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Affaire Lionel Kaboui : « Ils estiment que si c’est la gendarmerie qui doit mener l’enquête, elle sera juge et partie à la fois », Yacouba Ladji Bama

investig uneDans la matinée du samedi 6 juin 2020, l’on apprenait sur les réseaux sociaux la mort du jeune Lionel Kaboui la veille, dans la nuit, au quartier Ouaga 2000 devant un hôtel. Plusieurs versions du drame étaient données. Le même jour dans la soirée, le procureur du Faso près le Tribunal de grande instance (TGI) de Ouagadougou, dans un communiqué, a annoncé que la mort de Lionel Kaboui serait due au fait qu’il aurait heurté un panneau publicitaire au volant de sa voiture et qu’une autopsie serait pratiquée sur le défunt. Dans son tout dernier numéro, le bimensuel « Courrier confidentiel », à l’issue d’une enquête, est formel : « Il s’agit d’une bavure d’éléments de la gendarmerie ». La rédaction de Radars Info Burkina s’est entretenue avec Yacouba Ladji Bama, le journaliste d’investigation auteur de cette enquête, par ailleurs rédacteur en chef dudit journal. Lisez plutôt.

Selon le journal burkinabè d’investigation « Courrier confidentiel », Lionel Kaboui a été « tué par une balle de gendarmes ». Cette information tombe avant les résultats de l’autopsie. « En tant que journalistes d’un journal indépendant qui n’a pas d’agenda commun avec les institutions étatiques, nous ne sommes pas obligés d’adapter notre périodicité de parution aux travaux que mènent les structures étatiques. Nous n’avons donc pas jugé nécessaire d’attendre les résultats d’une autopsie pour faire notre travail », a dit d’entrée de jeu Yacouba Ladji Bama.

Dans le journal il est écrit que selon la gendarmerie, c’est le propriétaire du téléphone volé (NDLR : Tout serait parti du vol d’un téléphone portable cette nuit-là) qui serait l’auteur d’un coup de feu, et c’est la riposte des gendarmes à ce tir qui a causé la mort du jeune Kaboui. Mais l’intéressé ainsi que ses amis témoins des faits démentent cette version de la maréchaussée. investig 2A les en croire, la gendarmerie, par ces allégations, veut trouver des circonstances atténuantes à sa bavure. « Selon les témoignages recueillis, d’abord le principal mis en cause, à savoir celui présenté comme étant l’auteur du premier coup de feu qui était la première personne qu’on estimait nécessaire d’entendre, nie catégoriquement avoir tiré un coup de feu cette nuit-là. Un de ses amis, qui était avec lui sur les lieux, celui avec qui il est descendu de la voiture pour aller prendre le téléphone, dit que ce jour-là son copain n’avait pas d’arme sur lui. En plus quand ils se sont retrouvés en garde à vue pendant 5 jours à la gendarmerie, c’est le témoignage de son ami en question, qui dit qu’il a eu à poser la question à son copain qui lui a répondu qu’il n’avait pas d’arme, qui est ressorti. Nous avons eu un entretien avec le responsable de la communication de la gendarmerie, qui maintient que l’intéressé a tiré un coup de feu et que parmi les témoins qui attestent cela, il y a le même ami en question. investig 3Cela nous a donc amenés à repartir chez cet ami pour comprendre. Comment est-ce qu’il peut nous dire qu’il n’a pas vu d’arme sur son ami et l’ami lui-même lui a dit qu’il n’avait pas d’arme et il va dire à la gendarmerie que ce dernier avait une arme ? Sa réponse nous a convaincus qu’il n’y avait rien de sérieux dans ce qui se raconte sur cette affaire. Il est revenu sur ses propos et a dit qu’en réalité, ce qu’il a eu à dire à la gendarmerie, c’est pendant qu’il était dans un certain état d’esprit, si bien qu’il ne savait plus ce qu’il faisait ni disait. Toutefois, il assure que son ami n’avait pas d’arme et qu’il n’a pas vu d’arme sur lui», a détaillé le journaliste.

Certains mis en cause dans l’affaire, notamment le propriétaire du téléphone volé et ses conseils, demandent le dessaisissement de la gendarmerie de l’enquête. « Ils disent que ce n’est pas à la gendarmerie de mener cette enquête d’autant plus qu’elle est elle-même impliquée dans l’affaire à travers ses éléments qui ont été à l’origine de cette riposte mortelle. Ils estiment que si c’est la gendarmerie doit mener l’enquête, elle sera juge et partie à la fois», a dit pour conclure le journaliste d’investigation.

Aly Tinto