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Télénovelas brésiliennes, hindoues et autres sur nos écrans de télévision : Parlons-en !

novelas uneAu Burkina, nombreuses sont les téléspectatrices qui sont scotchées à leur écran de télé dès qu’il est 19h, au point d’être déconnectées de tout ce qui se passe autour d’elles, car elles brûlent d’impatience de découvrir la suite de leurs feuilletons. On situe à 1970 la date à laquelle ces feuilletons ont fait leur apparition sur les chaînes de télévision africaines. Depuis, ils n’ont cessé d’avoir du succès sous les tropiques. Et aussi paradoxal que cela puisse paraître, Ouagadougou, la capitale du cinéma africain, est l’un des nombreux pays consommateurs de ces séries étrangères. Radars Info Burkina s’est, dans cet article, intéressé à leur impact sur les foyers africains.

Marimar, Rosa, Femme de sable ou encore Rubis, la fin de la diffusion de ces feuilletons télévisés d’origine brésilienne a toujours rimé avec grande tristesse, voire chaudes larmes, chez certaines téléspectatrices et même certains téléspectateurs.

Un constat qui est révélateur du succès et de la domination de l’industrie cinématographique brésilienne en Afrique. Et ce succès dure depuis maintenant plusieurs décennies. Mais ces dernières années, cette hégémonie du cinéma brésilien est menacée, non pas par la production nationale africaine mais plutôt par Bollywood, cette maison de production indienne qui a envahi les chaînes de télévision africaines. En 2010, une célèbre actrice hindoue, Vahdhei (NDLR : Nom du personnage qu’elle incarnait dans une série), a même effectué une tournée à Abidjan et à Dakar, et on estime à 200 000 le nombre de personnes sorties dès l’aube pour  l’accueillir.

Mais le succès fulgurant de ces séries à l’eau de rose suscite des inquiétudes, d’autant plus qu’elles remettent en cause certaines valeurs culturelles africaines. « Il faut que les Africains s’approprient leur espace médiatique. Cela ne veut pas dire qu’ils doivent se fermer  aux autres cultures mais tant que nos télévisions ne pourront pas produire suffisamment de films pour occuper leurs programmes, elles iront chercher des productions étrangères qui n’ont pas forcément un contenu adapté à nos mœurs », affirme Aziz Bamogo, vice-président du Conseil supérieur de la communication (CSC).  

Une réalité bien perceptible dans certains foyers où des parents n’hésitent pas à donner un prénom hindou où brésilien à leur progéniture. Certaines femmes sont même devenues tellement accros à ces séries qu’il est hors de question qu’elles en ratent un seul épisode.

Les maisons de production ont si bien compris leur succès  sur le continent noir qu’elles ont même  désormais leurs propres chaînes de télévision destinées uniquement à diffuser leurs productions.

« Déjà, nous avons des chaînes du bouquet qui diffusent ces productions. Si en plus de cela nous devons accorder du temps à ces films, on se demande ce que deviendront  nos  enfants dans quelques années en suivant des choses qui n’ont rien à voir avec leurs  réalités », déclare Aziz Bamogo, qui estime qu’il faut encourager les cinéastes burkinabè à produire afin de préserver les réalités africaines. « La production soulève des questions financières très lourdes.  Par le passé, l’Etat soutenait des films produits au niveau national et ce sont des choses qu’on doit encourager pour préserver notre identité », ajoute M. Bamogo.

Le Burkina Faso, capitale du cinéma, qui vient d’ailleurs de célébrer le cinquantenaire du Fespaco, doit relever le défi de produire ou d’inciter à la production de films novelas au contenu adapté aux valeurs et mœurs africaines pour faire face à cette invasion culturelle à travers le petit écran.

Péma Néya