Selon le ministre burkinabè de la Sécurité, Ousséni Compaoré, la récente radiation de fonctionnaires de la police nationale est un processus administratif qui a suivi un cours normal. Par conséquent, il estime que les concernés ne sont nullement victimes d’une injustice. Cependant, pour l’un des syndicats de la police, en l’occurrence l’Alliance police nationale (APN), il s’agit d’une répression arbitraire et aveugle contre ses représentants. C’est pourquoi l’APN invite l’ensemble des policiers, dans un communiqué, à la solidarité et à la mobilisation pour exiger la levée de toutes les sanctions infligées à ses militants, qu’elle juge du reste arbitraires. En cette période de crise sécuritaire, la décision de chacun de ces deux camps antagonistes est-elle vraiment opportune ?
Comme le dit un adage africain, quand la pluie vous bat déjà, le bon sens commande que vous évitiez de vous battre entre vous. En rappel, lors du dernier point de presse du gouvernement, le ministre de la Sécurité, Ousséni Compaoré, affirmait que dans aucune nation tout le monde n'a des points de vue convergents. Mais pour lui, en cas de situation de crise, les différentes forces vives d’une nation doivent savoir taire leurs divergences au nom de l’intérêt supérieur. Si ses dires sont pleins de sagesse, nous estimons que taire les différends entre l’Etat et ses agents et singulièrement entre les fonctionnaires de la police, de la gendarmerie et les premiers responsables du ministère de la Sécurité ferait tache d’huile pour les autres citoyens du Burkina Faso. Selon l’APN, la Police nationale burkinabè traverse une crise sans précédent. Malgré les décisions de justice rendues en sa faveur et certains recours toujours en cours, elle a reçu le 30 octobre 2019 des arrêtés datant du 18/10/2019, signés de Maïmouna Thiombiano, secrétaire générale du ministère de la Sécurité, portant licenciement de 21 fonctionnaires de police à compter du 06 août 2019 pour abandon de poste. Selon le communiqué du syndicat, il est assez paradoxal que ces mêmes policiers faisant l’objet de licenciement aient vu la régularisation de la note attaquée avec les affectations générales en date du 16 septembre 2019 avec comme délai pour rejoindre leurs postes respectifs le 30 septembre 2019. C’est pourquoi les militants de l’APN se demandent comment cela est bien possible. Pour eux, l’APN, qui a foi en la justice de notre pays, continuera de se battre pour la levée de toutes les « sanctions arbitraires » infligées à ses responsables et militants. Le bureau APN invite l’ensemble des policiers à la solidarité et à la mobilisation. Pour les concernés par ce licenciement, il s’agit d’un acharnement sur eux à cause de leur engagement syndical dans l’APN.
A notre avis, en cette période de crise sécuritaire où le Burkina Faso est victime d’attaques quasi quotidiennes, l’autorité aurait dû faire l’économie de ces licenciements, même s’ils sont l’aboutissement d’une procédure administrative. La police nationale, par son maillage du territoire national, constitue un pôle important de renseignements. En outre, la cohésion entre ses membres, subalternes comme hiérarchie, et la gendarmerie nationale est nécessaire en cette période pour permettre au Burkina Faso de bouter hors de ses frontières l’hydre terroriste.
Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné