Interpréter des œuvres musicales est assez fréquent dans certains bars et maquis de Ouagadougou. Ces animations sont pour les tenanciers des maquis dans lesquels elles ont lieu et pour les instrumentistes l’occasion de faire un chiffre d’affaires fort intéressant. Mais quelles sont leurs retombées pour les auteurs-compositeurs ? Radars Infos Burkina s’est intéressé à la question.
Selon Léon Dah, Professeur de musique, l’interprétation donne une plus-value à la musique. Pour lui, on peut être un très bon compositeur et ne pas pouvoir rendre au mieux sa composition. Il précise qu’il y a des artistes musiciens qui ont une excellente voix et qui rendent mieux certaines chansons que leurs véritables auteurs. Sous d’autres cieux, à en croire M. Dah, c’est une filière à part entière de la musique. Mais il fait remarquer qu’au Burkina Faso, le secteur de la musique n’est pas assez structuré de sorte à rendre visible ce travail qui peut pourtant constituer un métier pour plusieurs artistes.
Promoteur d’un maquis de la place, Georges Sou affirme que l’interprétation en live de la musique remplit son débit de boissons. Pour Serge Kambou, quand il écoute la musique interprétée en live, il la trouve plus intéressante que celle enregistrée en studio. Il déclare que l’interprétation rend plus vivante la musique que quand elle est jouée par des disc-jockeys. Il ajoute qu’à défaut de l’artiste musicien, il se contente de l’orchestre qui, souvent, interprète très bien les œuvres musicales.
Selon Aristide Somé, membre du groupe musical « le levain », l’interprétation est formatrice à un double titre : d’abord, elle permet aux artistes interprètes de travailler à développer des talents ; ensuite, l’interprétation en live donne une autre vie à l’œuvre artistique. Pour lui, l’interprétation est beaucoup plus difficile que la composition car, argumente-t-il, l’artiste interprète s’efforce de se mettre dans la peau du compositeur afin de rendre l’œuvre de la plus belle manière qui soit. Selon lui, pour qu’une interprétation soit réussie, les artistes ont un double travail à faire : bien écouter l’œuvre pour se l’approprier puis la rendre avec les effets que l’artiste compositeur a eu à mettre dans celle-ci.
Par ailleurs, Aristide Somé estime que quand une œuvre musicale est interprétée, elle a des chances d’être plus connue du public, ce qui est une forme de promotion. Il ajoute qu’outre cela, les auteurs-compositeurs bénéficient de droits de représentation publique.
De l’avis de Léon Dah, les artistes interprètes améliorent en général les œuvres musicales qu’ils reprennent, soit sur le plan vocal, soit sur celui instrumental. A ce propos, il ajoute qu’une œuvre musicale est toujours perfectible. Souvent l’auteur-compositeur, quelque temps après l’édition d’une œuvre, trouve qu’il fallait ajouter tel ou tel élément pour rendre l’œuvre plus vivante, plus belle.
En définitive, on peut affirmer qu’interpréter une œuvre musicale contribue sans conteste à faire la promotion de ladite œuvre et même de l’artiste musicien qui en est l’auteur, d’une part, surtout ceux d’entre eux qui ne sont plus de ce monde. D’autre part, l’interprétation permet aux artistes musiciens d’être aguerris en matière d’oreille musicale et de doigté.
Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné