samedi 20 avril 2024

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Nomination du Premier ministre : « Dabiré Christophe allie à la fois la connaissance de l’Administration, la posture politique et évidemment la technicité économique », dixit Mélégué Maurice Traoré

melégué uneAncien président du Parlement burkinabè, Mélégué Maurice Traoré a longtemps été ambassadeur dans plusieurs juridictions et ministre chargé des Enseignements secondaire, supérieur et de la recherche scientifique. Fin politologue, le natif de Kankalaba (Ndlr Son village natal) a collaboré de longues années durant avec le tout nouveau chef du gouvernement. Dans cette interview accordée à Radars Info Burkina (RIB), il apprécie le choix porté sur Christophe Marie Joseph Dabiré et s’exprime sur les défis que celui-ci devra relever avec son gouvernement à former.

 

RIB : Comment appréciez-vous la nomination de Christophe Marie Joseph Dabiré au poste de Premier ministre ?

MMT : Je pense que le président du Faso a fait un bon choix, car je connais très bien Christophe Dabiré. Je l’appelle habituellement Dabiré parce que nous avons beaucoup travaillé ensemble. En effet, nous avons été ministres pendant cinq ans ensemble. Je suis resté au ministère des Enseignements secondaire, supérieur et de la recherche scientifique pendant cinq ans au bout desquels je suis parti à l’Assemblée nationale comme président et c’est lui qui m’a remplacé audit ministère. Par la suite, nous nous sommes retrouvés à l’Assemblée, où nous sommes restés pratiquement dix ans. Il est parti entre-temps comme commissaire à la commission de l’UEMOA pour le compte du Burkina Faso. Pour moi, c’est un bon choix car c’est un haut cadre qui est intellectuellement solide, cela est incontestable. Il est très travailleur, ce qui est important, et il a l’avantage d’être extrêmement modéré car il a beaucoup de pondération. Ce sont des qualités qui, à mon avis, seront très utiles en cette période où il y a un bouillonnement social, pour les questions qui requièrent des négociations et de la conciliation, et ces problèmes sont nombreux actuellement et sur tous les plans. C’est un économiste de surcroît, ce qui est un avantage même si aujourd’hui les problèmes économiques sont si complexes que ce n’est plus la qualité d’économiste qui pourrait épargner au gouvernement les difficultés que l’on connaît. Mais dans le cas de Dabiré Christophe, il allie à la fois la connaissance de l’Administration, la posture politique et évidemment la technicité économique.

RIB : Un des défis majeurs à relever est l’incivisme. Il était reproché au gouvernement passé de manquer de fermeté. Le nouveau Premier ministre a-t-il les capacités nécessaires pour faire preuve de fermeté et venir à bout de l’incivisme ?

MMT : Je crois qu’il a la capacité de le faire mais je ne suis pas sûr que ce soit la fermeté du Premier ministre seulement qui puisse régler le problème de l’incivisme. La question est beaucoup plus profonde qu’on ne le croit ; elle est devenue un mal du corps social. Et dans ces conditions-là,  la capacité du Premier ministre ne suffit pas à résoudre les problèmes d’incivisme. Je crois que c’est une question que l’on doit examiner depuis la base avec évidemment du côté du gouvernement la nécessité d’être ferme. Mais cela implique d’autres aspects. L’incivique, ce n’est pas seulement celui qui brûle un feu rouge, c’est aussi le policier qui l’a vu passer mais n’a rien fait pour l’arrêter. Le phénomène implique tous les corps sociaux maintenant. C’est donc une question qu’il faut discuter globalement et avoir une stratégie globale pour y faire face.  J’ai vu sur une chaîne de télévision, il y a quelques jours, que le Burkina Faso était réputé être le pays le plus discipliné de la sous-région. En Afrique, nous étions l’exemple même du pays où tout le monde est discipliné. Mais de nos jours, Ouagadougou est certainement la capitale où l’incivisme est le plus élevé et le plus fort dans la sous-région. Cela veut dire qu’en l’espace d’une dizaine d’années, tout a basculé. Je pense que beaucoup de personnes ont mal interprété le sens de l’insurrection, si bien que l’insurrection a contribué à accentuer les choses. Ce n’était certainement pas la volonté de ceux qui ont fait l’insurrection, mais ça a été un de ses effets. Il n’y a qu’à voir le ton sur lequel les gens vous parlent quelquefois sans même vous connaître. Déjà, à un étranger on ne s’adresse pas n’importe comment, ni à une personne âgée, a fortiori si on ne la connaît pas. Donc évidemment, le style du Premier ministre va beaucoup compter, mais ce ne sera  pas suffisant pour résoudre la question. Il serait bon, à mon avis, que Christophe Dabiré élabore une stratégie pour remonter la pente, c'est-à-dire revenir à une situation où tout le monde se conduit correctement. Cela va être un processus lent et long.

RIB : Quels sont, selon vous, les premiers chantiers auxquels il devrait s’attaquer immédiatement ?

MMT: Ce sera à lui d’en décider. La stratégie que le gouvernement va mettre en place dépendra de la lecture qu’il fait de la situation. Et dans ce sens, je ne puis vous dire quels sont les chantiers qui doivent être attaqués prioritairement. Mais il y a une question qui est claire : il ne peut pas éviter d’attaquer frontalement la question du terrorisme. Ce n’est plus possible. Au moins ça, c’est clair que quel que soit le bout par lequel on prend un problème, le programme d’action du Premier ministre ne peut pas occulter ce problème car c’est l’un des tout premiers chantiers qui sont là.

dabson pmRIB : Il est connu de tous que le nouveau chef du gouvernement est un militant du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) ; voyez-vous en sa nomination un pas vers la réconciliation ?

MMT : Je ne peux pas affirmer cela parce que je n’ai pas suivi les tractations qui ont abouti à sa nomination. Mais si tel était le cas, on aurait probablement approché le CDP  en tant que parti politique. Je n’ai pas l’impression que cela a été le cas. Et si ça l’a été, je n’en suis pas informé. La réconciliation, ce n’est pas le débauchage des individus un par un. Il  y a vraiment un problème de fond sur la réconciliation qui implique les individus, bien sûr surtout ceux qui ont subi des sévices ou enregistré beaucoup de dégâts et de pertes. Ça implique les familles, surtout celles qui ont perdu des parents. Ça implique aussi les partis politiques et le gouvernement. Bref, tous les corps sociaux. Et dans ce sens, approcher un parti politique peut aboutir, au maximum, à des alliances mais ce n’est pas ça qui va sauver la situation, ce n’est pas ça qui va amener la réconciliation. C’est un chantier qu’il faut entreprendre globalement, c’est une totalité.

RIB : A quel type de gouvernement vous attendez-vous ? Pensez-vous à un gouvernement d’ouverture, d’union nationale ?

MMT : Je ne me pose jamais ce genre de questions simplement parce que c’est à la personne qui a le pouvoir de décider qu’il revient de faire ses choix. C’est pourquoi je n’entre pas dans les discussions ayant habituellement trait à un gouvernement d’union nationale. C’est vrai qu’idéalement si on voulait vraiment prendre à bras-le-corps la question de la réconciliation, l’un des leviers pourrait être un gouvernement d’union nationale. Mais un gouvernement d’union nationale n’a pas de sens si les objectifs visés et les priorités dans les partis ne sont pas les mêmes. Autrement dit, ce serait un regroupement de personnes et ça ne fait pas la réconciliation. Nous attendons de voir quelle sera la composition du gouvernement. Sans compter qu’il ne suffit pas d’ouvrir le gouvernement à des individus pour qu’il y ait réconciliation ou union d’actions. Cela suppose de véritables discussions entre les partis qui seront au gouvernement mais pas le débauchage d’individus. Si c’est dans la perspective qu’il y ait plus d’union, cela voudrait dire qu’on s’est assis et qu’on a discuté, que les sensibilités ont pu s’exprimer et qu’on a pu déterminer certains objectifs communs, des finalités communes et que cela sert de socle à la constitution du gouvernement d’union nationale.

RIB : Que retenez-vous du gouvernement qui a récemment démissionné ?

MMT : C’est un gouvernement qui a fait ce qu’il a pu dans un contexte difficile, qui s’est retrouvé face à des problèmes comme le terrorisme, l’incivisme, une situation politique morose. Ce que je regrette, c’est que la corruption est devenue vraiment une plaie dans le pays et quel que soit le gouvernement en place, il faudra qu’il lutte de manière déterminée contre ce fléau. Pour ma part, le gouvernement qui est parti n’a pas suffisamment fait dans ce sens. C’est un domaine où il n’est pas toujours facile d’agir, pourtant c’est indispensable.

Radars Infos Burkina

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