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Interrogatoire du général Bassolé : Ses conseils quittent la salle d’audience

primoA ce septième jour de l’interrogatoire du général Bassolé, les avocats de la défense, en l’occurrence Me Yérim Thiam, ont tenté de battre en brèche les arguments du parquet et de la partie civile qui incriminent leur client dans les évènements du 16 septembre 2015 et jours suivants. Toutefois, l’audience de la matinée a été suspendue avant l’heure de la pause, car les conseils de l’accusé ont quitté la salle, dénonçant un traitement discriminatoire des accusés par le tribunal.

Un énième incident a entaché ce mardi 15 janvier 2019, dans la matinée, le cours du procès du putsch de septembre 2015. Les avocats de la défense du général de gendarmerie Djibril Bassolé se sont insurgés, car après leur deuxième tour de parole, le président du tribunal, Seidou Ouédraogo, a voulu permettre au parquet d’opiner pour la troisième fois. Pour Me Antoinette Ouédraogo et Me Yérim Thiam, cette façon d’administrer la police de l’audience est discriminatoire, car selon eux, depuis le début du procès il n’y a pas eu plus de deux tours de parole pour chaque partie pendant les interrogatoires des accusés. Ils ne comprennent donc pas pourquoi au tour du général Bassolé, les débats doivent continuer après que sa défense a opiné pour la deuxième fois. « Comme c’est le général Bassolé, tout est permis », a déclaré Me Antoinette Ouédraogo, qui a menacé de quitter la salle si le tribunal s’entêtait dans sa posture.

secundoMe Mireille Barry, un autre conseil de l’ancien ministre des Affaires étrangères, elle, ne voit aucun inconvénient à continuer les débats. Mais elle note que deux avocats du général (elle y incluse) sont malades et Me Antoinette se dit éreintée. En plus, Me Yérim Thiam, qui avec ses confrères défenseurs du général avait cru que l’interrogatoire du général prenait fin ce matin avec leur deuxième tour de parole, a programmé son retour au Sénégal cet après-midi. Au regard de cette situation, elle a demandé que les débats soient suspendus, le temps pour eux de se soigner et revenir en pleine forme pour défendre les intérêts de leur client.

Pour Me Hervé Kam de la partie civile, aucune des parties ne peut décréter l’intervention terminale au cours d’une audience. Cela, selon lui, est du ressort du président du tribunal qui a la police de l’audience.

Quelques minutes de concertation entre l’accusé et ses conseils ont alors été accordées à la défense. Mais à la reprise, constatant que les conseils du général de gendarmerie avaient tous quitté la salle, le président du tribunal, qui assure la police de l’audience, a décidé de suspendre l’audience de cette matinée avant l’heure. Quoi qu’il en soit, le cours du procès a continué l’après-midi par dans l’examen de trois demandes de liberté provisoire. Il s’agit des demandes des accusés Minata Guelwaré, Yacouba Kinda et du soldat de première classe Amadou Ly. En attendant que les conseils du général reviennent dans la salle d’audience, le président du tribunal a aussi annoncé la poursuite de l’interrogatoire du sergent Lamoussa Badoum, poursuivi pour complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures, et dégradation volontaire aggravée de biens. Son audition avait été interrompue pour non-conformité des pièces détenues par les parties, notamment le parquet et la défense de l'accusé.

tertioIl faut noter qu’avant cet incident, Me Yérim Thiam s’est livré à un monologue de près de trois heures afin de démonter les arguments du parquet et de la partie civile. Pour lui, les Officiers de police judiciaire (OPJ) ne sont pas soumis au secret professionnel pour les actes qu’ils posent d’autant plus que le secret de l’instruction est clos avec l’ordonnance du juge. « Pourquoi cache-t-on ces OPJ qui ont procédé à l’interception de ces écoutes téléphoniques ? L’expert lui-même demande que ces OPJ soient entendus à la barre afin de clarifier les origines des éléments sonores… Tout a été codifié en anglais. J’affirme que c’est faux. Les agents de renseignement burkinabè ne travaillent pas en anglais. Au lieu d’apporter des preuves, le parquet se cache derrière  le secret professionnel », a-t-il martelé.

L’homme à la robe noire persiste et insiste sur le fait que les audio versés dans le dossier ont été fabriqués. « La commission rogatoire a été mise sur pied le 28 septembre 2015. Le P-V de transmission des éléments sonores des OPJ au juge d’instruction est du 1er octobre et non du 13 octobre comme le dit le parquet. La date du 13 correspond à la transmission des retranscriptions. Il aurait fallu donc que l’enregistrement soit transmis entre le 28 et le 1er octobre. Pourtant, on y trouve des conversations du 16 septembre (avant la mise en place de la commission rogatoire) et une autre du 02 octobre (après la remise des éléments). Au moins sept conversations s’y trouvent et ne sont pas dans l’intervalle du 28 septembre au 1er octobre », explique-t-il. Par ailleurs, il estime que juridiquement on ne peut pas poursuivre quelqu’un quartopour complicité morale. Or, pour lui, c’est le cas avec cette inculpation de l’ancien patron de la diplomatie burkinabè. « Aucun texte ne le dit. Si ça s’arrête à des mots, où est le délit ? Si au moins dans les supposées communications on avait tenté de convaincre Guillaume Soro pour qu’il envoie des puissances soutenir les évènements, alors on pouvait parler de trahison », se convainc-il.

Ce que l’on peut retenir de l’audience de ce jour, c’est que le retour à la barre du général Bassolé dépend maintenant du retour dans la salle de ses conseils, mais aussi de l’imperium du président du tribunal qui a la police de l’audience.

Candys Solange Pilabré/Yaro