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4e jour d’interrogatoire du général Bassolé : « Si j’étais chef militaire, je n’aurais jamais engagé un procès », Djibril Bassolé

bassol uneAprès le parquet et les avocats de la partie civile qui chargent le général Djibril Bassolé en s’appuyant sur les interceptions téléphoniques retranscrites et versées dans le dossier, la parole était ce mercredi 09 janvier 2019 à la défense de l’ancien chef de la diplomatie burkinabè qui a tenté, toute la journée durant, de convaincre le tribunal de l’innocence de son client. Elle met ainsi en cause la légalité de ces éléments sonores et crie à la manipulation, à la fabrication et au truquage.

Les écoutes téléphoniques ont encore cristallisé les débats ce mercredi au tribunal militaire de Ouagadougou. S’appuyant sur des procès-verbaux de personnes qui ont été entendues et relaxées dans le cadre de l’instruction de ce dossier, Me Mireille Barry estime que tout a été fait pour établir la culpabilité du général Djibril Bassolé en ce qui concerne sa participation à la consommation du coup d’Etat, mais sans succès. « Des hommes d’affaires comme Inoussa Kanazoé ont été entendus pour faire un lien avec la Côte d’Ivoire, notamment le soutien financier… On a tenté de faire établir que le général Bassolé a pris l’argent des opérateurs économiques pour soutenir le putsch, mais ils n’ont rien trouvé… Des gens ont été arrêtés, entendus et relaxés, tout cela en vue d’établir sa culpabilité, mais il n’en est rien », a-t-elle déclaré, après avoir passé plus d’une heure à lire les procès-verbaux qui, pour elle, montrent à suffisance que son client est clean dans les évènements du 16 septembre 2015 et jours suivants.

bassol 2Allant dans le même sens que sa consœur, Me Dieudonné Bonkoungou, tout en remettant en cause la légalité des éléments sonores qui accablent aujourd’hui son client, note que le parquet est incapable de faire ressortir l’origine de ces écoutes. « Le parquet se base sur des éléments sonores de conjoncture en conjoncture, d’analyse en analyse et de suppositions en suppositions. Le parquet lui-même a reconnu n’avoir rien contre Monsieur Bassolé, si ce n’est ces éléments sonores… Qu’est-ce qui est plus simple pour le parquet ? Dire d’où viennent ces écoutes ou remuer ciel et terre, mobiliser l’argent du contribuable et faire souffrir un homme pour faire passer des écoutes illégales ?» Chose qui lui fait conclure que dans ce dossier, il n’y a aucun élément matériel qui puisse établir sans ambages la participation de son client à la planification ou à la consommation du coup de force perpétré contre les autorités de la Transition le 16 septembre 2015 et jours suivants. « Il n’y a aucun acte matériel contre Monsieur Bassolé. En désespoir de cause, on lui demande de faire abstraction de la forme… Pas d’éléments sonores, pas de procès ; pas d’éléments sonores, pas d’actes matériels contre lui. C’est léger et c’est gênant… Nous sommes dans une procédure judiciaire asymétrique. Quand ça arrange le parquet, c’est la loi, c’est un principe séculaire auquel on ne peut pas déroger, mais quand ça ne l’arrange pas, ce n’est pas la loi et on la biaise », insiste-t-il avant d’ajouter : « On cristallise les énergies négatives au moyen de manipulations et on veut la paix ».

Pour l’homme en toge, les écoutes téléphoniques ont été illégalement obtenues ; pis, elles sont une immixtion grave dans la vie privée de son client qui a ainsi vu ses droits bafoués, tant on cherchait à mettre la main sur lui, à cause des manœuvres politiques. « S’immiscer dans la vie privée de quelqu’un alors que la loi l’interdit pour ensuite utiliser contre lui, c’est frapper en dessous de la ceinture. Il est temps que la loi ne soit pas taillée et interprétée à la tête du client. Il est temps que nous sortions des manipulations politiques. Il est temps que force revienne à la loi. Comme le disait Victor Hugo, des foules peuvent trahir les peuples », souligne-t-il.

Il faut noter que des écoutes téléphoniques qui divisent aujourd’hui le parquet et la défense du général de gendarmerie, il ressort que dans une de ses conversations avec Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, l’accusé et son interlocuteur faisaient cas de la notion de DDR (Désarmement-Démobilisation-Réinsertion). Toute chose qui, pour Me Farama de la partie civile, ne collait pas du tout avec la situation du Burkina au temps des évènements et avait donc pour lui des non-dits. Ce mercredi matin, à la demande de son conseil, le général Bassolé est revenu sur la question afin d’éclairer la lanterne du tribunal. « Je n’ai jamais dit d’appliquer le DDR au RSP, car c’est un corps régulier dans une armée régulière. Je voulais qu’on s’inspire du DDR afin d’arriver à une solution sans que les différents corps de l’armée s’affrontent. La dissolution du RSP était faite, alors c’était pour nous de délocaliser et de redéployer les hommes afin qu’ils puissent continuer à servir. On savait donc que le statu quo était impossible. Si j’étais chef militaire, je n’aurais jamais engagé un procès. J’allais travailler à trouver des solutions, des arrangements afin de préserver la paix et la cohésion. Il fallait travailler à éviter la confrontation et la procédure pénale qui est inopportune », a-t-il expliqué.

bassol 3Quoi qu’il en soit, l’ex-ministre des Affaires étrangères et ses conseils sont convaincus que le général est victime de ses ambitions politiques, qui compromettaient les plans de lutte pour l’accession au pouvoir ou le maintien de certains caciques du pouvoir au moment des faits. Malgré les arguments de la partie civile, qui estime que sa défense comporte beaucoup de contradictions, l’accusé reste droit dans ses bottes, s’agissant de ces interceptions téléphoniques qui l’accablent. « Rien que de la fabrication, de la manipulation et du truquage », répète-t-il à l’envi.

 

Candys Solange Pilabré/ Yaro