiques, sociaux et culturels (CRADESC), en 2018 on dénombrait 59 158 travailleurs domestiques au Burkina, dont 75% de femmes. Face à toutes ces difficultés que vivent ces personnes, le Burkina Faso a adopté la convention C189, laquelle définit les droits et les devoirs des travailleuses domestiques. Malheureusement, cette convention peine à être ratifiée.

La situation des aides-ménagères est assez préoccupante, selon Marie Yonli, membre de l’Association des femmes juristes (AFJ) du Burkina Faso. « Elles se retrouvent seules entre quatre murs, donc n’ont pas l’occasion d’échanger avec leurs camarades pour engager des actions, prendre des initiatives. Elles n’ont pas d’heure de repos. Ce sont elles les premières à se lever le matin et les dernières à se coucher la nuit. A cause de la précarité de leur emploi, elles n’ont pas de moyen de déplacement ni de cadre pour se rencontrer et mener des activités. Celles qui sont logées chez leur employeur n’ont pas de jour de repos en tant que tel. De plus, elles sont victimes de toutes sortes de violences : sexuelles, morales, physiques, etc. D’où la nécessité de textes qui les protègent », a-t-elle détaillé.

L’Association des femmes juristes s’est fixé pour mission d’accompagner les travailleuses domestiques en vue de  la ratification de la convention C189, qui est une norme internationale, et de l’adoption d’une loi spécifique qui va mieux les protéger. Cette convention, qui est un ensemble de textes adoptés au niveau international qui encadrent le travail des domestiques, a été adoptée il y a 25 ans par le Burkina Faso.

D’après Marie Yonli, au niveau national, c’est le Code du travail qui encadre le travail de façon générale. Les travailleuses domestiques sont donc aussi régies par ledit code, mais certains aspects spécifiques à ces dernières n’y sont pas pris en compte.

« Il y a aussi le décret 807, qui a été pris en 2010  pour encadrer le travail des gens de maison (jardiniers, chauffeurs, aides-ménagères). Ce texte non plus n’est pas complet car même s’il encadre la rémunération, les congés,  les heures de repos et les contrats de ce personnel, il ne prend en compte ni la question des  libertés syndicales ni celle de la protection sociale », précise Mme Yonli.

Dans cet accompagnement que l’AFJ envisage d’apporter aux aides-ménagères, il est aussi prévu la formation et la sensibilisation à un certain niveau pour mieux accompagner ces dernières. «Aujourd’hui, il y a des gens qui engagent des travailleuses domestiques et 1 à 2 mois après, celles-ci désertent et c’est la galère encore pour l’employeur.  Nous pensons que si elles sont bien encadrées, bien formées, bien sensibilisées, chacun va jouer sa partition : les travailleuses domestiques vont travailler correctement, avec une certaine compétence,  et les employeurs également vont honorer leurs engagements », a-t-elle indiqué.

L’AFJ mène le combat avec les aides-ménagères et souhaite vivement que l’Etat burkinabè prenne les  dispositions nécessaires à la ratification de la convention C189 et qu’il adopte une loi spécifique encadrant le travail des domestiques.

Nafisiatou Vébama