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Assassinat Thomas Sankara : Les explications de la garde rapprochée du défunt capitaine

bossob uneLes témoignages se poursuivent à l’audience du procès Thomas Sankara et ses 12 compagnons. Après Ismaël Abdoulaye Diallo, trois éléments de la garde rapprochée de Thomas Sankara, à savoir Laurent Ilboudo, Drissa Sow et Claude François Zidwemba, tous de garde le 15 octobre 1987, ont été entendus. De leur témoignage, il ressort qu’ils ont été surpris et n’ont pas pu répliquer, mais leurs déclarations chargent Bossobé Traoré, accusé de « traîtrise ».

Sergent-chef au moment des faits, chef de l’équipe qui a convoyé le président Thomas Sankara au Conseil de l’entente, le témoin Laurent Ilboudo a déposé ce matin. Après que Thomas Sankara fut entré dans la salle où il devait y avoir réunion, il en a profité pour aller saluer ses frères d’armes au secrétariat. C’est de ce lieu qu’il entendit les coups de feu. Sorti voir ce qui se passait, il tombe nez à nez avec Hyacinthe Kafando qui le désarme. Il est ensuite conduit, avec d’autres personnes, par Arzouma Ouédraogo, dit Otis, derrière le bâtiment. C’est étant couché qu’il entend les tirs s’intensifier. Avec les autres "otages", ils sont ensuite conduits dans une villa où ils sont enfermés. Avoir eu la vie sauve, selon Laurent Ilboudo, est du au fait qu’il ne savait rien des évènements. Du moins, c’est ce qu’il a confié à la barre, ajoutant que ce sont les propos que Hyachinte Kafando lui a tenus. Enfermé, c’est le 16 octobre matin qu’il revoit le soleil grâce à Gilbert Diendéré, accompagné de Hyacinthe Kafando et de Tibo Ouédraogo. Ce dernier, appelé à la barre pour une confrontation avec le témoin Ilboudo, a nié les propos de ce dernier. Il affirme qu’il n’a jamais mis les pieds le 16 octobre au Conseil de l’entente. Gilbert Diendéré, lui, confirme avoir bel et bien libéré Laurent Ilboudo.

bossob 2S’agissant de Bossobé Traoré, Laurent Ilboudo affirme que ce dernier ne faisait pas partie de son équipe. Rappelé également à la barre, l’accusé Bossobé Traoré affirme que c’est à pied qu’il a rejoint la présidence depuis le palais avant d’embarquer avec l’équipe pour le Conseil. Laurent Ilboudo est formel : Bossobé Traoré ne faisait pas partie de son équipe. Laurent Ilboudo ajoute que c’est Bossobè Traoré, également membre de la garde du président Sankara, qui les a trahis en alertant le commando qui a mené l’attaque juste à leur arrivé au Conseil. « Si personne ne les alertait, personne n’aurait su à quel moment nous avons démarré et nous sommes arrivés », dit-il.

Après lui, un autre garde du corps de Sankara, Drissa Sow, a déposé. Sergent au moment des faits, il a confirmé pour sa part qu’effectivement Bossobé Traoré ne faisait pas partie de leur équipe. bossob 3Il n’a même pas vu Bossobé Traoré au Conseil de l’entente. Claude François Zidwemba, troisième élément de la garde rapprochée de Thomas Sankara, également appelé à la barre, a témoigné en ces termes : « Nous étions postés chacun à son poste quand une 504 blanche, qui était celle de Blaise Compaoré, a foncé sur nous dans le couloir. J'ai automatiquement sauté dans le bureau où était le président Thomas Sankara. Il m'a demandé qui étaient ceux qui tiraient, j'ai répondu que c’étaient des éléments de Blaise. Il a remué la tête. Il a déposé son arme, moi également et je suis sorti en premier. Hyacinthe Kafando qui était à la porte m'a fait coucher à plat ventre à côté de Der Somda et Walilaye Ouédraogo. Ensuite le président Thomas Sankara est sorti et j'ai entendu qu'il a dit :’’ Je me rends’’. Les tirs ont automatiquement repris. Je n'ai pas levé la tête pour regarder. Arzouma Otis Ouédraogo est venu. Il a tiré sur Der Somda et sur Walilaye Ouédraogo. Quand il voulait tirer sur moi, Hyacinthe Kafando a crié, hé ! Otis, ne tue pas les enfants là. Un soldat a alors couru. Hyacinthe Kafando a demandé qui venait de passer, Otis a dit que c'est Bossobé Traoré. Mais qu'est-ce qu'il est venu faire ici ? Il est au courant et il vient. Tu ne l'as pas tué ? demande Hyacinthe Kafando à Otis. Non, je l'ai seulement blessé, a-t-il répondu. J'ai alors remué la tête car j'étais étonné que ce soit un des nôtres de la garde de Sankara qui nous ait vendus ».

Mais de l’avis de l’avocate de Bossobé Traoré, Me Maria Kanyili, les trois témoins ont fait un faux témoignage juste pour charger son client. « Si eux les chefs ont été épargnés sans même une gifle, cela me donne envie de dire que c’est eux qui ont vendu le président Sankara », a-t-elle lancé à sa sortie d’audience.

L’audience a été suspendue et reprend demain mardi avec la suite de l’audition de Claude François Zidwemba.

Sié Mathias Kam