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Kpopéri, village frontalier du Ghana au trafic avantageux et risqué

peri uneSitué à 7 kilomètres de Disshin, Kpopéri est traversé par le fleuve Mouhoun. Grâce à cette position géographique, ce village partage un certain nombre de réalités avec le Ghana voisin. Mets locaux, échanges culturels, présence du plus grand fleuve du Burkina Faso et importation des produits provenant du Ghana sont, entre autres, les avantages de cette bourgade. Cependant, le trafic frauduleux ou la complicité de celui-ci expose certains habitants à des risques.

Huîtres et moules pendant la saison sèche, anguilles et poissons sont les aliments que l’on peut trouver dans la sauce quand on fait un séjour à Kpopéri. Les alentours du fleuve offrent des opportunités de jardinage et de chasse aux habitants du village et environnants. Les coquillages également, très nourrissantes, pour certains animaux s’y trouvent en abondance.

 Accéder au Ghana et faire ses achats est chose facile pour les habitants de ce village ; il suffit de quelques minutes de marche et d’une traversée en pirogue et vous y êtes. En matière d’échange culturels, les habitants de ce village le font très aisément avec les habitants du Ghana voisin. Pour la vie de foyer, plusieurs sont mariés à des Ghanéens et Ghanéennes. A ce niveau, il faut signaler que les habitants du village quand l’on traverse le fleuve sont aussi des Dagara. Cet état de fait favorise l’intégration des deux peuples. Kpopéri compte cinq clans, à savoir Bèkuonè, Mètuor, Birfuor, Kpièlè et Zindalè. Dans les cabarets de ce village, il n’est pas rare d’entendre des échanges entre des amis en ashanti, une langue ghanéenne. En matière de flore, le néré, le karité sont les arbres qui fournissent assez de richesses aux habitants.

Pétrole, essence, sel, patassi et autres sont les produits que vont acheter les habitants de ce village au Ghana. Avant que ce village n’ait un centre de santé, les habitants se soignaient au Ghana. De nos jours, malgré l'existence d'un Centre de santé et de promotion sociale (CSPS), il y a des cas de maladies pour lesquelles ils préfèrent aller se traiter au Ghana. Kpopéri est très catholicisé au point que tous les grands projets de développement sont codirigés par l’Eglise catholique et l’Etat. L’école primaire par exemple a été construite par un projet d’un Père blanc. Dans le département, Kpopéri a été surnommé petit Disshin en raison de l’importance du trafic qui s'y fait.

La fête du village est célébrée le 17 août de chaque année. Pendant celle-ci, tous les fils et filles expatriés ou sur place se retrouvent pour célébrer les réussites aux examens, aux concours et les différentes promotions des fonctionnaires et religieux. Tout comme les autres villages du département, à Kpopéri, ce sont les autorités religieuses qui ont voix au chapitre. C’est d’ailleurs de ce village que l’évêque de Dori est originaire.

Mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt. En effet, malgré ces différents avantages, il y a aussi des pratiques qu’il faut recadrer. Ce village est un passage privilégié de certains trafiquants qui n’hésitent pas souvent à se soustraire aux contrôles douaniers, souvent avec la complicité de certains habitants. A ce sujet, le conseiller du village, Eudes Kpoda, a plus d’une fois fait saisir des produits frauduleusement importés du Ghana, impropres à la consommation. Outre lui, l’association des élèves, étudiants et travailleurs du village travaille à endiguer ce phénomène par la sensibilisation des habitants.  Cette année, l’école primaire a célébré son 35e anniversaire. Kpopéri reste tout de même une destination recommandée pour tout touriste qui aimerait découvrir à la fois la culture des Dagara du Burkina et du Ghana.

Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné