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Permis de conduire : Quand la corruption est la règle d’or pour obtenir son précieux sésame

cond2Selon le rapport d’enquête 2017 de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC), il apparaît des risques élevés de corruption dans la délivrance des permis de conduire et des cartes grises. Des irrégularités telles l’absence de signatures et celle de timbres sur certains documents administratifs permettant la délivrance du permis de conduire ont été constatées par les contrôleurs de ladite institution.

Tout comme les autres départements ministériels, celui des Transports, de la Mobilité urbaine et de la Sécurité a fait l’objet de contrôle pour ce qui est de son exercice 2017. A ce propos, 05 directions régionales, en l’occurrence celles du Nord, de l’Est, du Sud-Ouest, des Hauts-Bassins et du Centre-Est, ont reçu la visite de l’autorité de contrôle. Il ressort des investigations des enquêteurs de l’institution que des certificats médicaux, pièces constitutives du dossier du permis de conduire, ne sont pas délivrés par l’Office de santé des travailleurs, seul service habilité à cela. De plus, sur certains dossiers, le constat est que des timbres ne sont pas oblitérés ou collés. Au vu de ces manquements, le rapport a relevé qu’il y a de hauts risques de corruption dans ce secteur d’activité.

Hormis ce rapport, des témoignages de candidats font état de corruption dans le processus d’obtention du permis de conduire et ce, de l’auto-école jusqu’aux services qui assurent l’obtention et la délivrance dudit document. Noufou Kaboré, usager des services de transport, nous raconte son parcours du combattant à ce propos : « A l’auto-école, il m’a été proposé deux options à l’inscription : le forfait, qui s’élève à 150 000 francs CFA, et l’inscription simple qui, elle, coûte 90 000 francs CFA. J’ai opté pour la seconde, dont les implications étaient assez contraignantes, comme j’ai pu le constater d’ailleurs. Ainsi, pour chaque examen il fallait débourser 5 000 F comme frais. Dans mon cas précis, j’ai pu réussir à mes deux premiers examens, à savoir le Code de la route et le créneau, sans problème. C’est dans la phase ‘’circulation en ville’’ que j’ai rencontré pas mal de difficultés, au point que j’y ai échoué trois fois. Après le troisième échec, mon moniteur m’a proposé de me faire si je suis disposé à débourser la somme de 25 000 F. J’ai fini par accepter sa proposition pour pouvoir enfin réussir à l’étape de la circulation. Après l’examen, des conversations avec les autres camarades admis m’ont permis de savoir que je n’étais pas le seul dans le cas. J’ai donc découvert que c’était cela, le secret de la réussite au permis de conduire, puisque la quasi-totalité des admis avaient sacrifié à ce rituel. D’autres l’avaient même déjà fait pour le Code et le créneau ».

Sans vouloir jeter le discrédit sur quelque institution que ce soit, nous pensons que cette pratique peu glorieuse ternit l’image du permis burkinabè. Cette corruption depuis le premier maillon de la chaîne jusqu’au dernier, c’est-à-dire de l’examen médical non établi par l’autorité compétente, à la signature irrégulière de l’attestation en passant par le marchandage pendant les examens, est assez inquiétante. De ce fait, cette situation pourrait expliquer l’anarchie en matière de circulation routière dans nos villes, un désordre qui est source de nombreux accidents.

Vivement que l’interpellation de l’ASCE-LC trouve une oreille attentive afin que prennent fin ces pratiques mafieuses.

Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné