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G5 Sahel : « Le Burkina gagnerait à se concentrer sur d’autres organisations comme l’initiative d’Accra, la CEDEAO où bien même à ‘’réchauffer’’ le Liptako Gourma » (Mahamadi Sawadogo, expert en sécurité)

aagsahelEn 2014, cinq États du Sahel, à savoir la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad, avaient décidé de fédérer leurs actions pour, entre autres, lutter contre le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne. 8 ans plus tard, cette organisation qui peinait à fonctionner commence à fléchir. Le Mali voulant rompre toute relation avec la France, il a rompu avec le G5 Sahel qui est fortement soutenu par Barkhane. Le G5 Sahel faisait obstacle également à la transition malienne. Faut-il que le Burkina Faso reste membre de ce regroupement qui n’a presque pas produit de résultats ou devrait-il emboîter le pas à son voisin malien ? L’expert en sécurité Mahamadi Sawadogo nous en dit plus !

« Cette situation de retrait du Mali du G5 Sahel met mal à l’aise le Burkina Faso. Sur le plan militaire et stratégiquement, il est quasi impossible pour le Burkina de mener des opérations étant donné que le Burkina forme le fuseau central avec le Mali », affirme Mahamadi Sawadogo, expert en sécurité.

L’expert en sécurité rappelle que le G5 Sahel a trois fuseaux : le fuseau central, qui est composé du Burkina Faso, du Mali et du Niger ; le fuseau ouest, composé du Tchad et du Niger, et le fuseau est, qui regroupe le Mali et la Mauritanie.

Il explique que le fuseau central est le plus touché par la menace djihadiste, « alors qu’il y a un verrou, c'est-à-dire le Mali, qui a sauté, ce qui va compliquer la tâche aujourd’hui de mener des opérations sans pouvoir impliquer le Mali sous la bannière du G5 Sahel. Cela signifie qu’on ne pourrait pas aller au-delà des 50 km prévus, ce qui limiterait les opérations ».

Barkhane est l’un des partenaires privilégiés du G5 Sahel ; il est le bras logistique du G5 Sahel et comme il n’est plus disponible pour travailler avec le Mali, il serait difficile qu’il limite ses opérations au Burkina et au Niger.

« Le G5 Sahel est un mort-né malgré la volonté pour le Burkina Faso de le redynamiser »

Le Mali s’étant retiré de ce regroupement, il ne reste que quatre pays qui sont impliqués. Il faut aussi noter qu’à la dernière conférence du G5 Sahel, la Mauritanie était absente. Pour quelle raison ? On ne le sait trop. Le départ du Mali semble avoir refroidi l’engouement de la Mauritanie. Pour Mahamadi Sawadogo, « l’absence des deux pays est le signe que sur le plan institutionnel, le fonctionnement sera difficile».

S’il ne reste que 3 pays membres actifs, il faut songer, selon l’expert en sécurité, à changer la dénomination, car « le G5 Sahel était une organisation fermée, c'est-à-dire qu’au-delà des cinq pays, aucun autre pays ne pouvait être membre. Ils peuvent revoir, intégrer un autre pays, où bien changer carrément de dénomination ».

« Le Burkina gagnerait à se concentrer sur d’autres organisations comme l’initiative d’Accra, la CEDEAO où bien même à ‘’réchauffer’’ le Liptako Gourma pour pouvoir faire face à la lutte contre le terrorisme », conseille l’expert en sécurité.

Le Burkina Faso et le Niger comptent plaider pour le retour du Mali au sein du G5 Sahel, mais pour le spécialiste en sécurité il serait difficile pour le Mali de réintégrer le G5 Sahel parce que c’est Barkhane qui mène les opérations d’appui et aériennes. « Si le Mali accepte, il va aussi accepter que son territoire soit foulé encore une fois par Barkhane, chose que le Mali ne va plus concevoir », a-t-il affirmé.

Le G5 Sahel peut-il changer de partenaire ?

« Le G5 Sahel a pour ossature Barkhane ; il serait donc difficile de parler de changement de partenaires », selon Mahamadi Sawadogo.

L’expert en sécurité est convaincu que le mieux pour le Burkina Faso, c’est de laisser tomber le G5 Sahel et d’opter pour une autre organisation. « C’est vers cela que les autres pays sont en train de tendre. Par exemple l’initiative d’Accra, c’est cette organisation qui est en train de prendre le relais du G5 Sahel. Cette organisation a l’avantage d’avoir l’appui des pays côtiers, qui attirent beaucoup plus les bailleurs. La particularité de l’initiative d’accra, c’est qu’elle refuse tout financement extérieur. La meilleure solution, c’est de se rabattre sur l’initiative d’Accra, sinon ça va être difficile pour le G5 Sahel de ressusciter dans ses commissions », fait-il remarquer.

Mahamadi Sawadogo affirme que le G5 Sahel est une organisation mort-née, malgré la volonté du Burkina Faso de le redynamiser. « Cette organisation défend des intérêts institutionnels et non des intérêts stratégiques et opérationnels qui permettront au Burkina Faso de lutter contre le terrorisme », lance-t-il.

Pour Mahamadi Sawadogo, expert en sécurité, le Burkina Faso gagnerait à opter pour d’autres alternatives et à se faire à l’idée que sans le Mali, le G5 Sahel ne peut pas fonctionner, d’autant plus que le Mali occupe une place stratégique.

Nafisiatou Vébama