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Ouverture anarchique des établissements privés au Burkina : Quand l’éducation tue l’éducation

manuelLa baisse du niveau des élèves est assez remarquable au Burkina Faso au point où, elle alimente les débats. En effet, il faut le reconnaitre, le système éducatif du Burkina Faso a enregistré une baisse assez conséquente du niveau des élèves. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce problème, dont les ouvertures anarchiques des établissements scolaires. En rappel dans le souci d’assainir l’environnement de l’enseignement préscolaire, primaire, post-primaire et secondaire les services techniques du ministère de l’éducation ont effectué une mission de recensement. Cette opération a permis de recenser 139 établissements privés non reconnus pour le préscolaire, 353 pour le primaire et 157 pour le post-primaire et le secondaire, soit un total de 649 structures visitées non reconnues.

 

Les ouvertures anarchiques des établissements privés sont une réalité au Burkina Faso. Elles ont leur part de responsabilité sur la baisse du niveau de l’éducation, donc de la qualité de l’enseignement en général. En effet la création d’un établissement privé sans l’accréditation du ministère de l’éducation traduit d’ores et déjà la mauvaise foi de ces responsables d’établissement, car elle est avant tout le minimum, garant de la qualité de l’enseignement. « Quand on parle des ouvertures anarchiques, cela veut dire que ce sont des ouvertures qui se font en dehors du respect des cahiers de charge. Cela signifie que ceux qui le font, ne sont pas sérieux, parce que quand il y a une réglementation en vigueur dans chaque domaine, il faut vraiment saisir qui de droit pour savoir comment il faut installer, comment il faut fonctionner. Mais quand on tente d’abord d’ouvrir de façon anarchique, sans respecter ce qu’il y a comme réglementation, cela veut dire que quelque part, on pèche, et cela ne peut avoir qu’un impact négatif sur la qualité de l’enseignement », explique un membre de l’Union nationale des établissements privés laïcs du Burkina qui a voulu garder l’anonymat.

Le plus  flagrant dans ces ouvertures anarchiques est le choix du corps enseignant. C’est pour dire que le choix du personnel n’est pas fait sur la base légale, rien ne prouve que ces derniers sont habilités à assurer la formation des élèves. « Pour moi ces ouvertures anarchiques jouent bien évidement sur la qualité de l’enseignement dans la mesure où  le corps enseignant n’est pas toujours de qualité. Par exemple, un enseignant qu’on va payer à 30 000 ou 20 000 francs CFA le mois, c’est quel bon enseignement il va donner à ton enfant ? Il vient juste pour arrondir ses fins de mois. L’enfant ne fera même pas  la moitié du programme prescrit. Et ce n’est pas sûr que ce dernier ait la pédagogie, peut-être même que  c’est un étudiant qui est toujours en pleine formation et cherche de petits boulots pour se débrouiller, et on le prend comme enseignant. Par conséquent, il faut bien choisir l’école de son enfant, car cela joue sur la qualité de l’enseignement qu’il va recevoir », note Mme KABORE, parent d’élève.

imbonPour l’acteur de l’éducation, ces écoles qui  s’ouvrent hors norme, n’ont aucun suivi. « On ne sait pas ce qui se passe dans ces écoles, est ce que le personnel requis pour donner ces enseignements, sont habilités à le faire ? Est ce que le minimum qui doit être assuré pour que chaque élève puisse être à l’aise pour suivre la formation est respecté ? Ce n’est pas sûr. Nous pensons que c’est vraiment un marchandage de l’éducation et il faut en finir avec ce problème », martèle-t-il.

L’ouverture anarchique des écoles montre à suffisance que des promoteurs d’école font de l’éducation un fonds de commerce, une occasion pour s’enrichir, au détriment de l’avenir des élèves. La décision du ministère de l’éducation de fermer ces établissements qui au nombre de 226 ne respectent pas le cahier de charges est à saluer, car ces écoles fantômes  présentent non seulement de réels dangers  pour l’apprentissage adéquat des apprenants, mais aussi de graves risques d’insécurité aussi bien pour les élèves que pour le personnel enseignant.  Cette mesure permettra le recadrage de l’enseignement privé au Burkina et contribuera à la performance de celui-ci.

Edwige SANOU