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Burkina : Jeu d’alliances et  configuration à venir de la classe politique

pst uneA l’issue des élections couplées du dimanche 22 novembre 2020,  le président sortant, Roch Marc Christian Kaboré, a été réélu, selon les résultats provisoires, dès le premier tour avec 57,87% des suffrages pendant que son parti, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), se taille la part du lion à l’Assemblée nationale (AN) en remportant 56 sièges sur les 127 en jeu. Radars Info Burkina a pris langue tour à tour avec l'analyste politique Siaka Coulibaly et Parfait Silga, journaliste et analyste politique pour une lecture de la configuration à venir de la classe politique burkinabè. 

Zéphirin Diabré de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), arrivé 2e en 2015, cède cette fois-ci la place à Eddie Komboïgo du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). Aux législatives, le CDP s’est érigé en deuxième force politique en obtenant 20 sièges à l’Assemblée nationale (AN). La grande surprise de ces législatives vient du Nouveau Temps pour la démocratie (NTD) de la majorité présidentielle qui obtient cette fois 13 sièges contre 3 en 2015. Quant à l’UPC, de 33 sièges en 2015, elle passe à 12 à cette 8e législature.

Selon Siaka Coulibaly, à l’écoute des deux interventions de Roch Marc Kaboré, après la proclamation des résultats, aucune option de configuration n’est à exclure. Les Burkinabè comprendront que les enjeux actuels peuvent justifier de passer outre les règles habituelles de configuration politique, afin de mobiliser toutes les compétences disponibles dans le pays.

pst 2« Hormis peut-être le CDP, pour des raisons politiques et du fait de sa position de seconde force politique du pays matérialisée par le rôle de chef de file de l’opposition politique, toutes les autres formations sont en posture possible de collaboration plus ou moins serrée avec le président élu et le MPP. Pour cela, il suffirait d’une base politique qui pourrait être offerte par un dialogue politique minimal ou un dialogue national (souhaité), pour permettre d’aller au-delà des clivages politiques du mandat passé », a-t-il soutenu.

Quant à Parfait Silga, il a souligné que pour l’instant, le MPP n'a pas besoin d'autres partis en dehors de ses partenaires du premier mandat, pour obtenir la majorité à l'AN. Par conséquent, il peut se passer de l'UPC. « Mais selon toute vraisemblance, de nombreux cadres de ce parti ne verraient pas d'un mauvais œil le fait de collaborer avec le MPP. C'est clair que militer 10 ans dans l'opposition est très difficile », a-t-il ajouté.

pst 3Pour rétablir la sécurité et reconquérir les zones grises du territoire afin de permettre le retour des personnes déplacées dans leurs habitats et relancer l’économie rurale, M. Coulibaly a estimé qu’il pourrait y avoir des alliances politiques circonstancielles, si les conditions sont réunies.

Une opposition politique dont Eddie Komboïgo sera le chef de file, ce sera un « tremplin pour lui pour préparer le tournant de 2025 qui s'annonce comme l'élection présidentielle la plus ouverte de l'histoire récente du Burkina Faso », a expliqué Parfait Silga.

Mais selon Siaka Coulibaly, le CDP dirigé par M.  Komboïgo a de nombreuses raisons d’adopter une posture radicale sur beaucoup d’aspects de la gouvernance politique actuelle et de poursuivre sa progression vers le pouvoir. « En même temps, ce parti politique semble ne pas être enclin aux actions musclées malgré tous les coups reçus durant les six dernières années. Le respect des règles républicaines (concertation) devrait être un principe d’une opposition dirigée par le CDP», a-t-il poursuivi.

Pour M. Silga Zéphirin Diabré était plutôt dans le style de l'opposition républicaine. « Ce serait contre-productif pour Eddie Komboïgo d'être plus radical », a-t-il conclu.

Aly Tinto