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Gratuité de la planification familiale au Burkina : La barrière financière ayant été levée, reste la lutte contre les pesanteurs socioculturelles

lial uneAprès six mois de mise en œuvre de la gratuité des soins et services de planification familiale dans deux régions pilotes, le Conseil des ministres du 3 juin a décidé d’étendre cette gratuité à l'ensemble des régions du Burkina Faso. Youssouf Ba, chargé de communication et de plaidoyer à l’Association burkinabè pour le bien-être familial (ABBEF), et Marceline Tou, coordonnatrice régionale des associations féminines du Centre, donnent dans les lignes qui suivent leur appréciation de cette décision gouvernementale.

« L’ABBEF est satisfaite de cette gratuité de la planification familiale. En tant qu’acteur intervenant dans le domaine de la santé de la reproduction et de la planification familiale, cela faisait partie de notre plaidoyer auprès du gouvernement.   Que le gouvernement étende cette mesure de gratuité à l’ensemble du pays ne peut donc que nous réjouir. C’est pourquoi nous saluons cette décision. Le gouvernement va investir 6 milliards F CFA par an pour supporter cette gratuité qui vient en complément à la gratuité des soins au profit des femmes enceintes et des enfants de moins de 5 ans. C’est donc le lieu pour nous de saluer le gouvernement et ses partenaires. Grâce à cet effort et à d’autres politiques, nous devrions pouvoir capturer le dividende démographique, ce qui va nous permettre véritablement d’enclencher notre développement économique et social », se réjouit Youssouf Ba.

Marceline Tou également était « très émue » quand elle a appris cette « très bonne décision »lial 3« Cela va aider un tant soit peu les femmes du Burkina Faso en matière de santé de la reproduction », a-t-elle affirmé. Selon elle, les moyens financiers nécessaires pour avoir accès à la planification familiale étaient une barrière majeure. « La pauvreté touche beaucoup plus les femmes », a déclaré la coordonnatrice régionale des associations féminines du Centre.

« Il y a quelques années, le gouvernement avait pris la décision de réduire de 50% le coût des services liés à la planification familiale. Nous avions salué cette décision. Mais nonobstant cela, il faut reconnaître que la barrière financière était toujours une préoccupation de certaines couches de la population. Naturellement, cela pourrait être un frein à l’accès de ces couches aux services de planification familiale. Avec cette décision gouvernementale, la barrière financière est ainsi levée et de nombreuses femmes pourront avoir accès à la planification familiale », a expliqué le chargé de communication et de plaidoyer à l’ABBEF.

lial 2A l’en croire, ce n’est pas seulement la barrière financière qui limite l’accès des femmes aux services de planification familiale. « Il y a un certain nombre de pesanteurs socioculturelles qui font que certaines familles n’ont pas accès aux services de planification familiale. Il y a des rumeurs sur la planification familiale. Dans certains contextes, la femme n’a pas le droit de décider par exemple de l’espacement des naissances. C’est l’homme qui en décide. En plus, les rumeurs ont un impact. Selon lesdites rumeurs, la planification conduit à des malformations, à la stérilité et peut amener des femmes à avoir des monstres. Or, il n’en est absolument rien », a soutenu M. Ba.

D’où la nécessité de continuer la sensibilisation et, surtout, de travailler à dissiper les rumeurs infondées. « Cette sensibilisation ne doit pas concerner les femmes uniquement. Il faut sensibiliser également les hommes pour un changement de comportement en la matière », a souligné Mme Tou.

« S’agissant des aspects positifs de la planification familiale, il faut dire qu’elle a beaucoup d’avantages sur les plans économique et social non seulement pour la famille nucléaire mais pour la communauté entière et le pays », a conclu Youssouf Ba.

 Aly Tinto