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Bras de fer entre le Mali et la Côte d’Ivoire : Probables conséquences sur l’économie des deux pays.

taoLe 10 juillet 2022, 49 soldats ivoiriens ont été arrêtés à Bamako par les autorités de la transition malienne. Cette arrestation semble créer une tension diplomatique entre les deux pays, si bien qu’on ne peut s’empêcher de se demander si cette situation n’aura pas des répercussions sur l’économie de ces deux pays. A ce sujet, Radars Info Burkina a rencontré le directeur de publication du journal L’Economiste du Faso, Abdoulaye Tao, le vendredi 29 juillet 2022 à Ouagadougou. Il donne sa lecture de la situation.

 Sur le plan économique, la Côte d’Ivoire entretient d’importantes relations commerciales, de transit et sur le plan du transport routier avec le Mali. En effet, la Côte d’Ivoire reçoit par mois plusieurs centaines de camions chargés de moutons et de petits ruminants.

Selon le DP de L’Economiste du Faso, le Mali est un grand importateur et il n'a pas de port, donc en cas de crise cela créera forcément des préjudices. Pour la terre d’Eburnie, ce sera sans doute un coup dur pour ce qui est du transit sur son corridor ou concernant tout le fret afférent au transit des marchandises, le magasinage…

Pour Abdoulaye Tao, c’est un incident diplomatique mais aucun des deux pays n’a intérêt à ce que cette crise s'accentue et débouche, par exemple, sur une fermeture des frontières car si cela arrivait, ce sont tous les deux Etats qui seraient pénalisés.

 <<Le Mali vient de sortir d’une crise de sanctions de la CEDEAO et s’il doit refermer une de ses frontières à peine ouverte, ça ne l'arrangera pas. Il a besoin de souffler. Les sanctions économiques n'arrangent aucun des deux pays. Le Mali a beaucoup à perdre car la Côte d’Ivoire est son important partenaire en termes d’échange. En effet, elle absorbe  35,9% des exportations d’animaux vivants. En ce qui concerne les importations dans l’espace UEMOA, celles communautaires du Mali mettent en évidence le Sénégal et la Côte d’Ivoire comme principaux fournisseurs. Les parts respectives de ces deux pays dans les importations communautaires du Mali sont de 45,5% et 35,4% en 2020, après 51,7% et 30,8% en 2019, précise le document de la BCEAO>>, souligne notre interlocuteur.

Toute la CEDEAO avait fermé les frontières et la Côte d’Ivoire était un  des grands corridors  du Mali au moment où la CEDEAO avait demandé de fermer les frontières mais le Mali a survécu. Ainsi, peut-il craindre de tenir face à la Côte d’Ivoire seule ?

<<S’il y a fermeture de route ça va coûter  au Mali car ça va lui revenir cher avec le corridor pour transporter ses marchandises. Tous ceux qui se sont précipités sur le corridor Abidjan-Bamako vont se réorienter ailleurs alors, des frais supplémentaires s’ajouteront, chose qui n’arrangera aucun des deux pays, surtout  pas la Côte d’Ivoire qui est un pays côtier. Elle irrigue le Burkina Faso et le Mali donc ils ont intérêt à ce que les camions de ces deux pays viennent chercher les marchandises et créent des frais de route et de douane où il y a un certain nombre de taxes à payer. Théoriquement, les échanges profitent à deux pays. Maintenant, ce sont des volontés politiques, un des deux pays peut accepter de perdre et fermer ses frontières pour faire mal à l’autre de sorte qu’il accepte les conditions. Cependant ces deux pays n’en ont pas besoin mais comme c’est politique, les pays préfèrent souvent assumer les conséquences>>.

Au regard de toutes ces conséquences que cette tension pourrait créer sur l’économie des deux pays, M. Tao pense qu'ils éviteront d'en arriver là et que c’est même une aubaine pour clarifier les missions de la MINUSMA.

<<En réalité, le Mali tient une occasion de clarifier un certain nombre de choses au sein de l’armée, notamment les missions et les contingents de la MINUSMA. Ses dirigeants ont saisi l’occasion pour essayer d’avoir le maximum de clarté possible parce que c’est un pays en guerre et on sait qu’il y a beaucoup d’intérêts en jeu. Ce n’est pas que le Mali soupçonne la Côte d’Ivoire d’un coup d’Etat mais je pense qu’ils ont là un moyen de pression sur les Ivoiriens pour que et l’ONU et la Côte d’Ivoire clarifient un peu de ce qu’elles font au sein de la MINUSMA>>, a-t-il conclu.

F.S.