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Assassinat de Thomas Sankara : Le témoin Emile Nacoulma avoue avoir honoré le vœu de Sankara après sa mort

dec uneSuspendue le vendredi 17 décembre, l’audition des témoins a repris ce lundi 20 décembre 2021 à la salle des banquets de Ouaga 2000, où se tient le procès sur l’assassinat de Thomas Sankara et de douze de ses compagnons.

Adjudant à la retraite, Emile Nacoulma était le chef du premier groupe de la sécurité rapprochée du père de la révolution au moment des faits. Dans son récit à la barre, il affirme qu’il était de garde toute la journée du 14 octobre 1987 et dans ce sens, il a passé toute la journée avec le président Thomas Sankara. Inquiet des rumeurs qui couraient les rues, le sergent-chef Emile Nacoulma soutient qu’il a demandé à Thomas Sankara ce qui n’allait pas et pourquoi ne pas mettre fin à cela. « Le président Sankara m’a regardé et a dit : qu’est-ce que tu crois ? Tu n’es pas plus intelligent que moi. Si je le veux, d’un revers de la main je balaie tout ce qu’ils sont en train de préparer. Si je le fais, le sang va couler de la présidence jusqu’à Bobo-Dioulasso. Je ne veux pas cela. Je préfère que le sang coule du palais à la présidence », a détaillé le témoin à la barre. Puis il ajoute : « Il m’a dit : cela peut arriver. Mais de grâce, n’oublie pas Auguste et Philippe. » Selon les dires du témoin, c’était la première fois que Thomas Sankara n’avait pas pu lever le regard. dec 2C’est ainsi que dès les premiers coups de feu, selon le témoin, pendant qu’il se trouvait à la présidence, il a tenté de joindre le Conseil de l’entente où se trouvait le président Sankara par l’entremise de sa sécurité rapprochée sans suite, puis lorsqu’il apprend par la radio les évènements, qu’il se rappelle l’aveu que le président lui a fait la veille sur la sécurité de ses enfants. « Avec la voiture personnelle, je suis allé au palais chercher les enfants. On a emprunté la voie menant à Ouidi et on a fait une halte dans une famille. J’ai confié les enfants (Auguste, Philippe et une petite Tchadienne dont Thomas avait la charge) à un caporal qui a continué le chemin avec un blindé pour les conduire chez leur maman », a rapporté le témoin Emile Nacoulma. C’est ainsi que, toujours selon le témoin, les enfants ont été mis en lieu sûr comme l’avait recommandé leur père, le président Sankara. dec 3Plusieurs autres témoins sont passés à la barre ce lundi, notamment Ambroise Amadou Diarra, numéro 2 de la Force d'intervention du ministère de l'Administration territoriale et de la Sécurité (FIMATS). Avec lui, il a été question de précision sur la supposée neutralisation de la FIMATS par le lieutenant Tibo Ouédraogo (mobile de son accusation). A la barre, Ambroise Amadou Diarra a déclaré que le 15 octobre 1987, le lieutenant Tibo Ouédraogo est venu au camp de la FIMATS accompagné de 8 militaires à bord d’un Véhicule léger de reconnaissance et d’appui (VLRA). « Tibo Ouédraogo a certainement reçu l'ordre de venir désarmer la FIMATS mais à son arrivée, il a exécuté l'ordre d'une autre manière ; à sa manière. Peut-être parce qu'il s'est rendu compte que ce qu'on disait sur la FIMATS n'était pas vrai. Il n'a pas été du tout agressif. La cohabitation a été pacifique », a-t-il déclaré. Cela confirme les propos de l'accusé lorsqu'il est passé à la barre. Il avait en effet dit qu'il n'était pas d'accord pour exécuter la mission qu'on lui a confiée et que sur les lieux, plutôt que de neutraliser cette force, il l'a plutôt pacifiée, ce qui lui a valu un emprisonnement de deux ans.

L’audience a été suspendue et reprendra demain mardi avec les questions des parties au témoin. Ensuite, d’autres témoins seront appelés, dont Alouna Traoré, un survivant des évènements du 15 octobre.

Sié Mathias Kam