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Aval du gouvernement pour le lâcher des moustiques OGM au Burkina : Une décision qui ne fait pas l’unanimité

837fde9 15380 1oj6hswDepuis plusieurs années, le Burkina Faso a entamé une lutte acharnée contre le paludisme, cependant ces méthodes de lutte ont démontré leurs limites. Selon le programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), le paludisme est l’une des premières causes de consultation, d’hospitalisation et de décès au Burkina Faso. Pour venir à bout de cette pandémie, Target malaria avec la bénédiction des autorités de ce pays ont mis en place un projet visant à lutter contre le paludisme avec le lâcher de moustiques génétiquement modifiés. Une décision qui ne fait pas l’unanimité au sein de la population. Si le gouvernement, à travers l’agence nationale de biosécurité a donné son aval pour le déroulement de ce projet, le collectif citoyen pour l’agro écologie (CCAE) quant à elle appel a la suspension de cette autorisation.     


Malgré les multiples mises en garde du collectif citoyen pour l’agro-écologie, sur les probables risques que court la population avec ce projet, le gouvernement burkinabè par le biais de l’Agence nationale de biosécurité (ANB) a donné son autorisation pour les lâchers des moustiques génétiquement modifiés. Le collectif considère cette décision comme un mépris de la population burkinabè. « Pour nous, il y a un suicide collectif, il y a ce qu’on appelle une intention manifeste de propager des maladies au Burkina et cela est un scandale, c’est un génocide qui se prépare au Burkina Faso » indique Ali TAPSOBA, le porte-parole du CCAE.

À l’instar du CCAE, ils sont nombreux ces Burkinabè qui ont marqué leur indignation suite à la décision de l’ANB. « Je ne peux pas croire qu’un gouvernement soit inconscient, face à un danger aussi probable de son peuple. S’il y a marche cette fois-ci toute la population va sortir », s’indigne Mamadou COMPAORE, étudiant en médecine. « Je n’approuve pas cette décision de l’Agence nationale de biosécurité. Nous ne sommes pas des cobayes » confie Valérie KABORE, secrétaire.   

Pour le collectif, l’heure n’est pas à la résignation. En effet, juridiquement parlant, il compte déposer un recours tout en espérant qu’une juridiction va demander la suspension de l’autorisation des lâchers des moustiques test. « Aussi, des autorités, des notabilités comme les chefs coutumiers, les chefs religieux, sa majesté des Bobo Mandarè de Bobo, sa majesté le Mogho naba, son imminence le Cardinal, les communautés musulmanes et protestantes, seront touchés par rapport à ce problème pour leur permettre d’avoir une lecture de la situation et certainement de prendre position. Ensuite s’en suivra une conférence de presse regroupant une quarantaine d’organisations pour interpeller et sensibiliser la population.  Nous avons l’habitude de le dire, nous n’avons que notre petite voix pour interpeler. Mais, le reste il appartient à l’opinion nationale de se faire son opinion et de prendre position », a expliqué le porte-parole du CCAE. 

IMG 20180925 145203En rappel, plusieurs raisons motivent la lutte du collectif, mais la principale est scientifique, en ce sens que selon lui, la modification génétique des moustiques peut amener l’organisme de ces moustiques à héberger d’autres maladies qu’ils n’avaient pas l’habitude d’héberger. « Jusque-là, nous connaissons les moustiques, avec le paludisme, avec la dengue et avec le zica et bien d’autres. Mais remarquez que les moustiques ne transmettent pas le virus du SIDA, et d’Ebola. Il y a plein de virus que les moustiques ne transmettent pas, parce que tout simplement leur organisme n’est pas conçu pour pouvoir héberger  ces virus, mais en les modifiant,  en changeant ce caractère, il se peut que désormais ces virus puissent vivre là-bas et bonjour la catastrophe », explique Ali TAPSOBA.

Du point de vu écologique, la population moustique à un rôle dans l’écosystème. Pour le collectif, la destruction d’une certaine espèce de moustiques peut laisser ce qu’on appelle le vide larvaire. Ce vide peut être occupé par d’autres types d’insectes, parce que la nature a horreur du vide. Il y a en plus de cela, l’aspect économique. En effet,  le projet coûte environ trente sept milliards (37 000 000 000) de francs CFA  pour les trois pays que sont le Burkina, le Mali et l’Ouganda. « Toute cette somme pour faire des recherches, à des résultats incertains, ce qu'on appelle le saut vers l’inconnu. Nous en appelons à la conscience des autorités du Burkina, nous en appelons à la conscience des braves chercheurs, nous en appelons à toute la population burkinabè pour dire non à ce projet et réclamer purement et simplement une bonne politique d’assainissement et d’hygiène  pour venir à bout du paludisme », interpelle le porte-parole du CCAE.      

Edwige SANOU