Le mardi 06 novembre 2018, s’est tenue à Ouagadougou, au service des passeports, une conférence de presse de l’Union Police Nationale (UNAPOL). Cette rencontre avec les hommes de médias avait pour objectif de présenter un nouveau bureau de cette organisation syndicale de la police burkinabè. Composé de 11 membres, ce bureau dirigé par le commissaire Bonsdawendé Armiyaho Zongo est différent de celui dont D. Honoré Kientéga est le Secrétaire général.
D’entrée de jeu, c’est le secrétaire à la communication et aux relations extérieures, l’officier de police Ibrahima Kiénou, qui a planté le décor de la conférence en ces termes : « Il y a une divergence au sein de l’UNAPOL » avant de passer la parole à son Secrétaire général, qui a décrit une situation peu reluisante de leur syndicat. Comme il fallait s’y attendre, le commissaire principal de police Bonsdawendé Armiyaho Zongo a fait savoir que l’UNAPOL est confrontée depuis le mois de mai à une insécurité juridique. Et cela, à cause de la fin du mandat de l’ancien bureau et du retard de renouvellement de cette instance dirigeante. Pour pallier cette situation irrégulière, un congrès ordinaire au sortir duquel le bureau devait être renouvelé a été convoqué, mais la rencontre a avorté. C’est finalement une assemblée générale extraordinaire élective, tenue le 24 septembre 2018, qui a placé ce bureau à la tête du syndicat.
Après sa déclaration liminaire, il y a eu un jeu de questions-réponses avec les hommes de médias au cours duquel le principal orateur de la soirée a déclaré qu’il y a un seul syndicat de la police nationale, dénommé UNAPOL, lequel n’a qu’un bureau qu’il dirige. Tout en reconnaissant que des divergences existent entre son bureau et celui de son « homologue » D. Honoré Kientéga, Bonsdawendé Armiyaho Zongo a déclaré : « Nous devons nous entendre et nous allons nous entendre, nous sommes tous policiers, nous sommes des collègues, nous sommes des amis. Tous les membres de l’ancien bureau sont mes amis, de même que tous les autres membres de ce bureau. Nous allons les approcher, demander leurs conseils ; nous allons travailler ensemble. »
Le présidium lors de la rencontre avec les hommes de médias.
Quel fantôme hante les syndicats de police ?
Pour éclairer davantage nos lecteurs sur cette affaire, nous avons procédé à un recoupement d’informations à travers les écrits de nos confrères de L’Observateur Paalga du 27 septembre 2018 et du journal Le Pays du 02 octobre 2018 qui avaient traité du sujet dans leurs colonnes en pointant du doigt les divergences entre les membres des deux camps. En outre, nous avons rencontré certains membres du bureau UNAPOL du commissaire Honoré Kientéga, puisque désormais il y en a deux, pour en savoir davantage sur la situation. Ces derniers contestent la légitimité du nouveau bureau, ne reconnaissent que le leur et crient à la manipulation. Voici les principales raisons avancées : d’abord, ils dénoncent un vice de procédure dans la validation des candidatures de certains membres du nouveau bureau, qui non seulement n’ont pas de carte de membre, mais aussi ne sont pas à jour de leurs cotisations. Ensuite, ils considèrent que l’instance ayant convoqué les élections n’en a pas la prérogative. Enfin, ils trouvent étonnant que leur ministre de tutelle ait reçu ce nouveau bureau et qu’il lui ait par ailleurs adressé une lettre de félicitations le 27 septembre dernier, au moment où celui-ci n’avait pas encore de récépissé. En plus de ce conflit de leadership au sein de l’UNAPOL, il y a le fait qu’un autre syndicat dénommé Alliance de la Police, bien qu’ayant sa déclaration d’existence, a été sommé de suspendre ses activités.
A notre humble avis, cette cacophonie n’honore pas la Police, pas plus qu’elle ne profite au gouvernement et au peuple burkinabè, qui ont pourtant besoin de la cohésion au sein de ce corps paramilitaire afin que puissent être relevés les défis sécuritaires qui se posent actuellement avec acuité.
Saâhar-Iyaon Christian SOME BEKUONE