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Procès Thomas Sankara et 12 autres : Mori Aldiouma Jean Pierre Palm accablé par des révélations des témoins

img uneLa phase des témoignages se poursuivit dans le procès Thomas Sankara et ses 12 compagnons tués le soir du 15 octobre 1987. Après « le lion », ce fut au tour de Pierre Ouédraogo, secrétaire général des Comités de défense de la révolution (CDR), et Basile Guissou, ancien ministre des Relations extérieures et de la Coopération sous la révolution, de faire leurs témoignages ce mercredi 17 novembre 2021.

Basile Guissou, appelé à la barre, a fait des révélations sur Mori Aldiouma Jean Pierre Palm. Mais avant, il a soutenu n’avoir pas été surpris par les événements du 15 octobre. « Je suis de ceux qui n’ont pas été surpris par les évènements du 15 octobre 1987. La tension politique était réelle, intenable au sein du gouvernement », confie-t-il. Selon lui, le coup du 15 octobre est « l’aboutissement de tout un combat contre la révolution ». « C’est depuis ma terrasse que j’ai appris le coup d’Etat et là j’ai su qu’il y avait un changement en notre défaveur », affirme le témoin. Après une chasse à l’homme, il est finalement arrêté et torturé durant 4 mois sur avis du commandant de la gendarmerie à l’époque, Mori Aldiouma Jean Pierre Palm. « Il se permettait de venir superviser notre torture, sourire aux lèvres et avec sa cigarette le gaulois », confie le Pr Guissou. Sur ce témoignage, une confrontation a eu lieu entre l’accusé et le témoin. « Je n’ai jamais ordonné de torture ni torturé ou assisté à une chose pareille », a réfuté à la barre Palm. Mieux, pendant son audition, il avait affirmé qu’il ne savait rien des groupuscules politiques composant le CNR ; or ce soir, il les a cités. img 2« J’ai fait arrêter Basile Guissou, Firmin Diallo, Valère Somé, Charles Somé, tous membres de l’Union des luttes communistes (ULC), sur ordre du commandant Jean Baptiste Lingani », énumère-t-il. « Ce qui est sûr, mon époux, Diallo Firmin, a été torturé à la gendarmerie. Dans la nuit du 31 décembre, c’est Jean-Pierre Palm qui m’a appelée pour que je vienne chercher mon mari. Je ne pouvais pas l’amener car il ne pouvait pas marcher, il était blessé partout. On l’a envoyé à l’hôpital, tous ses vêtements étaient collés à son corps. J’ai caché ses habits pour les laver pour que les enfants ne voient pas cela. Que le même Jean Pierre vienne dire que les gens n’ont pas été torturés est faux », déplore Mme Diallo née Bénon Thérèse. Mais avant le témoignage de Basile Guissou, deux témoins avaient fait leur récit des événements.

Boukary Kaboré avait indiqué que le coup d’État a été savamment préparé et bien orchestré. Aujourd’hui à la barre, il lui a été demandé de détailler comment cela a été préparé. « Avant le coup d’État, ils donnaient de fausses informations (des tracts pour dire que Sankara déviait de la révolution, qu’il était Peuhl-Mossi et qu’il n’était pas fiable), ils intoxiquaient. Ils ont créé un climat malsain avant le coup d’État à tel point qu’il y avait la suspicion entre la garde rapprochée de Sankara et la garde présidentielle. On sabote, on intoxique et on exécute », a expliqué Boukary Kaboré. 

img 3A sa suite, Pierre Ouédraogo a livré sa version des faits. C’est à 22h qu’il dit avoir appris la mort de Sankara après les coups de feu. « De mon bureau, c’était impossible d’entendre les coups de feu avec les vitres fermées. Il fallait maintenant savoir ce qui s’était passé. Ce n’était pas des incidents de tirs. Nous avions pensé que c’était une attaque extérieure venue du côté de l’université. Mais non, c’était une action coordonnée, minutieusement planifiée qui faisait que l’ensemble des forces qui étaient capables d’apporter une réponse à une attaque au Conseil de l’entente étaient pratiquement neutralisées. Ceux qui étaient au Conseil ne pouvaient pas faire face à la puissance de feu de l’ETIR ; cela montre que l’attaque a été préparée parce qu’au dernier moment, l’ETIR a été miné de l’intérieur et finalement son chef tué », témoigne-t-il. Il précise avoir été emprisonné puis radié de l’armée après les tragiques évènements d’octobre 87. « J’ai été libéré par Gilbert Diendéré. Et après ma libération, j’ai été radié de l’armée et reversé comme enseignant à Fada », souligne-t-il. Suite à son récit, le témoin est revenu sur la « répression » suite aux événements du 15 octobre 1987. « Ceux qui ont eu la chance ont été emprisonnés ou radiés de l’armée et ceux qui ont eu moins de chance ont été assassinés », a-t-il conclu.

L’audience se poursuit demain jeudi 18 novembre avec le témoin Domba Jean Marc Palm, frère aîné de Jean Pierre Palm.

Sié Mathias Kam