Il n’est pas rare d’être témoin de disputes entre vendeur et client relativement à une pièce de monnaie usagée, au sein des marchés de Ouagadougou. Une situation qui pourtant ne saurait s’expliquer que par l’ignorance, car aucun texte au Burkina Faso n’interdit la circulation de ces pièces dites lisses.
Faire ses achats avec une pièce usagée, communément appelée « pièce lisse» est parfois un véritable casse-tête à Ouagadougou. Une situation qui est à l’origine de disputes qui peuvent souvent tourner au vinaigre. Le problème est tout de même diversement apprécié chez les personnes concernées.
Julien OUEDRAOGO, gérant d’un kiosque, ne voit pas d’inconvénients à recevoir une pièce « lisse ». « Je ne trie pas les pièces de monnaie dans mes échanges commerciaux, car mes partenaires acceptent de recevoir toute sorte de pièces. Le refus systématique de ces pièces est donc relatif », a-t-il indiqué.
Madame Salimata BARRO, vendeuse de légumes au marché Nabi yaar, pour sa part, n’est pas du même avis que sieur OUEDRAOGO. « Il y a des clients qui refusent les pièces lisses. Ce qui fait que moi aussi je ne reçois plus ce genre de pièces », précise-t-elle.
Du côté des consommateurs, c’est l’incompréhension totale. « Je ne comprend pas pourquoi les commerçants trient les pièces de monnaie. Je ne les fabrique pas. C’est au cours des transactions que ces pièces me reviennent », s’indigne Koumba DABIRE, une cliente. Adama SANKARA, un usager, a été également victime de cette situation embarrassante. « Il y a une dame qui a refusé ma pièce de cinq cent (500) francs CFA alors que les écritures étaient toujours lisibles. Pourtant c’était ma dernière pièce », a-t-il déclaré. C’est pourquoi, il souhaite qu’une sensibilisation soit faite afin de fluidifier les échanges commerciaux.
Mais de l’avis de Issaka Jules SAWADOGO, ancien cadre de banque, les pièces de monnaie dites lisses doivent circuler, car il appartient à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) de veiller à leur circulation fiduciaire. « Lorsque les écritures de la BCEAO sont toujours lisibles sur une pièce, le commerçant se doit de l’accepter. Elle doit pouvoir passer des mains du boutiquier du quartier, du demi grossiste, du grossiste jusqu’à une banque pour finalement revenir à la BCEAO qui décidera de la remplacer ou de la détruire », a-t-il précisé.
Marou SAWADOGO