Icône africaine, Thomas Sankara est perçu comme un modèle absolu qui défie le temps et les aléas de la géopolitique. Il incarne le modèle et l’idéal auxquels toute la jeunesse africaine veut s’identifier. « Tuez Sankara et des milliers de Sankara naîtront », avait prédit le géniteur de la révolution burkinabè quelques mois avant son assassinat. Trente et un ans après la disparition du jeune capitaine, son souvenir demeure vivace dans les esprits à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, et partout ailleurs dans le monde, où des citoyens essaient de perpétuer son idéologie au moyen de la de l'art, de la politique, etc. C’est dans cet ordre d’idées que le sculpteur sénégalais Omar Pouye a décidé d’immortaliser le président Thomas Sankara, son idole, sur le site granitique de Loango.
En 22 jours, l’auteur de la sculpture du père de la révolution burkinabè s’est employé à libérer son génie créateur afin de rendre hommage à celui qu’il dit l’inspirer dans sa lutte quotidienne. « Comme Sankara était engagé et que moi aussi je le suis, j’ai voulu lui rendre hommage en l’immortalisant », confie Omar Pouye. Pour lui, le défunt président mérite absolument la réalisation d’une telle œuvre d’art qui est une sorte de devoir de mémoire, dans la mesure où il s’est investi corps et âme, de son vivant, pour le développement du continent africain.
Réaliser une telle œuvre sur granit n’était pas évident, compte tenu de la solidité de ce matériau. Mais, s’empresse-t-il d’ajouter, son admiration pour le révolutionnaire lui a permis de surmonter toutes les difficultés inhérentes à cette entreprise de création. « Quand j’ai reçu l’invitation, je me suis dit que j’allais rendre hommage à Thomas Sankara, même si j’étais bien conscient qu’il ne serait pas facile de réaliser le portrait sur du granit. C’était un réel défi pour moi », ajoute l’artiste.
Ce portrait met en exergue le visage du capitaine et son béret de combattant. Ce qui retient également l’attention c’est son sourire, qui traduit la renaissance, voire l’immortalité, de l’homme. Même si l’auteur déplore le fait de n’avoir pas connu ce monument de la révolution de son vivant, il souligne que la réalisation de son œuvre est inspirée des actes impérissables et des discours poignants de Thom Sank.
Selon Omar Pouye, à l’instar des milliers d’autres artistes qui ont décidé de rendre hommage à cette immense figure politique de l’Afrique, son œuvre est une façon de lui rendre hommage. « Les écrivains vont écrire, les musiciens vont chanter, les dessinateurs vont dessiner, moi en tant que sculpteur, cette année je suis venu avec cette idée pour lui rendre hommage à ma façon », a-t-il conclu son propos.
Edwige Sanou