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POLITIQUE/DOSSIER THOMAS SANKARA : « La France est complice et on ne peut pas compter sur nos bourreaux d’hier pour faire notre justice » (Adama Badini à propos de la restitution, par l’ancienne métropole, des archives sur l’affaire Thomas Sankara)

poli uneLe 13 avril dernier, Blaise Compaoré a été mis en accusation par le tribunal militaire pour attentat à la sûreté de l’État, complicité d’assassinat et recel de cadavre dans le dossier Thomas Sankara. Parlant de cette affaire justement, demain samedi 17 avril 2021, l’ambassade de France au Burkina procédera à la remise du dernier et troisième lot d’archives demandé par le juge d’instruction du tribunal militaire de Ouagadougou. Radar Info Burkina vous propose les avis et impressions du citoyen lambda sur le sujet.

Voilà plus de 34 ans que les familles des victimes du 15 octobre 1987 attendent que justice soit faite, que les restes de leurs parents leur soient restitués afin qu’elles puissent organiser leur inhumation et enfin faire leur deuil. L’attente n’a que trop duré, s’indignent-elles.

Selon Narcisse Gansonré, étudiant en année de licence au département d’histoire et archéologie de l’université Joseph Ki-Zerbo, la France a des intérêts au Burkina qu’elle veut éviter de mettre en péril, donc cette restitution n’est en réalité qu’un dédommagement. « La France n’a pas intérêt à ce que l’affaire Thomas Sankara soit mise au jour, car cela susciterait la révolte de certains peuples victimes de l’assassinat de leur président par la complicité de l’ancienne métropole », argumente-t-il.

poli 2On se rappelle qu’en novembre 2017, le président français, Emmanuel Macron, alors en visite officielle à Ouagadougou, avait promis la restitution des documents administratifs pendant le régime de Sankara et après son assassinat couverts par le « secret national », mais la lenteur que prend ladite restitution laisse à penser que tout n’a pas été fait du côté de l’Hexagone pour que soit élucidé cet assassinat. Les archives constituent donc un enjeu important pour faire la lumière sur l’affaire Thomas Sankara.

Toujours  selon Narcisse Gansonré,  il importe que ces archives soient au préalable authentifiées pour qu’on ait la preuve qu’elles sont vraies et bonnes.

De l’avis d’Adama Badini, également étudiant en histoire, « la France est complice et on ne peut pas compter sur nos bourreaux d’hier pour faire notre justice ».

Quoi qu’il en soit, le moins qu’on puisse dire, c’est que la mise en accusation de l’ancien président Blaise Compaoré et la restitution des archives susmentionnées par l’ancienne métropole constituent une avancée significative dans cette affaire historique.

« Espérons que la justice fera bon usage de ces archives pour qu’on sache enfin qui a fait quoi et pour quelle raison », souhaite, quant à elle, Zoénabo Ouédraogo du département d’études anglophones de l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouaga.

Sié Mathias Kam (stagiaire)