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LIGNE ROUGE / TNT au Burkina : La SBT, un pompier pyromane foncièrement budgétivore ?

sbtPensée pour être un instrument à qualité de retransmission indéniable et à rentabilité économique certifiée, la SBT (Société burkinabè de télédiffusion), dans sa forme actuelle, est une grosse déception pour les promoteurs de télévisions privées du Burkina Faso. La redevance TNT s’élève à 75 000 000 F CFA, hors taxes, par chaîne de télévision par an, pour la couverture nationale, et à 88 500 000 F CFA, toutes taxes comprises. Ces montants sont notoirement largement insoutenables pour les entreprises audiovisuelles, au regard de l’environnement et de leurs réalités économiques. Les états financiers annuellement déposés au CSC et aux impôts l’attestent. Mieux, le 3 novembre 2021, réuni en Conseil des ministres, le gouvernement burkinabè a officiellement remis en cause le modèle économique de la SBT en instruisant le ministre de la Communication de trouver un mécanisme plus opérant. En somme, la SBT, pour sa propre survie, doit « panser » et repenser son mode de fonctionnement. Les télévisions privées au Burkina Faso sont confrontées à d’innombrables difficultés au point que le gouvernement a créé le Fonds d’appui à la presse privée (FAPP).

Le droit à l'information est garanti par la Constitution et la presse privée y contribue.  Et ce droit constitutionnel reconnu est pris en charge par des promoteurs privés. La SBT devait plutôt déployer des initiatives dans le but de renflouer les caisses des télévisions, car elles produisent du contenu immatériel consommé par des téléspectateurs dont le nombre est de plus en plus croissant. La taxe sur le développement des activités audiovisuelles de l'Etat , taxe parafiscale, va dans le panier commun et n’est pas affectée aux médias. Pire, le ministère de la Communication paie les factures d'eau et d'électricité de la télévision nationale.

Une réflexion est nécessaire et impérieuse sur l'accès aux médias  télévisuels nationaux.

Dans de nombreux pays africains,  l'accès aux chaînes nationales est conditionné par un abonnement. Le Burkina Faso ne gagnerait-il pas à s’inspirer de ce modèle au lieu d’opérationnaliser un simulacre de racket à travers un chantage éhonté ?

Qu’en est-il des produits dérivés que la SBT devait promouvoir ?

Pour sa propre survie, la SBT doit être un vecteur de promotion des télévisions privées ; pas un obstacle à leur existence, leur essor. Fort heureusement, la majorité des télévisions suspendues des signaux de la TNT au Burkina Faso continuent de dérouler leurs programmes via CANAL+, une entreprise étrangère mieux structurée, mieux organisée et moins onéreuse que la SBT. Par ailleurs, son taux de couverture est plus important. En somme, bien que des dizaines de milliards aient été investis pour mettre sur pied la SBT, celle-ci se révèle une société mal pensée avec moins d’envergure que CANAL+. Quel intérêt l’Etat a-t-il à créer une société qui, au lieu de promouvoir le pluralisme médiatique, travaille plutôt à le  freiner ?

Quel intérêt l'Etat burkinabè a-t-il à taxer des télévisions privées alors même qu’il a tiré de la libéralisation des fréquences plus de 220 milliards de FCFA ?

L' enjeu du contenu de nos médias et de la production audiovisuelle doit être au cœur de nos préoccupations. La dernière frontière de l’existence de nos Etats est culturelle. Nous  ne devons pas, pour des intérêts mal pensés, perdre cette bataille.

Richard Tiéné