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Radars au tribunal : Ils racontent des versions différentes devant le procureur et le juge et justifient cela par la peur d’être torturés

aardardO. Pasgo et S. Goumbri ont comparu au Tribunal de grande instance (TGI) Ouaga I ce 13 septembre 2022 pour vol de vélomoteurs dans des parkings de la ville de Ouagadougou. Leur mode opératoire : cibler les parkings et y soustraire des motos la nuit en faisant croire au parkeur qu’ils ont égaré leur ticket. Devant le tribunal, les deux prévenus ont raconté des versions autres de celles qu’ils avaient livrées à la gendarmerie et au procureur. A la question de savoir pourquoi leurs propos diffèrent, ils ont répondu avoir raconté des histoires sous le coup de la torture.

Pasgo est un récidiviste. Il avait déjà été emprisonné pendant 1 an dans une affaire de faux billets. Cette fois-ci, il est accusé d’avoir volé des vélomoteurs dans des parkings des quartiers de la ville de Ouagadougou. Il reconnaît les faits mais précise qu’il ne s’agit que d’une moto prise dans un parking.

Lorsque le juge lui a donné la parole, voici comment il a narré les faits : « Un soir aux environs de 20h, S. Goumbri m’a appelé et m’a dit qu’il était avec un de ses amis et qu’il allait venir me chercher. Je suis allé les trouver buvant de l’alcool et j’en ai pris avec eux. L’ami de S. Goumbri devait aller le déposer et moi je devais marcher pour regagner mon domicile. Chemin faisant, j’ai remarqué un parking près d’un maquis et je suis allé pour prendre une moto en disant au parkeur que j’avais perdu mon ticket. Il a refusé de me donner la moto et m’a dit d’aller rechercher le ticket dans le maquis. J’ai fait semblant de chercher et je suis revenu lui dire que je n’avais pas retrouvé le ticket. Il a finalement accepté que je prenne la moto, non sans avoir pris mon contact et l’immatriculation de la moto. » O. Pasgo persiste à dire que son ami S. Goumbri n’est mêlé, ni de près ni de loin, au vol qu’il a commis. S. Goumbri est accusé d’être complice de O. Pasgo, celui qui est chargé de cibler les parkings les nuits et envoyer O. Pasgo pour son forfait. Mais à la barre, il ne reconnaît pas les faits. Il clame qu’il n’est impliqué dans aucune manœuvre de vol avec son ami.

Voyant que ces deux prévenus livraient des versions différentes des déclarations qu’ils avaient faites à la gendarmerie et devant le procureur, le juge a repris leurs déclarations et les a lues. O. Pasgo, qui reconnaît n’avoir volé qu’une moto, avait pourtant avoué devant le procureur et la gendarmerie qu’il avait volé 3 motos avec la complicité de S. Goumbri et d’une autre personne. Il dit que ce sont eux qui ciblaient les engins dans les parkings et que c’est celui-ci qui les soustrayait. S. Goumbri avait déclaré être impliqué dans les différents vols. Les deux prévenus affirment aux juges qu’ils ont menti dans les déclarations parce qu’ils étaient torturés.

Le juge demande : « Donc le procureur vous a également torturés ? » Réponse : « Non mais, on a cru qu’on nous ferait la même chose qu’à la gendarmerie.»

Le procureur dit être convaincu que ces deux personnes se sont entendues pendant leur séjour en prison pour innocenter une personne.  « Vous avez raconté clairement les faits à la gendarmerie et devant le procureur et vous venez raconter autre chose ici ! Vous vous êtes entendus pour nous mentir », clame le procureur. O. Pasgo réplique : « En toute sincérité, j’ai menti sur S. Goumbri sinon il n’a pas participé au vol. »

Pour le procureur, le prétexte de la torture ne tient pas parce que c’est le refrain utilisé par plusieurs prévenus qui se présentent à la barre. « Je suis convaincu que vous opérez ensemble, les enquêtes l’ont même prouvé. C’est votre spécialité. Mieux vaut reconnaître les faits, parce qu’une faute avouée est à moitié pardonné », a déclaré le procureur.

Mais les prévenus sont restés sur la position qu’ils ont défendue devant le tribunal ce 13 septembre 2022. Le délibéré est renvoyé au 23 septembre 2022.

Nafisiatou Vébama