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Vente de journaux papier : Une activité en régression

journaux uneLes journaux papier sont de moins en moins vendus au Burkina. Cette régression est justifiée de diverses façons par quelques acteurs du domaine que nous avons rencontrés le lundi 13 juin 2022 à Ouagadougou.

Après le piratage, considéré comme l’une des raisons de la mévente des journaux, force est de reconnaître que d’autres facteurs entrent en ligne de compte.

Madi Compaoré, vendeur de journaux depuis 2005, déplore une mévente depuis 2015. Les raisons invoquées par ce dernier sont, entre autres, l’évolution de l’internet, les informations y étant publiées avant la parution du journal papier. Selon ce dernier, « les ventes ne sont plus comme avant. Les avancées technologiques font que les lecteurs sont plus orientés vers le fichier mobile que vers l’achat du journal papier. Les méventes se situent beaucoup plus au niveau des quotidiens. Je pouvais vendre 50 exemplaires de L’Observateur Paalga et 50 autres du journal Le Pays par jour. Mais actuellement, quand je prends 20 journaux de ces organes, je peine à les écouler. Pour ce qui est des journaux Le Reporter, L’Événement et le Courrier confidentiel, il y a une satisfaction en matière de vente ». 

Pour le responsable de la vente à la criée des journaux de L’Observateur Paalga, Edouard Tapsoba, la situation politique et économique du pays serait à la base de la mévente des journaux. « Le marché a chuté pour plusieurs raisons : par exemple, l’Administration ne fonctionne plus comme avant. Les journaux vivent des annonces et des publicités. Mais  la situation politique actuelle du pays amène les uns et les autres à une résilience. Ainsi, il n’y a  plus d’annonces en tant que tel. Or, plusieurs lecteurs achètent pour les annonces. Donc il n’y a plus un grand intérêt pour ces lecteurs », a-t-il signifié.  Et cela affecte évidemment la vente. Avant, nous produisions  12 000 exemplaires par jour mais aujourd’hui nous peinons à tirer même 6 000. C’est une grande perte car la rame qui était à 100F est passée à 250F et avec cette mévente qui s’ajoute, c’est vraiment dur, a-t-il ajouté.

journaux 2Par ailleurs, la saison des pluies qui s’annonce constitue également une entrave. En cas de pluie, la mévente est plus importante, selon M. Compaoré, car dès que la pluie te trouve à la maison, il est difficile de se rendre au lieu de distribution le plus tôt possible. Or les journaux sont achetés par les travailleurs en partance pour le service. Donc les ventes de ce jour tombent à l’eau.

Pour M. Tapsoba, la saison des pluies occasionne un décalage de sortie et cela entraîne des méventes. En effet, pour lui, l’information du jour expire à partir de 14h et si la distribution n’est pas faite à temps pour permettre aux lecteurs de se les procurer, les journaux resteront.

Interrogée sur la question, Mme Caroline Yaguibou, responsable commerciale du journal L’Economiste du Faso, affirme que la saison des pluies impacte négativement la distribution et la vente des journaux. « En cas de pluie, il est difficile d’aller prendre les journaux à l’impression pour les apporter au siège du journal et procéder à la distribution. Les vendeurs aussi ne sortiront qu’après la pluie, donc il n’y a pas de bonne recette ce jour. Les journaux qui restent sont revendus aux peintres et aux vendeuses de gâteaux et cela allège un tant soit peu les pertes », a-t-elle signifié.

Face à ces difficultés, des solutions ont été proposées, notamment le port des imperméables en vue de continuer le travail même en cas de pluie. Mais cela est-il suffisant pour assurer les ventes et la distribution, quand nous connaissons la manière dont les pluies tombent (vent, poussière…) ?

En outre, il s’agit de revoir la distribution du journal en fichier PDF, voire d’y mettre fin afin de relancer la vente des journaux papier, a suggéré M. Compaoré. En cette ère du numérique, cela serait-il possible ? Les réflexions doivent être davantage approfondies pour que chacun y trouve son compte.

Flora Sanou