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Médias : Pourquoi « L'Indépendant » de Norbert Zongo ne paraît plus : La réponse de Sié Offi Somé, journaliste et ancien collaborateur d’« Henri Sebgo »

indép uneLe journal d’investigation « L'Indépendant », créé en 1993, était parvenu  à s’imposer à l’échelle nationale comme une référence en matière de journalisme d’investigation. Malheureusement, l’engagement de son fondateur Norbert Zongo, qui ne transigeait pas avec la vérité, a fini par lui coûter la vie le 13 décembre 1998 sur la route de Sapouy. A l’occasion de la célébration de la Journée internationale de la liberté de la presse le 3 avril 2021, Sié Offi Somé, journaliste et consultant en communication, proche de Norbert Zongo de son vivant, nous a entretenu sur le défunt canard.

« La liberté d’informer ; le droit de penser », tel était le slogan du journal d’investigation « L’Indépendant ». La liberté de la presse au Burkina Faso est aujourd’hui une réalité grâce au sacrifice qu’a consenti Norbert Zongo, auteur de la plupart des articles signés du pseudonyme « Henri Sebgo » et ce,  jusqu’à sa mort tragique en 1998. Depuis, le journal essayait tant bien que mal de tenir entre plaintes, auditions et difficultés financières. Mais il a fini par perdre de sa splendeur. « Norbert Zongo était le moteur du journal. Quand le moteur arrête de fonctionner, la machine s’arrête, c’est un peu ce qui est arrivé au journal », explique Sié Offi Somé. « A l’époque, l’investigation était un genre journalistique spécifique qu’il était le seul à travailler à maîtriser », ajoute-t-il.

indép 2La mal gouvernance, la corruption, l’autoritarisme du pouvoir en place étaient, entre autres, les tares dénoncées par ce journal qui était apprécié du lectorat.

Selon Sié Offi Somé, « L’Indépendant » était omniprésent dans le paysage médiatique burkinabè en matière d’information. « Scruter la presse écrite aujourd’hui sans voir ‘’L’Indépendant’’ donne un pincement au cœur mais on n’y peut rien », dit-il. C’est dire à quel point ce journal a joué un grand rôle dans la liberté de la presse et d’expression sous toutes ses formes au Burkina. « L’indépendant était comme une entreprise qui générait de l’argent, vu que le journal marchait très bien. Les gens ont mis la main sur l’argent, donc ils ne pouvaient plus financer les activités d’investigation car cela requiert temps et argent »,  explique Sié Offi Somé sur l’une des raisons de la fermeture de « L'Indépendant », jadis un géant de l’information. Toujours selon notre interlocuteur, le journal s’est retrouvé entre les mains de personnes n’ayant pas les capacités pour la gérer, ce qui a conduit à sa perte. « Un des facteurs à prendre en compte, c’est l’accaparement du journal par la veuve… Or, elle n’est pas journaliste, elle ne pouvait donc pas le gérer », affirme-t-il.

L’absence remarquée et remarquable du journal est comblée tant bien que mal par les nombreux médias du paysage médiatique qui jouent un rôle de relais de l’information. Selon Touwendinda Zongo, directeur de publication du journal « Mutations », « la liberté de la presse et d’expression, tout comme la démocratie, est une quête permanente ».

En rappel, un numéro spécial du journal « L’Indépendant » est paru le 13 décembre 2017. On y trouve les premiers et derniers éditoriaux du canard, qui a définitivement arrêté de cancaner depuis le 1er décembre 2012.

Sié Mathias Kam (stagiaire)