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Crise sécuritaire et développement agricole : « Les zones les moins touchées pourraient produire plus pour nourrir les populations déplacées », Christophe Ouédraogo (SYNATRAG)

csd uneCrise sécuritaire, insuffisance des intrants agricoles, hausse du prix des produits de grande consommation, tels sont les maux qui minent l’agriculture burkinabè ces dernières années. Pour mieux cerner ces phénomènes, Radars Info Burkina a tendu son micro à Christophe Ouédraogo, chargé à la formation au bureau national du Syndicat national des travailleurs de l’agriculture (SYNATRAG). Il nous parle des réalités du monde paysan mais propose aussi des solutions pour sortir le secteur de l’ornière.

« Les réalités du monde paysan sont aussi les nôtres. Nous sommes embarqués dans le même bateau». C’est en ces termes que Christophe Ouédraogo introduit son propos sur la question du monde paysan. Selon lui, la politique agricole nationale menée l’est vraiment sans boussole. « Nous naviguons à vue », martèle-t-il.

« C’est pourquoi, par exemple, des intrants qui devraient être disponibilisés avant le début de la campagne pour que les producteurs puissent les utiliser n’arrivent qu’en mi-campagne. C’est un peu le médecin après la mort et les quantités reçues sont même insuffisantes », explique ce travailleur de l’agriculture, l’air triste. Selon Christophe Ouédraogo, il est prévu 18 000 tonnes d’engrais pour un besoin d’un million de tonnes cette année. « C’est une goutte d’eau dans la mer », fait-il remarquer.

csd 2S’agissant des semences améliorées, c’est 6 000 tonnes qui sont disponibles, ce qui ne représente que 9% des besoins. « Vous comprenez qu’avec cela on ne puisse pas sortir de l’ornière ! On ne développera pas l’agriculture de ce pays avec ce type d’appui », poursuit-il.

Concernant la distribution électronique, processus par lequel on informe le producteur à travers un SMS qu’il a droit à telle ou telle quantité de produits agricoles, de nombreuses difficultés existent. Dans les faits, c’est au producteur qu’il revient d’aller voir le gestionnaire de stock, appelé « agro-dealer », pour recevoir sa part.

L’insécurité n’est pas à exclure des difficultés du monde agricole dans la fourniture des intrants. D’après M. Ouédraogo, c’est même l’une des causes principales. « Lorsque vous regardez les régions les plus touchées, notamment le Sahel et l’Est, vous constatez que c’était les plus abandonnées du pays, avec des populations majoritairement rurales et agricoles. Leur paupérisation favorise ce phénomène », affirme-t-il. « A côté de ce phénomène ambiant, il y a environ un million et demi de déplacés internes qu’il faut nourrir sur la base de la production nationale », continue-t-il. Il propose que l’Etat pense à l’idée que les zones qui ont une relative stabilité pourraient produire plus et dégager des excédents pour nourrir les populations déplacées.

 Le chargé de la formation du bureau du Syndicat national des travailleurs de l’agriculture (SYNATRAG) a saisi l’occasion qui lui était offerte pour rendre hommage aux vaillants producteurs, aux déplacés internes et aux victimes de la barbarie des terroristes, parmi lesquels figurent certains de ses camarades et collègues.

En rappel, le SYNATRAG a tenu les 2 et 3 juillet 2021 à Ouagadougou son dernier congrès pour faire le bilan à mi-parcours du mandat du bureau national. Les participants en ont profité pour échanger sur les préoccupations des travailleurs de l’agriculture. Ce sont des militants venus des 13 régions du Burkina Faso qui ont répondu massivement au rendez-vous.

Bessy François Séni