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Coup d’Etat du 15 octobre 1987 : « Thomas Sankara a reçu deux balles : l’une dans la tête et l’autre dans le thorax », d’après un témoin

trl uneLes témoignages se sont poursuivis ce mardi 7 décembre à l’audience du procès Thomas et 12 autres, tués au Conseil de l’entente. Sept témoins sont passés à la barre et chacun y est allé de sa version des faits. L’un d’entre eux a même affirmé que le président Sankara s’est écroulé sous ses yeux après avoir reçu deux balles coup sur coup.

Persuadée que les témoins Laurent Ilboudo, Drissa Sow et Claude Zidwemba se sont concertés pour charger son client Bossobè Traoré, Me Maria Kanyili a fait une requête au président de la Chambre de première instance du tribunal militaire. Elle a demandé que ce dernier fasse application de l’article 120 du Code de justice militaire en ordonnant l’arrestation des 3 témoins. Ces derniers ont, tout au long de leur témoignage, nié le fait que Bossobé Traoré faisait partie de leur groupe de garde du président Sankara. Mais cette requête de l’avocate n’a guère prospéré.

Après cet épisode, c’est le témoin Pegwendé Issouf Sawadogo qui a été appelé à la barre pour faire sa déposition. Sergent-chef et en service au secrétariat du Conseil de l’entente au moment des faits, il a dit qu’il était de service le jour du coup d’Etat. Dans son témoignage, il affirme que c’est de son bureau au Conseil qu’il a entendu les coups de feu. « Les balles ont brisé ma fenêtre. J'ai sursauté et au même moment le téléphone a commencé à sonner. Je n'ai pas pu répondre. Dans le couloir, il y a une voiture qui est arrivée, s'est engouffrée et a bloqué le passage. J’ai trouvé une issue pour sortir les mains en l’air devant la porte de mon bureau. Le président aussi est sorti devant la salle où se tenait la réunion. Nabié Nsoni a tiré et touché à la tête le président devant moi. Maïga a tiré sur le thorax du président. Il s’est ensuite baissé pour prendre le PA du président », a narré le témoin. Toujours selon lui, c’est après que le président fut tombé que Hyachinte Kafando est arrivé du côté ouest. Dans sa tentative de fuite, il est arrêté et conduit dans la chambre où dormait Hyachinte Kafando. trl 2« Une fois à l’intérieur, j’ai vu un crâne humain avec de la cendre. Ils ont cassé un œuf mettre dedans. J'ai eu des nausées et des vertiges. Arzouma Otis Ouédraogo m'a donné un coup de poing dans le ventre, j'ai vomi et je suis resté dans cette chambre jusqu'au matin », a confié le témoin. Selon Pegwendé Issouf Sawadogo, le jour de sa libération, il a également été brutalisé par Hyacinthe Kafando. « Le matin, quand on nous a libérés, Hyacinthe Kafando m’a demandé pourquoi je le regardais comme ça. Il m’a dit que mon chef était mort et m’a serré les cols en me disant que si je m’amuse, il va me donner à ses éléments pour me ‘’faire faire’’ », a conclu le témoin. A sa suite, c’est Boubié Bamouni, de la garde présidentielle au moment des faits, qui a fait sa déposition. Il dit qu'il devait échanger avec le président Sankara juste après sa réunion au Conseil. C'est pendant qu’il y était qu'il a vu Thomas Sankara recevoir les balles. Il n'a cependant pas donné de nom, prétendant ne plus avoir une bonne mémoire 34 ans après.

Sansan Hien dit Kodjo, adjudant-chef au moment des faits, en service à Pô, a succédé à Bamouni à la barre. Il a affirmé que Gilbert Diendéré, le 15 octobre après les évènements, l'a envoyé faire le tour de Ouagadougou pour tenir en alerte les autres garnisons. Des propos infirmés par le général Diendéré, qui affirme que l’état d’alerte se fait automatiquement quand il y a une situation de ce genre. Aimé Alexis Zongo a pris la relève à la barre. Il était le chef des engins blindés du Conseil en octobre 87. Il dit qu’il était à l’école du génie militaire quand il a entendu les coups de feu. Précipitamment, il s’est alors rendu au Conseil. « La petite porte étant fermée, je suis passé par la grande. J’ai aperçu le lieutenant Gilbert Diendéré. Les tirs avaient cessé. J’ai demandé au lieutenant ce qui se passait. Il m’a répondu : c’est comme ça et c’est arrivé, en tendant la main vers le secrétariat. J’ai avancé et j’ai reconnu le corps du président Sankara. Je suis revenu vers Diendéré et j’ai demandé la conduite à tenir. Il a dit de prendre les blindés pour aller boucler les sorties », précise le témoin. Jean Babio Bationo, infirmier au Conseil, Wendyélé Sawadogo chef du détachement du BIA, basé au moment des faits à l’ENAM, et le sergent Moumouni Koeba ont tous fait leur témoignage.

Suspendue, l’audience reprend le mercredi 8 décembre 2021 avec le témoin Léonard Domboué.

Sié Mathias Kam