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Assassinat de Thomas Sankara et 12 autres : Bossobè Traoré accablé par le témoignage de Thérèse Kationga

ppproc uneL’audience de ce jeudi 2 décembre 2021 a débuté par le passage à la barre de l’accusé Tibo Ouédraogo, colonel à la retraite. Il avait été épargné de cet exercice pour cause de maladie. A sa suite, deux témoins ont été entendus.

Membre du Comité de défense de la révolution (CDR) de son quartier, Mme Naoura Thérèse Kationga, citée comme témoin, a déposé à la barre ce 2 décembre 2021. Le témoignage de cette restauratrice accable le sergent Bossobè Traoré (son ex-conjoint). Après avoir juré de dire la vérité, elle a dit ceci : « Je ne me rappelle plus très bien mais je sais qu’entre le 11 et le 12 octobre 1987, le sergent Bossobé Traoré (Ndlr, accusé dans le procès Thomas Sankara pour complicité d’assassinat) est passé me voir à mon restaurant pour me dire au revoir. Où on vous amène encore ? ai-je demandé. Il m’a alors dit : le 15 octobre, Blaise Compaoré va faire un coup d'État et Nabié Nsoni (ndlr, de la garde rapprochée de Blaise Compaoré, décédé) dit de ne pas me rendre au Conseil de l’entente pour le sport de masse », commence-t-elle sa narration. A sa question à Bossobé Traoré de savoir si Thomas Sankara était informé, ce dernier a répondu que Thomas Sankara était au courant.  Le parquet militaire a, de ce fait, demandé une confrontation entre l’accusé et le témoin pour se situer. « Êtes-vous d’avis avec ce que Mme Kationga a dit de vous ? », demande le président du tribunal à l’accusé. « Je ne reconnais pas. Ce qu’elle a dit là, moi je ne comprends rien », répond l’accusé. « Quel intérêt aurait votre amie à mentir sur vous ? » réplique le président du tribunal. « C’est pour l’argent. Elle m’a dit, quand en 2004 on m’a dédommagé et que je suis allé lui dire merci et l’informer qu’on m’avait dédommagé, que si je bouffe cet argent seul, elle va me créer tous les problèmes », a répondu l’accusé. Il ajoute que c’est son ex-copine, dame Kationga, qui serait à l’origine de son inculpation en allant notamment voir le juge d’instruction. Et le président du tribunal de le rassurer : « Ce n’est pas possible. Mme Kationga n’a pas ce droit-là. Elle ne peut pas faire cette demande à un juge ». ppproc 2Me Guy Hervé Kam de la partie civile a dissipé tout doute dans l'esprit de l’accusé Bossobé Traoré en lui faisant comprendre qu’il a été inculpé avant même que le témoin ne fasse sa déposition chez le juge.

Avant elle, l’accusé Tibo Ouédraogo était à la barre pour son interrogatoire. Il est accusé de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, notamment ayant été le chef sur place du commando qui a neutralisé la FIMATS (Force d’intervention du ministère de l’Administration territoriale et de la Sécurité) le 15 octobre 1987, juste après l’assassinat du président Thomas Sankara et de ses compagnons. « Je ne reconnais pas les faits », a-t-il plaidé. Selon sa version des faits, il n’a fait qu’exécuter les ordres du commandant en chef des forces armées Jean Baptiste Boukary Lingani. « La mission était d’aller neutraliser la FIMATS. À notre arrivée (puisqu'il avait avec lui une dizaine de soldats), j'ai tiré en l'air. Pas de réponse. J'ai su qu'elle (la FIMATS) n'allait pas réagir. Et donc de concert avec les éléments sur place, j'ai organisé le couvre-feu », précise-t-il. Ayant été rappelé par le tribunal sur l’objet réel de la mission, l’accusé répond. « On m’a dit d’aller neutraliser la FIMATS et moi je suis allé pacifier. Je n’ai ni frappé ni tué ni torturé quelqu’un », souligne-t-il. Tibo Ouédraogo dit avoir manifesté par cette attitude pacifique son opposition au coup d’Etat qui s’opérait. Mieux il serait même victime car en 1989 il est arrêté et emprisonné 2 ans durant, menotté jour et nuit.

Proche ami de Thomas Sankara et de Blaise Compaoré, Ismaël Abdoulaye Diallo a également témoigné. Selon lui le 15 octobre 1987 est l’aboutissement d’un long processus contre la Révolution prôné par Thomas Sankara. Un contre-coup d'État était déjà en gestation dès le 8 août 1984 par les chefs d'État de certains pays frontaliers, selon Ismaël Abdoulaye Diallo. Citant même les présidents du Niger Seyni Kountché, Moussa Traoré du Mali et Félix Houphouêt Boigny de la Côte d'Ivoire dans le coup.

Son audition se poursuivra le lundi 6 décembre 2021. Après lui, Laurent Ilboudo, chef de la sécurité de Thomas Sankara, est attendu à la barre.

Sié Mathias Kam